Menace sur la liberté d’expression des victimes de VBG au Mali : Une ONG dénonce des pratiques au sein d’une filiale de Barrick
Meguetan Infos
La Présidente de l’ONG WILDAF-Mali, Mme Bouaré Bintou Founé Samaké a animé, le samedi 28 janvier 2023, une conférence de presse sur la liberté d’expression des victimes de violences basées sur le genre avec en toile de fond le cas de Mme Khadidiatou N’Diaye, une ancienne employée de Somilo, une filiale de Barrick. C’était dans la salle de conférences du Centre Aoua Kéïta de Bamako.
Sur la banderole affichée dans la salle, on peut lire : « l’or du Mali ne serait pas exploité sur le corps de femmes » ; « les victimes de violence sexuelle ont droit à la parole ». Cette conférence sur la liberté d’expression des victimes de violences basées sur le genre fait suite à un procès en diffamation intentée par la société de mines d’or de Loulo contre Khadidiatou N’Diaye, Mme Djenébou Mariko et la chaîne de télévision Africable. Au cours d’une émission « Femme Capable » sur Africable diffusée en octobre 2022, Khadidiatou N’Diaye a raconté les pratiques d’harcèlement sexuel, menace de mort et de licenciement à la SOMILO. Ses propos ont fallu à Mme N’Diaye un procès en diffamation devant le Tribunal de grande instance de la Commune VI du district de Bamako.
Pour la présidente de WILDAF-Mali, Mme Bouaré Bintou Founè Samaké, cette conférence de presse vise à tirer la sonnette d’alarme sur les pratiques au sein de la SOMILO et attirer l’attention de l’opinion publique nationale et internationale sur les menaces qui pèsent sur la liberté d’expression des victimes de violences basées sur le genre. La Présidente de WILDAF-Mali a raconté les démarches entreprises par cette filiale de Barrick du Canada pour étouffer la voix Khadidiatou N’Diaye à travers des intimidations et des menaces.
« Ce qui me choque dans tout ça, ce sont des Maliens contre des Maliens », a lancé cette figure emblématique de la lutte contre la défense des droits de la femme.
Plusieurs femmes leaders ont assisté à cette conférence pour apporter leur soutien à la victime et à WILDAF-Mali dans son combat contre l’injustice et l’arbitraire. Elles ont appelé à une solidarité agissante des femmes pour barrer à la route à des telles pratiques rétrogrades. Pour Mme Sagara Bintou Maïga, il y a une mafia au sein des mines. « La mine, c’est une mafia », a-t-elle dénoncé. Selon elle, « il faut que le pays sort du mensonge ». Mme Sagara Bintou Maïga a appelé la mobilisation générale des femmes pour soutenir WILDAF-Mali et Mme Khadidiatou N’Diaye. Dans une déclaration lue par Mme Fatoumata Diarra, assistante de projet à WILDAF-Mali, les organisations de la société civile défenseures des droits de la femme et des victimes de violences basées sur le genre attirent l’attention des plus hautes autorités du pays sur le comportement de la société SOMILO envers cette dame.
Chiaka Doumbia et Drissa Togola
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Plus hautes autorités appelées à démanteler le mécanisme de harcèlement systématique au travail
Nous, organisations de la société civile défenseures des droits de la femme et des victimes de violences basées sur le genre, ont organisé cette conférence de presse pour informer l’opinion nationale et internationale de la situation de Madame Khadidiatou NDIAYE, victime de harcèlement et d’intimidation venant de la société Minière de Loulou (SOMILO) représentant de la société BARRICK du Canada.
Le 23 octobre 2022, à la suite d’un long processus pour se faire entendre et mettre fin au harcèlement sexuel et à la discrimination dont elle a été victime, Madame Khadidiatou NDIAYE a brisé l’omerta en faisant un témoignage sur la chaîne Africable.
En représailles à l’exercice par la victime de l’un de ses droits fondamentaux reconnus par la constitution malienne et des instruments juridiques régionaux et internationaux, la Société SOMILO a porté plainte contre elle et Africable pour diffamation. Le seul tort de la victime a été de s’exprimer librement sur son cas. Cette plainte de la société SOMILO contre Madame Khadidiatou NDIAYE est une tentative d’intimidation contre la victime et d’autres potentielles à laquelle, nos organisations ne céderont guère. Par conséquent, nous, organisations de la société civile défenseures des droits de la femme et des victimes de violences basées sur le genre :
– Venons attirer l’attention de l’opinion nationale et internationale que cette plainte est une manière d’intimider les victimes pour les réduire au silence, mais aussi de museler la presse à ne plus amplifier la voix des victimes et étouffer des nombreuses forfaitures au sein de l’entreprise ;
– Réaffirmons notre droit à la liberté d’expression qui est un droit constitutionnel ;
– Opposons à toute institutionnalisation et systématisation du harcèlement au travail ;
– Dénonçons ce système au sein duquel Madame Khadidiatou N’Diaye a été victime ;
– Dénonçons les multiples tentatives pour faire peur, réduire au silence et écraser la victime
– Lançons un appel à nos plus hautes autorités pour nous accompagner à démanteler le mécanisme de harcèlement systématique au travail afin que les hommes et les femmes puissent travailler dans la tranquillité d’esprit et de corps au bénéfice du peuple malien;
– Rappelons une fois encore que l’or du Mali ne doit pas être exploité sur le corps des femmes du Mali. Enfin, nos organisations sont déterminées à accompagner la victime et d’autres potentielles victimes de ces pratiques attentatoires à la dignité de la femme.
Fait à Bamako, le 28 janvier 2023
Le Challenger