Mohamed Salia Touré : « Le CNJ est un instrument politique du parti au pouvoir »
L’L’ancien Président du Conseil National de la Jeunesse du Mali, Mohamed Salia Touré, nous a accueillis, le jeudi 16 Mai dernier, au siège de son mouvement Grand-Grin sise à Hamdallaye. Son parcours, notamment son passage à la tête du CNJ et l’actualité malienne ont été les sujets abordés au cours d’une interview que l’initiateur de l’espace grand grin a bien voulu nous accorder. Sans langue de bois, M. Salia Touré a levé toute équivoque concernant sa démission de la présidence du CNJ et a affirmé ce qu’il pense de la plus grande faitière des associations de la jeunesse du Mali.
Suivez l’interview réalisée par Boubacar Kanouté.
Figaro du Mali : Présentez-vous s’il vous plaît
Je suis Mohamed Salia Touré, initiateur et coordinateur du mouvement grand Grin. Je suis un jeune leader issu du mouvement associatif malien. J’ai commencé ma vie associative au lycée de Markala à travers le club Amadou Hampaté Bah. C’est ce mouvement qui m’a forgé beaucoup de valeurs, de principes et aussi, m’a permis d’apprendre beaucoup de choses au-delà de l’école. Après mes études universitaires, j’ai créé une association dénommée cercle de réflexion des jeunes CRJ qui visait à se pencher, à analyser et à comprendre un peu les problématiques auxquelles les jeunes sont confrontés et aussi les amener à proposer des solutions à leurs problèmes.
J’ai ensuite milité au Conseil National de la Jeunesse jusqu’en 2013. D’abord en 2010, je m’étais porté candidat pour être président du CNJ, et cela n’a pas marché. C’est lors du congrès de kayes, en 2013, que j’étais élu président du conseil.
Figaro du Mali : Justement, vous avez été, pendant un bon moment, président du Conseil National de la Jeunesse du Mali. Est-ce que vous avez un bilan à défendre ?
(Rire) Bien sur hein. Lorsque je venais d’abord, le CNJ avait beaucoup de difficultés. Car au sortir du congrès de Mopti en 2010, le CNJ a été divisé créant ainsi un bicéphalisme au sein de la faitière des organisations des jeunes. C’est à la suite des médiations, que les deux bureaux ont été fusionnés. Cette situation a fait que le CNJ n’a pu mener aucune activité durant le mandat de 2010-2013. Aussi, lors du coup d’Etat en 2012, certains membres du CNJ, soutenus par les militaires au pouvoir à l’époque, ont à leur tour fait un coup d’Etat aux deux bureaux du CNJ fusionnés après la médiation. Le bureau légitimement élu a été à cet effet chassé par ces jeunes.
Ce tiraillement a conduit le ministre de la jeunesse d’alors M. Hameye Founé à fermer le siège du CNJ aux deux camps. Le conseil est resté ainsi dans cette situation de léthargie jusqu’au congrès de Kayes en 2013 qui a vu mon élection. Donc comprenez que je suis venu à un moment ou le CNJ était carrément à terre, et avait perdu toute crédibilité aux yeux des jeunes et des partenaires. Il fallait donc travailler à redorer le blason, à rassembler les jeunes. C’est pourquoi j’avais placé mon mandat de 2013 sous le signe du rassemblement et de la promotion de la jeunesse à travers la construction citoyenne.
On a travaillé dur pour arriver à un état de normalisation du CNJ. Toute chose qui nous a permis de réaliser de très grandes activités à dimension nationale et même internationale. D’abord le forum international des jeunes pour la paix et la sécurité au Sahel qui a réuni, en 2014 à Bamako, 19 pays sur initiative du CNJ et présidé par le Chef de l’Etat, Ibrahim Boubacar Keita. Nous avons aussi organisé la même année à Ségou, le forum international de la jeunesse de la diaspora qui a réuni 450 jeunes venus de 23 pays encore sous la présidence du chef de l’Etat.
