PEUR SUR LE SAHEL : Les jihadistes ont trouvé un nouveau terrain de chasse
Face au péril islamiste, les autorités du Burkina Faso avouent leur impuissance. Le terrorisme jihadiste auquel fait face le pays depuis 2015 “tisse sa toile dans tout le pays”, s’inquiète le Premier ministre, Christophe Dabiré. Il dénonce “un terrorisme brutal et cruel” qui frappe désormais tout le pays, y compris les espaces qui donnaient l’illusion d’être en sécurité. Le Burkina demande au Conseil de sécurité de l’ONU de réagir sans tarder par la mise en place d’une coalition internationale antiterroriste.
“Ces fléaux doivent être traités avec la même détermination que celle qui a prévalu en Irak et en Afghanistan”, estime le chef de la diplomatie burkinabè, Alpha Barry. Son appel est resté lettre morte même si l’ONU se dit préoccupée par la détérioration de la situation sécuritaire dans la région.
PARTOUT, LA MENACE GAGNE DU TERRAIN
Au Sahel, les groupes terroristes se propagent à très grande vitesse. Partout, la menace gagne du terrain. Du Mali au Burkina, en passant par le Niger et le Nigéria, les attaques visent aussi bien les civils que les militaires. La peur gagne tout le monde. Le risque est de voir cette région devenir le nouveau sanctuaire du terrorisme international.
Comment arrêter les dégâts ? Faut-il envisager la création d’une nouvelle coalition internationale comme celle qui a combattu en Irak et en Afghanistan? On sait que plusieurs dispositifs militaires sont déjà en place au Mali. En plus de la mission des Nations Unies (Minusma), la France y a déployé l’opération anti-jihadiste Barkhane, venue appuyer les armées nationales. A cela s’ajoute le G5 Sahel qui regroupe des troupes fournies par les pays de la région. En tout, pas moins de 12 à 13 000 soldats sont déployés au Sahel. Pourquoi cette présence n’arrive-t-elle pas à éradiquer l’insécurité ?
On ne peut pas mener une guerre contre un ennemi invisible sans disposer d’une base politique solide, aussi large que possibleà BBC Afrique
Si l’on est en guerre, explique Ahmedou Ould Abdallah, il faut constituer des fronts internes solides et élargir la base pour faire face l’ennemi. Et il n’est pas le seul à estimer que le Sahel est surtout victime de la mal-gouvernance qui mine les pays de la région. Il faut faire extrêmement attention aux crises politiques. Ce sont des failles, souligne Alioune Tine, défenseur des droits de l’Homme.
La mal-gouvernance et la corruption sont les alliés objectifs des groupes jihadistes qui profitent de la faiblesse des Etats pour opérerà Africa Radio
Chaque fois que les sociétés sont divisées sur le plan politique, les jihadistes exploitent les divisions interethniques, constate Alioune Tine, convaincu que l’Afrique n’a jamais eu autant besoin d’unité que maintenant face à ces agressions.
“LES JIHADISTES AVANCENT AVEC AUDACE”
Alioune Tine a suivi, ces dernières années, le basculement des pays du Sahel dans la violence jihadiste. Pour lui, il faut une stratégie régionale face à la dégradation de la situation sécuritaire dans la région.
“On est en train de tâtonner, alors que les terroristes avancent avec audace et des moyens surprenants. Il faut reconnaître que les réponses actuelles ont échoué. Il faut réunir un sommet de toute urgence pour définir une stratégie régionale. C’est ça qu’il faut aujourd’hui”, soutient-il.
Comment arrêter le financement des mouvements jihadistes au Sahel ? Comment assécher leur approvisionnement en armes ? Autant de questions qui devraient retenir l’attention des chefs d’Etat africains pour stopper le péril islamiste, estime Alioune Tine. Il faut, insiste-t-il, que l’Afrique renonce à la sous-traitance de sa politique sécuritaire et recouvre sa pleine souveraineté dans ce domaine.
Source: Francetvinfo