Le président du Burkina Faso, Paul-Henri Sandaogo Damiba, a rencontré, samedi à Bamako, son homologue malien, Assimi Goïta. Au-delà du fait qu’ils partagent une frontière commune, les deux hommes sont arrivés à la tête de leurs pays respectifs, dans un contexte de crise sécuritaire lié au terrorisme à l’extrémisme violent d’une part, et à la mal gouvernance politique rampante d’autre part.
Les dossiers chauds du moment sont l’extrémisme violent attribué à des groupes terroristes, la détention par les autorités judiciaires maliennes de 49 soldats de la Côte d’ivoire présumés « mercenaires », mais aussi la plainte malienne contre la France d’Emmanuel Macron devant le Conseil de sécurité des Nations-Unies pour terrorisme et soutien au terrorisme, rarissime dans l’histoire de l’Organisation des Nations-Unies (ONU) et de son ancêtre la Société des Nations (SDN).
Les critiques contre les militaires au pouvoir, des puissances occidentales au motif qu’elles soutiennent la démocratie, ont poussé les membres du G5 Sahel à dénier le droit de sa présidence tournante au Mali du Colonel Assimi Goïta. La France est intraitable sur le statut des dirigeants au pouvoir, il faut un pouvoir civil élu et non une « junte militaire qui cherche à s’éterniser au pouvoir ». Et les organisations sous-régionales sont bien inspirées par cette dictée préparée à l’occidentale.
Les autorités maliennes non contentes de la stigmatisation ont décidé de se mettre en marge du G5 Sahel aux pays à bonne école de la démocratie à géométrie variable à la soupe de certaines puissances. Sinon comment comprendre la confiscation de la présidence du G5 Sahel par un militaire copté à la tête de son pays, suite à la mort du président, qui plus est un ascendant ? C’est une illustration de la « démocratie à géométrie variable », selon ses intérêts, sans préjudice de la vraie démocratie prônée par Abraham Lincoln, président des États-Unis de 1860 à 1865, « le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple », sous-entendant des élections crédibles, un parlement crédible au contrôle de l’action gouvernementale crédible.
Cette façon de gouverner le G5 Sahel, non appréciée au Mali (le peuple et les autorités), a conduit Bamako à reconsidérer sa façon de voir cette organisation qui regroupe le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad. Veulent-ils le retour du Mali pour reprendre sa place dans le G5 Sahel ? Qu’ont-ils dit et fait quand ils ont dénié à notre pays le droit de présider l’organisation ? Parions un peu, testons la popularité dans leurs pays respectifs, des présidents Mahamat Idriss Deby, Mohamed Bazoum, Assimi Goïta… !
B. Daou
Le Républicain