Et la troisième activité a été la jeunesse à l’école des institutions. Un moment très fort de mon mandat qui a été initié à la suite d’un constat que le président de la République a été tabassé lors de la transition par des jeunes. Ce qui démontre, à mon avis, tout le mépris ou la méconnaissance que les jeunes ont des institutions. Cette activité visait essentiellement à ramener les jeunes à connaitre les institutions. Car nous avons estimé qu’on ne peut pas respecter quelque chose qu’on n’a pas appris à connaitre. Là encore le Président de la République a été présent à cette activité. Donc je peux dire que depuis la création du CNJ en 2000 jusqu’à nos jours, je suis le seul président qui a pu faire déplacer le Président de la République 3 fois successives pour des activités du CNJ
Autre point positif, c’est la création du ministère de la construction citoyenne qui a été à la demande du CNJ. Nous avons travaillé avec le ministère à doter le ministère d’une politique nationale de construction citoyenne qui devrait aboutir par la mise en œuvre d’activité qui correspond au centre d’intérêt de la jeunesse. Malheureusement, ce poste de la construction citoyenne a disparu lors de la formation du gouvernement de Boubou Cissé.
Un autre point qui fait ma fierté après mon passage à la tête du CNJ, c’est la création des E-O-J (les espaces orientation jeunesse). Les EOJ sont des espaces qui reçoivent les jeunes, qui les écoutent et les orientent et qui leur donnent des informations en matière de recherche d’emploi. Les offres d’emploi sont affichées dans les EOJ et les jeunes en recherche d’emploi sont accompagnés par les conseillers à l’orientation à faire leurs CV, et à écrire leurs demandes. Avec l’appui de la Suisse Contact et l’accompagnement de l’APEJ, nous avons pu expérimenter la mise place de 5 EOJ. Ces espaces continuent encore à fonctionner. Lorsque j’étais encore Président, sur un an d’exercice, 380 jeunes ont été accompagnés dans le cadre des activités des EOJ et à peu près une soixantaine ont eu un emploi mcdi soit dans les industries ou dans les compagnies minières.
Figaro du Mali : Après votre démission à la tête du CNJ, beaucoup de rumeurs ont circulé à l’époque. Les uns parlaient de votre refus à mobiliser la jeunesse malienne en faveur du projet de révision constitutionnelle à la demande du pouvoir, et d’autres parlaient de complot de l’actuel Président du CNJ, M. Satigui Sidibé contre vous. Qu’en est-il réellement ?
Je suis parti sur un désaccord majeur. Au moment où je partais, il y’avait énormément de dysfonctionnements au sein du bureau du CNJ. On a tellement politisé l’affaire, que n’importe quel jeune peut se retrouver au CNJ sans avoir le parcours associatif. On ne vient pas au CNJ comme ça. Normalement, on vient au CNJ quand on a un parcours associatif c’est l’association qui te mandate à venir au CNJ. C’est une faitière. Mais la pratique aujourd’hui, ce qu’on constate est que le CNJ est devenu un instrument pour les hommes politiques surtout du parti au pouvoir. C’est ce qui a amené certains barons du parti au pouvoir à se mêler au moment du renouvellement du bureau en imposant des gens à des responsabilités alors qu’ils n’ont même pas d’expérience associative, simplement parce qu’ils sont candidats d’un ministre ou d’un baron du parti au pouvoir.
La plupart des jeunes n’avaient pas de parcours associatif et sont venus sur simple recommandation ou par coup de fil alors que les jeunes qui ont des vrais parcours associatifs n’étaient pas choisis. Et à l’époque, le député Moussa Timbiné, président de la jeunesse RPM et même le ministre de la jeunesse Amadou Koita étaient fortement impliqués dans ce jeu.
C’est eux qui ont manœuvré ce coup contre moi. Je crois qu’il y a eu tout ce problème qui a contribué à rendre non opérationnel le bureau à la suite du deuxième congrès de Bandiagara à travers lequel la jeunesse m’avait renouvelé la confiance. On s’est par la suite retrouvé dans une situation telle qu’il était impossible de poursuivre ce deuxième mandat. Toute chose qui m’a conduit à rendre ma démission à seulement 6 mois de mon deuxième mandat.
Figaro du Mali : Vous êtes initiateur de l’espace grand Grin. Parlez-nous un peu de cette initiative
Je suis toujours en train de me battre pour la jeunesse, à rassembler la jeunesse sur la thématique de la construction citoyenne. Parce que la conviction qui est la mienne, la plus profonde, c’est que notre pays ne peut pas s’en sortir tant que nous ne travaillons pas à ce qu’une nouvelle renaissance de la révolution de la jeunesse s’engage. Ce n’est pas prendre des armes qui est une révolution citoyenne, et ce n’est pas aussi à s’insulter sur les réseaux sociaux. Non, c’est une révolution citoyenne qui se définit par « je me forme, je suis informé je m’engage et je contribue ». Je suis toujours dans cette logique de construction de la jeunesse. Et l’espace Grand Grin s’inscrit dans cette logique. C’est une initiative d’échange qui vise à promouvoir la citoyenneté en milieu jeune. Et pour sensibiliser la jeunesse, il faut aller les trouver dans les grins. Car c’est là-bas ou ils sont moins timides et où ils disent tout. Voilà un peu la démarche de cette initiative, qui attire de plus en plus, des institutions qui veulent nous accompagner.
