Note de lecture : “Un président ne devrait pas dire ça”
Le texte provient de deux journalistes du quotidien français “Le Monde”. II s’agit d’un travail de réflexion et d’analyse, suite à l’autorisation du président français François Hollande, de faire un bilan critique de son quinquennat de 2012 à 2017.
Les deux auteurs, se voulant absolument neutres en dépit d’une sensibilité de droite à peine voilée, on est loin d’une œuvre d’espionnage ou d’un texte de contestation qu’aurait pu écrire un homme politique de droite.
D’emblée, sur un accord tacite conclu entre les journalistes et le président, il fut admis qu’aucun tabou ne serait autorisé et que les portes de l’Elysée leur seraient ouvertes à chaque fois qu’ils le souhaiteraient.
On devine ainsi combien il est difficile de résumer un tel texte qui a pour ambition de faire un tour critique de toute une présidence. Il commence en 2012 après la campagne électorale qui a porté Hollande au pouvoir et le nettoyage de l’écurie Sarkozy restée en fonction à l’Elysée.
Ainsi qu’il advient dans ce genre d’écriture, des retours en arrière sont faits, notamment les 11 ans que Hollande a passés à la tête du PS comme 1er secrétaire, ses relations avec Mitterrand et Jospin et comme on ne s’y attend pas, sa vie avec sa compagne Ségolène Royal et leurs 4 enfants. Plus loin, il sera question vers 2014-2015 de ses liaisons dangereuses avec Valérie Trierweiler et Julie Gayet, qui ont défrayé la chronique française à l’époque.
La formation de son premier gouvernement, celui de Jean Marc Ayrault en 2012 au milieu des pressions et des tensions au sein du PS occupe une grande place dans ce texte. Il en sera de même pour celle de Manuel Valls, son successeur après que celui-ci eut rendu le tablier en 2014. François Hollande aura consommé en tout, 2 chefs de gouvernement en 5 ans.
On croyait le PS solidement uni mais à la lecture de ce texte, on en sort convaincu que les dissensions, les ambitions personnelles et les luttes d’intérêt y font aussi foison que dans les grandes formations politiques de droite.
Les attentats de 2013 et 2014 à Paris à l’Hyper cacher et au Bataclan commis par des terroristes islamistes finirent par faire douter d’un président dont le gouvernement était périodiquement secoué par des couacs plus politiques que financiers mais qui rejaillissaient quand même sur son image, faisant de lui du moins un indécis sinon un incapable politique.
Les appréciations de Hollande sur Sarkozy, son prédécesseur constituent en elles seules des morceaux d’anthologie, de même que l’incapacité du président à redresser la barre du chômage comme il l’avait promis au cours de la campagne électorale.
Le texte est riche en détails sur les coulisses de la politique française et sur ses hommes politiques, qui, souvent, se chamaillent entre eux pour des raisons autres que politiques. Le jardin politique français, serait depuis toujours à lui seul une école de science politique ou à tout le moins de démocratie.
Il se termine par la volonté sournoise de Hollande soit de dissoudre le PS, soit de le reformer profondément au moment où les grands partis européens de gauche le faisaient. L’orthodoxie idéologique dans laquelle se murait le PS n’était plus d’époque selon lui, mais il laissait cette entreprise à un probable successeur, qui a dit Emmanuel Macron ?
Facoh Donki Diarra
Écrivain
Gérard Davet et Fabrice Lhomme. Ed Stock, Paris 2016