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Keniegue, préfecture de Kangaba : Intronisation de l’autorité légitime traditionnelle, Fodé Traoré

Le samedi 2 décembre 28, soit trois mois après l’intronisation en août dernier du chef de village de Kéniégué, dans le Mandén profond (préfecture de Kangaba) il a été procédé à celle du chef traditionnel du territoire lignager du Kaniogo, dans la bourgade du même nom. Officiellement, le Kaniôgô fédère cinq villages, dont Baransan, Salamalé, Tèguè, Sômbô et Kéniégué, auxquels s’ajoutent, officieusement, deux autres : Tèguè-Koura et Kôfilatè.

Initiée par les chefs des cinq villages du Kaniogo, la cérémonie d’intronisation du chef traditionnel coordinateur du Kaniogo, Nanga Fodé Traoré, âgé de 95 ans est devenue effective le samedi 2 décembre 2023, à Kéniégué. Après le rituel consacré à l’événement dans le vestibule sacré, en début de matinée, la communauté des Malinkés, les étrangers et les invités se sont rendus à 10h 30 dans la cour de l’ancien site du camp des ‘’militaires civiques’’ du Centre d’Animation Rurale de Kéniégué (C.A.R). C’était sous la présidence de la sous-préfète de Kangaba, représentant le préfet empêché, Mme Traoré Aminata Sanogo, en présence du maire de Kéniégué, Oumar Traoré.

Il y a eu plusieurs intervenants. Pour mieux comprendre les préoccupations exprimées par les uns et des autres, un rappel s’avère nécessaire. En  janvier 2023, les événements tragiques ont opposé les villages de Tômôla et Danga, occasionnant 45 morts et plus de 100 blessés. Depuis, le climat social était à la méfiance.

C’est pourquoi l’intronisation du chef du territoire de Kaniogo consacre une nouvelle ère entre les différents villages du Mandén. A preuve, les discours des représentants de chaque village invité ont mis l’accent sur la coexistence pacifique, la solidarité, le vivre-ensemble harmonieux, qui ont prévalu jadis. C’est dire qu’une lourde responsabilité échoit au nouvel élu, Nanga Fodé Traoré : celle d’un rassembleur.

Leur cheval de bataille est la fraternité, a déclaré le représentant de Nouga, Mamadi Kéita de Danga, au nom de son chef de village. Il a prêché la paix au sein de la communauté du Mandén, considérant cette dernière comme ‘’les pépins d’une même calebasse’’. Il a remis une enveloppe de 50.000FCFA à titre de contribution de Nouga pour le Kaniogo.

Pour l’émissaire de Baransan, le bonheur et le malheur de Kaniogo, sont les leurs. Il a prôné la droiture, magnifié le bonheur de la majorité et exprimé son hostilité à la trahison. A ses yeux, on peut être instruit, mais lorsqu’on n’est pas cultivé, on peut devenir une arme de destruction familiale.

Selon le représentant des Diawara de Samaya, Modibo Traoré, ce qui a été fait à Kaniogo, si cela avait été réalisé dans le Mandén, on aurait pu faire l’économie des conflits funestes dont la localité a été le théâtre. Il a précisé qu’aujourd’hui, la tolérance a déserté le champ de la vertu. En guise d’aide, Samaya a offert un taureau et 25.000 FCFA à l’occasion  de cette intronisation.

De l’avis du chef de la délégation guinéenne, Djamori Traoré, cette intronisation est une aubaine. Car le phénomène est monnaie courante chez eux. Tout se recoupe : gratitude oblige, pendant l’épidémie d’Ebola en Guinée, le Mali a été le seul pays solidaire de la Guinée, en laissant ouvertes ses frontières. Vice versa, pour la Guinée après le coup d’Etat survenu au Mali le 18 août 2020.

Sans paix, sans unité, pas de développement

Selon le point focal de la Mine de Bagama, Nouhoum Traoré, il n’y a pas d’effet sans cause. Il a adressé un salut de reconnaissance à l’ensemble des composants de  la nation malienne : Chef de l’Etat, maires, militaires, chefs de village, imams, nyamakalas, jeunes et les femmes, etc.

Pour le maire de Kéniégué, immense est la joie dans sa commune, car cette fête est un facteur de paix, grâce à ceux-là qui ont fait preuve d’indulgence et de respect pour les traditions. Il a formulé le vœu de voir appliquer à la lettre les recommandations des sages par le chef de Kaniogo et ses concitoyens.

La sous-préfète, Traoré Aminata Sanogo, a invité l’assistance  à ovationner les forces de sécurité pour leur acte héroïque de reconquête de Kidal. Elle a demandé aux hommes de caste, les ‘’Nyamakalas’’, d’animer des séances de sensibilisation pour mettre l’accent sur l’éducation civique et morale. «C’est déplorable qu’il ait rififi entre les habitants du Kaniogo». Elle a exhorté les uns et les autres à redoubler d’effort. «Sans paix, sans unité, pas de développement », a-t-elle conclu. La cérémonie a connu son apothéose avec un bal poussière.

Mohamed Koné Envoyé spécial

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Le rite de l’intronisation du nouveau chef dans le vestibule sacré : Le respect du déroulement de l’acte d’occupation du tapis en cuir tanné

A l’occasion de l’intronisation du patriarche du territoire lignager du Kaniogo, c’est sur le terroir de Kéniégué que les sages de 7 villages ont jeté leur dévolu. Cela se justifie, car conformément à la démocratie gérontocratique, c’est Kéniégué seul qui remplit le critère du choix de l’heureux élu. Le critère d’aînesse lui est favorable. Nanga Fodé Traoré, puisque c’est de lui qu’il s’agit. Malinké bon teint, mieux, Malinké de souche et fier de l’être, il est le patriarche le plus âgé de la contrée. C’est le vestibule qui a abrité solennellement le rituel d’intronisation.

En principe, traditionnellement, chaque quartier du terroir possède un grand vestibule pour les grandes rencontres, au cas où le quartier serait engagé dans une prise de décision très importante, voire historique. A l’instar de ce vestibule, chaque famille possède le sien. Cela, en vue de prévenir l’avènement de la chefferie tournante. L’organigramme du vestibule est le suivant : en y entrant, à droite est assis le futur patriarche à introniser. Il est assis sur le tapis en cuir tanné. A gauche, prennent place les membres de la descendance du fondateur du village. Plus loin au fond, la sortie du vestibule à droite le forgeron prend place. Les autres présents sont les accompagnateurs, et les émissaires des 7 villages.

Aux dires du colonel à la retraite, Kankou Fodé Traoré, c’est N’fanin Traoré, alias Fanoumou, chef de village de Baransan, qui dirigeait les débats. Il avait la primeur de l’information, annonçant la confirmation de l’élu du Kaniogo. Le représentant des Tourés a été appelé 3 fois pour préciser le nom du titulaire du poste de chef du Kaniogo. Il l’annonça solennellement.

Ensuite une haie d’honneur a été formée, autour de Nanga Fodé Traoré pour rendre effective la célébration. Une fois n’est pas coutume, compte tenu de l’âge très avancé du patriarche, il a été fait dérogation du rituel, consistant à le faire assoir trois fois de suite, sur le trône du tapis en cuir tanné.

Mohamed Koné
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