Figaro du Mali : Lors de la dernière présidentielle, vous avez porté votre choix sur le candidat Soumaila Cissé. Pourquoi ce choix ?
Ça s’appelle la constance. Moi je ne fais pas la politique, je ne suis dans aucun parti politique pour le moment. Je suis un citoyen, je dois donner ma voix, je dois participer aux élections. C’est sur la base du programme que mon choix a été fait. Soumaila Cissé avait un programme dans lequel je me retrouvais. Mais je précise que je ne suis pas de l’URD.
Figaro du Mali : Quelle analyse faites-vous des conflits communautaires dans la région de Mopti ?
Je pense qu’il y a beaucoup d’amalgame. Nous sommes profondément tous attristés par cette situation. C’est beaucoup de pertes de notre jeunesse et nous devons nous lever comme un seul homme pour dire stop à cela. Car on n’arrivera à rien sans notre cohésion sociale. Nous devons donc travailler à défaire les amalgames par la sensibilisation. Le type d’amalgame que nous devons combattre est le fait d’assimiler à tort tous les Peulhs à des terroristes. Et c’est ce qu’on fait d’ailleurs avec le grand grin. Mais c’est plutôt à l’Etat d’être à l’initiative d’organiser des dialogues inter et intracommunautaires.
Figaro du Mali : Dernière question. Actualité du pays oblige. Nous venons d’assister à la nomination du 6eme premier ministre du Président IBK. Que pensez-vous alors du gouvernement dit de mission mis en place par Boubou Cissé ?
Je crois que la nomination de Boubou Cissé était une bonne chose. Car il est jeune et n’a pas de coloration politique. Et il fallait une personne qui n’est pas colorée politiquement pour pouvoir rassembler et parler à tous les partis politiques. Concernant l’accord politique qui a conduit à la mise en place du gouvernement, je suis resté un peu sur ma faim. Car j’allais me réjouir si on avait accentué la médiation pour que toutes les parties de l’opposition signent cet accord politique.
Boubacar Kanoutéancien Président du Conseil National de la Jeunesse du Mali, Mohamed Salia Touré, nous a accueillis, le jeudi 16 Mai dernier, au siège de son mouvement Grand-Grin sise à Hamdallaye. Son parcours, notamment son passage à la tête du CNJ et l’actualité malienne ont été les sujets abordés au cours d’une interview que l’initiateur de l’espace grand grin a bien voulu nous accorder. Sans langue de bois, M. Salia Touré a levé toute équivoque concernant sa démission de la présidence du CNJ et a affirmé ce qu’il pense de la plus grande faitière des associations de la jeunesse du Mali.
Suivez l’interview réalisée par Boubacar Kanouté.
Figaro du Mali : Présentez-vous s’il vous plaît
Je suis Mohamed Salia Touré, initiateur et coordinateur du mouvement grand Grin. Je suis un jeune leader issu du mouvement associatif malien. J’ai commencé ma vie associative au lycée de Markala à travers le club Amadou Hampaté Bah. C’est ce mouvement qui m’a forgé beaucoup de valeurs, de principes et aussi, m’a permis d’apprendre beaucoup de choses au-delà de l’école. Après mes études universitaires, j’ai créé une association dénommée cercle de réflexion des jeunes CRJ qui visait à se pencher, à analyser et à comprendre un peu les problématiques auxquelles les jeunes sont confrontés et aussi les amener à proposer des solutions à leurs problèmes.
J’ai ensuite milité au Conseil National de la Jeunesse jusqu’en 2013. D’abord en 2010, je m’étais porté candidat pour être président du CNJ, et cela n’a pas marché. C’est lors du congrès de kayes, en 2013, que j’étais élu président du conseil.
Figaro du Mali : Justement, vous avez été, pendant un bon moment, président du Conseil National de la Jeunesse du Mali. Est-ce que vous avez un bilan à défendre ?
