Patrouille nocturne à Bamako : Le Commissariat du 7ème arrondissement et les jeunes filles !
La patrouille policière pour traquer les malfrats est salutaire et encouragée. Mais les actes d’extorsions de certains éléments lors de ces patrouilles nocturnes semblent être un casse-tête pour la population de Bamako qui se voit incapable de réagir. Ces patrouilles qui ont pour but de maintenir la sécurité dans les villes durant des heures avancées de la nuit sont devenues le passe-temps préféré de certains de nos supposés défenseurs pour se faire remplir la poche avec son lot d’humiliations subi par la population. C’est ce qu’ont découvert, à leurs dépens, des jeunes du quartier de Sokorodji /Dianeguela après le passage d’un véhicule de la police du 7eme arrondissement en patrouille aux alentours de 20 h dans la nuit du mercredi 20 novembre 2019. Oui, sortir tôt pour les patrouilles est une bonne chose. Mais qu’en est-il d’emmener des filles sans pièces seulement alors que celles-ci sont assises auprès des garçons sans pièces aussi ? C’est là le paradoxe !
Le commissariat du 7eme arrondissement de Bamako fait parler de lui.
Des comportements peu orthodoxes des policiers en patrouille, ont été constatés par les jeunes des quartiers Sokorodji/Dianeguela le mercredi dernier à partir de 20 heures. Ces policiers, dépourvus de tout professionnalisme, ont instauré de nouvelles pratiques jamais vues au Mali. En effet, ils trouvent les jeunes, filles et garçons, assis dans le grin, embarquent seulement les filles sans pièces. Or les garçons, non plus, n’ont pas de pièces.
Les réactions des jeunes sont nombreuses. « Vraiment, la patrouille nocturne est bien, mais venir prendre nos filles à quelques mètres de leur porte est vraiment exagéré. Nous sommes tous des Maliens. Vous vous en prenez aux gens justes alors vous savez très bien où se trouvent les vrais criminels dans les quartiers », déclare furieusement la grande sœur d’une jeune fille emmenée par la patrouille à 100 mètres de leur porte
Tu payes 1000 francs où dors dans une cellule
B.B., la jeune fille en question, après que la famille ait payé sa caution, a bien voulu nous édifier davantage sur la situation. « Le véhicule était rempli que des filles, en majorité des aide-ménagères », a-t-elle indiqué et d’ajouter « J’ai demandé à savoir pourquoi ils n’embarquaient pas d’hommes sans papier. On en a rencontré beaucoup en cour de route. Un policier m’a répondu ‘’ nous ne ramassons pas d’hommes parce que ce sont les femmes qui font notre affaire’’ ».
À quelques mètres de là, nous assistons à une autre descente de la part de nos « super héros », cette fois dans un grin fréquenté par des jeunes qui prenaient du thé. Problème : il y avait une fille d’une vingtaine d’années assise avec eux. Les policiers motocyclistes, venus en premier, ont braqué des torches sur le visage de ces jeunes gens en leur demandant des papiers. Bizarrement personne n’avait de carte d’identité. Le paradoxe est qu’au lieu d’embarquer tout le groupe sur place, ils ont, pour des desseins inavoués, emmené seulement la jeune fille. Quelques résistances se formaient pour demander des explications. Ils (les policiers) n’avaient rien d’autre à dire qu’elle n’avait pas de papier et qu’elle était assise avec des hommes. Y a-t-il une loi au Mali qui autorise les policiers de n’embarquer que les filles ? De la comédie, le manque de sérieux est passé par là ! Il s’en est suivi de plusieurs autres cas semblables durant cette nuit.
En constatant ces pratiques peu honorables venant de ceux qui devaient assurer la sécurité des populations et leurs biens, il est impérieux de se poser une certaines question : qui a ordonné à ces policiers de ne cibler que les jeunes femmes ? S’il faut embarquer les non détenteurs de pièces pour raisons de sécurité, les jeunes garçons sont, logiquement, plus dangereux que les jeunes filles. Oui, logiquement ! Et quel sort réserve-t-il à celles qui passent la nuit dans les commissariats avec ces soi-disant policiers de nouvelle forme ?
Une chose est sûre, ce n’est pas en s’attaquant aux plus faibles de la République que la police arrivera à dissuader les cambrioleurs durant les heures avancées de la nuit et instaurer le calme dans ces endroits reculés de Bamako. Que le 7eme arrondissement prenne exemple sur le commissariat de Kalaban-Coro qui effectue des prouesses chaque mois, dans le cadre de la sécurisation des personnes et de leur bien en mettant le grappin sur de dangereux criminels. Sachant bien que le 15 septembre 2019, le Commissariat de police de Kalaban-Coro a mis aux arrêts 9 présumés voleurs, spécialisés dans le braquage des gros clients des banques. Ils ont été arrêtés dans un maquis dénommé « Oasis » à Sokorodji, dans un quartier que vous avez promis, dans votre serment, de sécuriser par tous les moyens.
À bon entendeur Salut !
Cheickna Coulibaly
Source : LE PAYS