Nouvel accord politique en gestation : Le cas Boubou Cissé divise la majorité présidentielle
Les partis politiques alliés de la majorité présidentielle demeurent partagés sur le maintien ou non de Premier ministre Boubou Cissé pour mettre en œuvre le nouvel accord en négociation.
Les discussions sont en cours au sein des états-majors politiques pour un nouvel accord politique, sur proposition du président IBK. Ce projet de document politique, dont il est convenu d’appeler Accord politique du Rassemblement National (APRN), ambitionne de tourner la page de la crise politique qui secoue le pays depuis des semaines. Aussi, vient-il remplacer l’Accord politique de gouvernance du 2 mai 2019 dont le contenu est devenu caduc après une année de mise en œuvre.
Plus d’une dizaine de pages, le projet d’accord politique est réparti en six chapitres. Il traite notamment la gestion des contestations liées au 2e tour des législatives, l’apaisement du climat social, le respect des principes démocratiques et républicains, la formation du Gouvernement d’union nationale (GUN). Seul le chapitre concernant le choix du Premier ministre crée la divergence. En effet, des partis de la majorité présidentielle refusent que Boubou Cissé soit le chef de gouvernement pour la mise en œuvre de cet accord.
Le parti présidentiel, RPM, à l’image de la Codem, ne souhaite pas le maintien de l’actuel Premier ministre. « Depuis toujours, nous réclamons la Primature en tant que parti présidentiel et 1ère force politique du pays. Cette fois-ci, nous avons clairement donné notre position dans un mémorandum», a indiqué un responsable du Rassemblement pour le Mali (RPM).
Dans ce mémorandum dont nous avons copie, le RPM revendique sans équivoque le poste de Boubou Cissé. Le RPM «réclame son statut de parti majoritaire et revendique le poste du Premier ministre pour la formation du futur gouvernement d’union nationale, en considération des recommandations et résolutions du DNI », peut-on lire dans le mémorandum signé le 25 juillet par le président Bocary Tréta
Idem pour le parti Codem, opposé au choix de Boubou CISSE. Avec à la clé trois griefs: d’abord, il y a l’incapacité du chef du gouvernement à maintenir la bonne gouvernance au sommet de l’Etat. « La crise que nous connaissons est une crise de gouvernance. Toutes les revendications du M5 et autres sont liées à la mauvaise gouvernance contre laquelle Boubou Cissé n’a pu rien faire. Pour ce motif, nous estimons qu’il ne mérite pas de conduire le gouvernement d’union nationale », commente un responsable du parti de la Quenouille.
Deuxième motif, notre interlocuteur soutient que le choix du Premier ministre pour le GUN doit faire le consensus au sein de la société civile et de la classe politique (opposition et majorité). Or, Boubou est contesté de tous les côtés. « Même au sein de la majorité présidentielle, il est décrié par plusieurs partis politiques, à plus forte raison au M5 », a-t-il soutenu.
Enfin, pour le responsable politique de la Codem, pour des enquêtes indépendantes et sérieuses sur les événements des 10, 11 et 12 juillet ayant occasionné des morts d’hommes par balles, le Premier ministre doit être écarté de la gestion du pouvoir. « A l’époque des faits, il était le seul membre du gouvernement. C’est lui qui était aux commandes. En ce moment, nous estimons qu’il ne peut plus diriger ce gouvernement qui a déjà ouvert une enquête », a-t-il ajouté.
En revanche, pour le Parena, le document est un bon projet d’accord politique et le parti affirme n’avoir pas de problème avec le choix de Boubou Cissé.
Outre ces points, le document est assorti d’une feuille de route avec des agendas précis pour la mise en œuvre de certains projets ou programmes prioritaires du gouvernement. Selon ce chronogramme, le processus de la révision constitutionnelle sera repris courant 2021. Et au plus tard fin nombre prochain, le gouvernement compte résoudre le problème de légalité et de légitimité de l’Assemblée nationale. Conformément à la résolution de la Cedeao et à la demande persistance des acteurs politiques, le projet de feuille de route envisage également de créer un organe unique indépendant de gestion des élections en 2021 et adopter le nouveau code électoral.
Jean JACQUES