(Rire) Bien sur hein. Lorsque je venais d’abord, le CNJ avait beaucoup de difficultés. Car au sortir du congrès de Mopti en 2010, le CNJ a été divisé créant ainsi un bicéphalisme au sein de la faitière des organisations des jeunes. C’est à la suite des médiations, que les deux bureaux ont été fusionnés. Cette situation a fait que le CNJ n’a pu mener aucune activité durant le mandat de 2010-2013. Aussi, lors du coup d’Etat en 2012, certains membres du CNJ, soutenus par les militaires au pouvoir à l’époque, ont à leur tour fait un coup d’Etat aux deux bureaux du CNJ fusionnés après la médiation. Le bureau légitimement élu a été à cet effet chassé par ces jeunes.
Ce tiraillement a conduit le ministre de la jeunesse d’alors M. Hameye Founé à fermer le siège du CNJ aux deux camps. Le conseil est resté ainsi dans cette situation de léthargie jusqu’au congrès de Kayes en 2013 qui a vu mon élection. Donc comprenez que je suis venu à un moment ou le CNJ était carrément à terre, et avait perdu toute crédibilité aux yeux des jeunes et des partenaires. Il fallait donc travailler à redorer le blason, à rassembler les jeunes. C’est pourquoi j’avais placé mon mandat de 2013 sous le signe du rassemblement et de la promotion de la jeunesse à travers la construction citoyenne.
On a travaillé dur pour arriver à un état de normalisation du CNJ. Toute chose qui nous a permis de réaliser de très grandes activités à dimension nationale et même internationale. D’abord le forum international des jeunes pour la paix et la sécurité au Sahel qui a réuni, en 2014 à Bamako, 19 pays sur initiative du CNJ et présidé par le Chef de l’Etat, Ibrahim Boubacar Keita. Nous avons aussi organisé la même année à Ségou, le forum international de la jeunesse de la diaspora qui a réuni 450 jeunes venus de 23 pays encore sous la présidence du chef de l’Etat.
Et la troisième activité a été la jeunesse à l’école des institutions. Un moment très fort de mon mandat qui a été initié à la suite d’un constat que le président de la République a été tabassé lors de la transition par des jeunes. Ce qui démontre, à mon avis, tout le mépris ou la méconnaissance que les jeunes ont des institutions. Cette activité visait essentiellement à ramener les jeunes à connaitre les institutions. Car nous avons estimé qu’on ne peut pas respecter quelque chose qu’on n’a pas appris à connaitre. Là encore le Président de la République a été présent à cette activité. Donc je peux dire que depuis la création du CNJ en 2000 jusqu’à nos jours, je suis le seul président qui a pu faire déplacer le Président de la République 3 fois successives pour des activités du CNJ
Autre point positif, c’est la création du ministère de la construction citoyenne qui a été à la demande du CNJ. Nous avons travaillé avec le ministère à doter le ministère d’une politique nationale de construction citoyenne qui devrait aboutir par la mise en œuvre d’activité qui correspond au centre d’intérêt de la jeunesse. Malheureusement, ce poste de la construction citoyenne a disparu lors de la formation du gouvernement de Boubou Cissé.
Un autre point qui fait ma fierté après mon passage à la tête du CNJ, c’est la création des E-O-J (les espaces orientation jeunesse). Les EOJ sont des espaces qui reçoivent les jeunes, qui les écoutent et les orientent et qui leur donnent des informations en matière de recherche d’emploi. Les offres d’emploi sont affichées dans les EOJ et les jeunes en recherche d’emploi sont accompagnés par les conseillers à l’orientation à faire leurs CV, et à écrire leurs demandes. Avec l’appui de la Suisse Contact et l’accompagnement de l’APEJ, nous avons pu expérimenter la mise place de 5 EOJ. Ces espaces continuent encore à fonctionner. Lorsque j’étais encore Président, sur un an d’exercice, 380 jeunes ont été accompagnés dans le cadre des activités des EOJ et à peu près une soixantaine ont eu un emploi mcdi soit dans les industries ou dans les compagnies minières.
Figaro du Mali : Après votre démission à la tête du CNJ, beaucoup de rumeurs ont circulé à l’époque. Les uns parlaient de votre refus à mobiliser la jeunesse malienne en faveur du projet de révision constitutionnelle à la demande du pouvoir, et d’autres parlaient de complot de l’actuel Président du CNJ, M. Satigui Sidibé contre vous. Qu’en est-il réellement ?
