Pétrole : les pays membres de l’Opep+ veulent garder la main sur les prix
Meguetan Infos
Les treize membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), menés par l’Arabie saoudite, et leurs dix partenaires conduits par la Russie se retrouvent ce lundi, à Vienne, pour ajuster les quotas du mois d’octobre. Certains experts évoquent une volonté de les réduire pour soutenir les cours, qui ont accusé en août leur troisième recul mensuel consécutif.
Loin de leurs sommets à des niveaux proches de 140 dollars le baril, les cours de Brent de la mer du Nord comme du WTI américain, les deux références mondiales du brut, ont accusé en août leur troisième recul mensuel consécutif, sur fond de perspectives économiques mondiales toujours plus sombres.
Vendredi, l’augmentation des cours a ainsi été étouffée par l’annonce de la prolongation de l’arrêt du gazoduc Nord Stream, qui assure l’essentiel des livraisons de gaz russe à l’Europe. De quoi nourrir les spéculations alors que les membres de l’Opep se réunissent depuis Vienne, en visioconférence : « Il n’est pas entièrement sûr que l’Opep convienne d’une nouvelle hausse des quotas de 100.000 barils par jour », comme en septembre, explique Caroline Bain, de Capital Economics. « A la lumière de la récente baisse des prix du pétrole, nous n’excluons pas une production inchangée, voire une réduction ».
Le ministre saoudien de l’Energie, Abdelaziz ben Salmane, a semblé ouvrir la porte, il y a dix jours, à cette hypothèse, qui a depuis reçu le soutien de plusieurs pays membres et du Comité technique conjoint de l’alliance. Il a évoqué un marché « tombé dans un cercle vicieux de faible liquidité et de volatilité extrême ».
Des sanctions allégées envers l’Iran pourraient faire baisser les prix
Au fil de ses rendez-vous mensuels, l’Opep résiste aux appels des Occidentaux pour ouvrir plus largement les vannes afin de contenir l’envolée des cours. « Le groupe veut clairement maintenir les prix élevés » qui lui fournissent de lucratives recettes, estime Craig Erlam, analyste chez Oanda. En outre, « il peut craindre que le retour du brut iranien sur le marché fasse pencher la balance du marché en faveur de l’offre et donc baisser les prix ».
Tout dépendra de l’avancée ou non des négociations sur le nucléaire iranien. Les espoirs d’un accord, qui s’accompagnerait d’un allégement des sanctions américaines, notamment sur le pétrole, ont été récemment ravivés. Avant une nouvelle douche froide dans ces interminables pourparlers: les Etats-Unis ont estimé jeudi que la réponse de Téhéran au texte soumis par l’Union européenne n’était « malheureusement (…) pas constructive ».
Pour Matthew Holland, d’Energy Aspects, la question d’un déclin de la production des pays « Opep », qui serait la première depuis les coupes drastiques opérées pour faire face à l’effondrement de la demande lors de l’éclosion de la pandémie, se posera plutôt lors de la réunion suivante, en octobre.
Une flambée des cours du pétrole ?
Amena Bakr, du cabinet Energy Intelligence, appelle cependant à ne pas surinterpréter les propos du ministre saoudien de l’Énergie, qui n’a fait que « souligner que la volatilité est mauvaise pour le marché ». Pour l’experte, il s’agit là d’un message « à tous les gouvernements occidentaux qui sont intervenus sur le marché » depuis le début de la guerre en Ukraine. Dernière annonce en date, les sept pays les plus industrialisés ont décidé vendredi de plafonner « urgemment » le prix du pétrole russe, afin de limiter les ressources que Moscou tire de la vente d’hydrocarbures.
Mais la Russie a prévenu qu’elle ne vendrait plus de pétrole aux pays adoptant ce mécanisme inédit. L’offre sur le marché pourrait alors être réduite, ce qui pourrait contribuer à une nouvelle flambée des cours qui, malgré le repli récent, demeurent élevés historiquement et extrêmement volatils.
L’Opep veille à ses intérêts : Selon les projections de l’Agence américaine d’information sur l’énergie (EIA), les 13 pays membres de l’Opep devraient engranger cette année 842 milliards de dollars, soit l’équivalent de presque la moitié du PIB annuel du Canada. Il faut remonter à 2014 pour trouver un montant supérieur, quand l’organisation a généré 992 milliards de dollars.
(avec AFP)
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