Les termes, aussi caustiques les uns que les autres, ne manquent pas de la part de ceux qui s’en offusquent pour qualifier l’attitude du parti politique de feu le président IBK, le Rpm, plus précisément le comportement de ses dirigeants, qui se sont distingués lors des obsèques de l’ancien président qu’ils avaient porté au pouvoir, par un silence assourdissant.
Après avoir noté le silence radio des dirigeants du Rassemblement pour le Mali (Rpm) lors des obsèques de feu IBK, eux qui étaient ses compagnons politiques pendant au moins 20 ans, on a pensé dans un premier temps à des obligations de l’agenda protocolaire qui les a écartés. Il ne fallait donc pas s’embarrasser outre mesure, en attendant d’observer les dirigeants du Rpm, notamment ceux qui étaient le plus en vue comme des collaborateurs du président IBK, pour espérer, de leur part, une manifestation publique de compassion. Mais que nenni ! C’est une attitude volontaire qui a été ainsi adoptée.
Si certains ont eu à parler à la presse, ce fut à titre personnel. Comme si le parti de feu le président Ibrahim Boubacar Keïta n’a pas existé.
On sait que, des divergences, il y en a eues en un moment donné, surtout lors du second mandat du défunt chef de l’Etat atteint par le syndrome du canard boiteux. Une expression de la science politique qui résume la situation d’un chef de l’Etat qui est dans son dernier mandat et voit donc les rats quitter le navire pour se positionner ailleurs, à la recherche d’un parapluie protecteur à l’avenir.
On sait aussi qu’à cause des agissements prêtés -vrai ou faux – au fiston national, avec des immixtions répréhensibles dans la vie du Parti, des frustrations se sont accumulées chez certains leaders du Rpm.
On a appris, par ailleurs, que depuis le dernier congrès du Parti, des dirigeants avaient pris leur distance ne se sentant pas inclus dans la galaxie du chef, à cause de postes, pour eux dégradants, qu’on leur avait imposés au sein du bureau exécutif national, alors qu’ils méritaient mieux au vu de leur état de services pour le Parti.
Mais dans une situation comme dans l’autre, des membres de la formation politique ont profité des largesses et prébendes de la part d’IBK dont on chantait la générosité à longueur de journées. Et même si c’est un brin de reconnaissance envers feu le président IBK, on devait le manifester par un quelconque moyen. Où est donc l’armée de thuriféraires qui se présentait en grands défenseurs du kankéléntigui, même au crépuscule de sa gloire ?
Nous sommes d’accord qu’en Afrique la mort aplanit tout. Mêmes les rancœurs les plus féroces, la mort parvient à les dissiper pour ne regarder chez le défunt que le bon côté et l’exprimer, en tout cas au moment des obsèques et pendant le deuil. Dans nos cultures, il nous est même interdit de dire du mal d’un défunt. On le pardonne.
C’est pourquoi, malgré la façon dont on l’a renversé, le vouant aux gémonies et cherchant même à en finir définitivement avec lui, à travers des procès pour respectivement crimes économiques et crimes de sang, le général Moussa Traoré a eu droit à des hommages dignes de son rang d’ancien chef d’Etat et le peuple, sorti massivement pour l’accompagner à sa dernière demeure, s’est ainsi réconcilié avec lui. Tard vaut mieux que jamais !
On a vu aussi le cas du général ATT. On continue de lui rendre hommage sans fin, malgré la tentative de le faire comparaître devant la Haute cour de justice pour haute trahison, après un coup d’état débile.
La différence entre ces deux anciens chefs d’Etat et feu le président IBK, c’est parce que les deux généraux et chefs d’Etat ont des amis, compagnons et héritiers politiques sûrs et qui s’assument, en tous lieux et en toutes circonstances. Ils sont les premiers à être au chevet de leur mentor en cas de maladie donc c’est tout à fait naturel de les voir se mobiliser suite à son décès, pour lui rendre un vibrant hommage et manifester ainsi leur compassion et reconnaissance. Où est donc le parti du président IBK ? Où sont ses dirigeants et ses militants ?
Il me revient qu’une note interne, signée par l’actuel président du Rpm, Bocary Tréta, avait suspendu les activités du Parti, bien avant la disparition du président IBK. Cette décision aurait été un obstacle pour faire quoi que ce soit au nom du Rpm. Mais, devrait-on leur rétorquer, les dirigeants du Parti, dont le président, élus par un congrès statutaire, sont bien là et en cas de force majeure, comme la mort, certains principes ne tiennent pas. L’attitude affichée n’est que l’expression la plus prononcée de l’enterrement politique de feu le président IBK par ses anciens camarades de parti, bien avant qu’il ne rendit l’âme.
S’il est vrai que l’occasion fait le larron, ces dirigeants du Rpm, surtout ceux qui étaient très en vue du temps des vaches grasses, devraient se gêner de réclamer un jour où cela devrait leur être favorable – Et Dieu sait que ce jour viendra- un quelconque héritage politique de feu le président IBK ou faire référence à celui qui fut au Mali, ambassadeur, ministre, Premier ministre, président de l’Assemblée nationale et président de la République. Parcours durant lequel on ne nous dira pas qu’il n’a pas eu des amis et des admirateurs politiques, jusqu’au sein de sa propre formation politique.
A.B.N.
Aujourd’hui-Mali