Je suis parti sur un désaccord majeur. Au moment où je partais, il y’avait énormément de dysfonctionnements au sein du bureau du CNJ. On a tellement politisé l’affaire, que n’importe quel jeune peut se retrouver au CNJ sans avoir le parcours associatif. On ne vient pas au CNJ comme ça. Normalement, on vient au CNJ quand on a un parcours associatif c’est l’association qui te mandate à venir au CNJ. C’est une faitière. Mais la pratique aujourd’hui, ce qu’on constate est que le CNJ est devenu un instrument pour les hommes politiques surtout du parti au pouvoir. C’est ce qui a amené certains barons du parti au pouvoir à se mêler au moment du renouvellement du bureau en imposant des gens à des responsabilités alors qu’ils n’ont même pas d’expérience associative, simplement parce qu’ils sont candidats d’un ministre ou d’un baron du parti au pouvoir.
La plupart des jeunes n’avaient pas de parcours associatif et sont venus sur simple recommandation ou par coup de fil alors que les jeunes qui ont des vrais parcours associatifs n’étaient pas choisis. Et à l’époque, le député Moussa Timbiné, président de la jeunesse RPM et même le ministre de la jeunesse Amadou Koita étaient fortement impliqués dans ce jeu.
C’est eux qui ont manœuvré ce coup contre moi. Je crois qu’il y a eu tout ce problème qui a contribué à rendre non opérationnel le bureau à la suite du deuxième congrès de Bandiagara à travers lequel la jeunesse m’avait renouvelé la confiance. On s’est par la suite retrouvé dans une situation telle qu’il était impossible de poursuivre ce deuxième mandat. Toute chose qui m’a conduit à rendre ma démission à seulement 6 mois de mon deuxième mandat.
Figaro du Mali : Vous êtes initiateur de l’espace grand Grin. Parlez-nous un peu de cette initiative
Je suis toujours en train de me battre pour la jeunesse, à rassembler la jeunesse sur la thématique de la construction citoyenne. Parce que la conviction qui est la mienne, la plus profonde, c’est que notre pays ne peut pas s’en sortir tant que nous ne travaillons pas à ce qu’une nouvelle renaissance de la révolution de la jeunesse s’engage. Ce n’est pas prendre des armes qui est une révolution citoyenne, et ce n’est pas aussi à s’insulter sur les réseaux sociaux. Non, c’est une révolution citoyenne qui se définit par « je me forme, je suis informé je m’engage et je contribue ». Je suis toujours dans cette logique de construction de la jeunesse. Et l’espace Grand Grin s’inscrit dans cette logique. C’est une initiative d’échange qui vise à promouvoir la citoyenneté en milieu jeune. Et pour sensibiliser la jeunesse, il faut aller les trouver dans les grins. Car c’est là-bas ou ils sont moins timides et où ils disent tout. Voilà un peu la démarche de cette initiative, qui attire de plus en plus, des institutions qui veulent nous accompagner.
Figaro du Mali : Lors de la dernière présidentielle, vous avez porté votre choix sur le candidat Soumaila Cissé. Pourquoi ce choix ?
Ça s’appelle la constance. Moi je ne fais pas la politique, je ne suis dans aucun parti politique pour le moment. Je suis un citoyen, je dois donner ma voix, je dois participer aux élections. C’est sur la base du programme que mon choix a été fait. Soumaila Cissé avait un programme dans lequel je me retrouvais. Mais je précise que je ne suis pas de l’URD.
Figaro du Mali : Quelle analyse faites-vous des conflits communautaires dans la région de Mopti ?
Je pense qu’il y a beaucoup d’amalgame. Nous sommes profondément tous attristés par cette situation. C’est beaucoup de pertes de notre jeunesse et nous devons nous lever comme un seul homme pour dire stop à cela. Car on n’arrivera à rien sans notre cohésion sociale. Nous devons donc travailler à défaire les amalgames par la sensibilisation. Le type d’amalgame que nous devons combattre est le fait d’assimiler à tort tous les Peulhs à des terroristes. Et c’est ce qu’on fait d’ailleurs avec le grand grin. Mais c’est plutôt à l’Etat d’être à l’initiative d’organiser des dialogues inter et intracommunautaires.
Figaro du Mali : Dernière question. Actualité du pays oblige. Nous venons d’assister à la nomination du 6eme premier ministre du Président IBK. Que pensez-vous alors du gouvernement dit de mission mis en place par Boubou Cissé ?
Je crois que la nomination de Boubou Cissé était une bonne chose. Car il est jeune et n’a pas de coloration politique. Et il fallait une personne qui n’est pas colorée politiquement pour pouvoir rassembler et parler à tous les partis politiques. Concernant l’accord politique qui a conduit à la mise en place du gouvernement, je suis resté un peu sur ma faim. Car j’allais me réjouir si on avait accentué la médiation pour que toutes les parties de l’opposition signent cet accord politique.
Boubacar Kanouté