Meeting de la UMAH ce 10 février : Au-delà de la question de l’homosexualité, l’assassinat de L’imam Yattabari, l’insécurité…
Les enjeux politiques d’une manif
Le meeting de cette composante de la communauté musulmane malienne initialement prévu le Dimanche 10 Février prochain au Stade du 26 Mars marquera sans nuldoute la rupture d’avec la tendance religieuse proche du régime en place mais lancera aussi les bases d’un nouveau front politique d’obédience religieuse au Mali.
Doit-on s’attendre à la naissance très prochaine d’un parti politique islamiste au Mali à l’issue de cette rencontre du 10 Février ?S’il est prématuré de répondre par l’affirmatif et de manière absolue, il est cependant évident que la rencontre constitue d’ores et déjà les prémices de l’avènement d’une entité politico-religieuse très forte au Mali.
Ladite rencontre écrivions-nous, marquera d’abord la rupture d’avec la tendance proche du régime politique en place si ce n’est déjà fait. Cette tendance est, on le sait, symbolisée par le Prêcheur Haïdara lequel a bénéficié de nombreuses largesses du pouvoir actuel et ne s’est nullement senti concerné par l’appel de l’autre en vue du lancement d’un mouvement de protestation contre le programme de l’enseignement de l’homosexualité dans nos écoles. Non content de ne soutenir l’opération, les contradicteurs de Mahmoud Dicko ont au contraire tenté de saboter l’opération. Mais ils n’ont reçu qu’à élargir le fossé entre les religieux et renforcer davantage la légitimité de l’Imam, en tout cas, au regard de la mobilisation exceptionnelle au Palais de la Culture le 23 Décembre dernier suite à un seul mot d’ordre de celui-ci.
En marge de la rupture et de ce qu’il convient qualifier de discrédit de l’autre tendance, Dicko et les siens semblent bien avoir gagné la bataille de la légitimité populaire pour s’être érigés en gardiens du temple, de la morale et surtout, de s’être appropriés les véritables préoccupations non des seuls religieux, mais de la majorité de leurs concitoyens : l’insécurité, l’injustice, la corruption, bref, la mauvaise gouvernance.
Et comme pour ne rien arranger à la situation, est survenu l’assassinat de l’Imam Yattabari, l’une des têtes pensantes de la mouvance. Un meurtre ne manquant nullement de relents et laissant croire à tort ou à raison, à une tentative d’intimidation et de musèlement, en tout cas à l’origine d’un sentiment de persécution engendré et entretenu par le régime politique en place et ses alliés d’en face.
Cette tendance religieuse, faut-il le rappeler, est soutenue par l’un des personnages les plus influents du pays et désormais plus grands contradicteurs d’IBK, à savoir, le Cherif de Nioro. Ce dernier [Bouyé Haïdara], on le sait, n’a nullement fait un mystère de sa volonté de contrarier sans répit le régime politique en place. Et il reste encore et toujours droit dans ses babouches malgré et contre les appels au pied (lire encadré : «IBK sollicite encore les bons offices de Moussa Traoré… SBM aussi à la manœuvre»).
Ayant désormais le vent en poupe, une propension, au demeurant, favorisée par les errements d’un pouvoir en perte de régime, le tandem Bouyé Haïdara-Mahmoud Dicko bénéficie à l’heure actuelle d’une forte légitimité populaire, voire politique. Et il existe une tendance plutôt jeune au sein de la Umah vivement décidée à prendre le pouvoir… politique suite au constat d’échec des traditionnels partis comme l’attestent à leurs yeux, le recul, voire la trahison des candidats de l’Opposition politique ayant bénéficié de leur soutien.
Un constat d’échec tout autant perceptible, selon eux, dans le camp de la majorité présidentielle (CMP) en proie à de graves conflits internes impactant négativement sur la gouvernance.
En somme, tout se passe comme si les religieux, au regard de l’échec des politiques, ont décidé de prendre eux-mêmes les choses en main.
C’est dans un contexte de trouble en tout cas, plein d’incertitudes que se tiendra ce 10 Février le meeting de cette tendance de la communauté musulmane malienne. Il s’agit donc d’un tournant. Et quel tournant ? Les prémices de la création d’un parti pro-islamiste ?Il s’agira, en tout cas, de celui d’un front ou mouvement organisé d’obédience religieuse ne manquant pas d’ambitions politiques.
B.S. Diarra