Incarcéré le 7 décembre 2021 pour « injures grossières » à l’encontre du Premier ministre, Dr. Choguel Kokalla Maïga, Oumar Mariko, président du parti Solidarité africaine pour la démocratie et l’indépendance (Sadi), a bénéficié le 4 janvier 2022 d’une liberté provisoire. Trois mois plus tard, cet ancien membre du Mouvement du 5 juin – Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), est encore sous le coup d’une nouvelle plainte. Une interpellation qui intervient suite à une sortie au cours de laquelle Oumar Mariko tire à boulets rouges sur les Forces armées maliennes de Défense et de sécurité en les rendant coupables de tueries « inacceptables ».
Cette intervention de Dr Mariko intervient à la suite d’une annonce de l’armée malienne faisant état de « 203 combattants » de « groupes armés terroristes » tués à Moura, dans le centre du pays, lors d’une opération menée du 23 au 31 mars.
Comment comprendre alors cet agissement de ce héros de la révolution de 1991 ? Pourquoi s’en prend-il à son armée ? Oumar Mariko aurait-il des comptes à régler avec le pouvoir militaire à la tête du pays? Ou aurait-il des problèmes avec les coups d’Etats dans la démocratie ?
Nous savons quand même que Dr Mariko n’a pas hésité à manifester son soutien à Amadou Aya Sanogo en demandant la libération du putschiste. Sur les ondes de RFI, il estimait que cette attitude ne constituait nullement une volte-face : « Ce n’est pas une volte-face parce que nous avons fait le putsch en 1991 pour l’avènement de la démocratie. En vingt ans de pratique, la démocratie a été étouffée. Le coup d’Etat contre la démocratie a été celui que nous avons connu pendant la gestion des vingt ans des régimes successifs d’Alpha Oumar et d’ATT, des élections truquées, la fraude électorale à foison. Alors qui est putschiste ? »
Faut-il donc admettre que Dr Oumar Mariko est un tenant du double langage ? Tantôt défenseur des putschistes et tantôt opposant aux putschistes. « Depuis la transition de 1991 où il est rentré et sorti du CTSP, Oumar ne fait que des jeux de syndicalistes, l’activisme pour se faire voir et s’agiter au nom et au détriment des pauvres. Il est dans toutes les sauces sulfureuses, tantôt en réunion avec les terroristes (Niafunké), tantôt en communion avec les rebelles (Mauritanie), sans oublier contre lui les accusations d’incitation à l’insubordination et à la révolte du général Ibrahim Dahirou Dembélé », lit-on dans un article publié en 2014 dans lequel les autorités maliennes étaient invitées à « se pencher sur le cas Oumar Mariko ».
De héros, Oumar Mariko risque de devenir zéro dans l’histoire malienne. Dans son propre fief politique, à Kolondiéba, au même moment où il proférait ces accusations contre l’armée malienne ainsi que le pouvoir en place, une mobilisation de soutien à la transition et à l’armée malienne réunissait les populations de ce cercle de Sikasso.
Ce vieil anarchiste devrait toutefois s’assumer après avoir tenu de telles accusations contre l’armée malienne. Au lieu de cela, il semble avoir décidé la voie de la lâcheté en lâchant pied et en foulant ainsi au pied les lois de la République. Car il n’a pas répondu à la convocation de la république. C’est cela être démocrate ?
Kèlètigui
Source: Le Pays