À l’appel du clan Choguel du M5-RFP, des centaines de personnes ont pris d’assaut, la semaine dernière, le Palais des Sports de Bamako. Au menu : la sortie des pays de l’Alliance des États du Sahel de la Cedeao et la fronde au sein du M5-RFP. Et si le meeting n’a pas tenu ses promesses en termes de mobilisation, il a servi de tribune au PM de la rectification pour régler ses comptes, faire des mises au point et des révélations.
Concernant l’AES, le PM assuré que le processus de sa création est réversible. «Nous n’allons plus revenir sur notre décision», a indiqué Choguel en dénonçant les sanctions infligées aux trois Etats au lendemain de leurs coups d’Etat respectifs.
Revenant sur la création du mouvement M5, Choguel insistera sur son infiltration par des jeunes qui rendaient compte à la sécurité d’Etat. Ces jeunes, ajoute-il, «sont aujourd’hui au CNT et ne font que m’insulter», a-t-il confié devant son public. Le président contesté du Comité stratégique a également pointé du doigt la branche religieuse du mouvement. Selon lui, en effet, l’Imam Dicko avait son propre agenda. Pour preuve, dit-il, il s’est désolidarisé de la demande de démission du président IBK et menacé d’abandonner mouvement. Sur les tueries lors de la manif anti-IBK, alors que ses compagnons s’attendent à une justice, le chef du gouvernement a choisi de clore les débats, en assurant que les militaires ayant tiré sur la foule devant la mosquée de Mahmoud Dicko étaient des mercenaires qui parlaient anglais. Après ces révélations Choguel s’en est donné à cœur joie aux diatribes contre les frondeurs du mouvement. En effet, en lieu et place d’un discours apaisant et rassembleur, en tant que président du mouvement, il a plus plutôt opté pour l’affrontement en soufflant sur les braises de la division et en réduisant ses adversaires à des chercheurs de poste, de marchés et d’argent. Or, dit-il, en 29 mois à la Primature, il ne s’est jamais intéressé aux histoires de nominations et de marchés publics. Il s’en est pris également à des militaires, qui, selon lui, cherchent à affaiblir le M5. «Je les connais et je constate ce qu’ils font pour y parvenir. Je connais les noms de beaucoup d’entre eux et ils font leurs réunions toute la nuit. Ils veulent affaiblir le M5. Ils rassemblent les membres du M5RFP pour leur faire croire que tous leurs problèmes viennent de leur président. On ne sait pas s’il veut être président ou pas. Ainsi, pour l’affaiblir, il faut dire que vous ne voulez pas de lui. De cette façon, quand il sera affaibli, il va se rendre», a-t-il argumenté. Tout en précisant que personne ne pourra le mettre dos à dos avec Assimi, Choguel a juré la main sur le cœur ne jamais trahir les idéaux de la Transition, qui, soutient-il, doit être conduite à son terme dans le temps qu’il faut.
Et si hier tout se résumait au M5, le PM de la rectification reconnait désormais que son mouvement à lui seul ne peut pas construire le Mali. Celui-là qui a créé les concepts «Fasode ngouma et Fassode djougou» reconnait que le Mali a aujourd’hui besoin de toutes ses filles et ses fils pour le retour de la paix, ce après la reconquête de Kidal.
Le président du Comité stratégique du M5, du moins pour le moment, a levé les équivoques sur ses ambitions présidentielles en ses termes «Je ne suis pas candidat et même si je veux être président, je suis un citoyen ».
Amidou Keita
Le Témoin