Maroc: Des grands noms du cinéma international en conversation libre avec le public à Marrakech
C’est devenu l’un des temps forts du Festival international du film de Marrakech. A l’occasion de sa 18e édition, le FIFM reconduit la section «Conversation with» pour des échanges encore plus intenses et passionnants avec celles et ceux qui font la magie du cinéma à travers le monde.
Lors de la précédente édition, le lancement de cette nouvelle section avait suscité un engouement inédit chez les cinéphiles marocains et étrangers. En tout, plus de 3000 personnes ont assisté aux 7 conversations animées par des légendes et des professionnels reconnus du cinéma. Des moments d’une grande intensité avec des artistes qui, devant un public conquis, ont partagé généreusement leur vision et leur pratique du cinéma, entre démonstrations brillantes et anecdotes savoureuses.
Fort de ce succès, le Festival réédite l’expérience et développe le concept, passant de 7 à 11 conversations. Et une nouvelle fois, quelques-uns des plus grands noms du cinéma international
prennent part à ce rendez-vous majeur du FIFM, dont l’immense Robert Redford, l’actrice française oscarisée Marion Cotillard, le multi-récompensé réalisateur palestinien Elia Suleiman, l’actrice tunisienne engagée Hend Sabry, ou encore le producteur britannique Jeremy Thomas et l’acteur américain culte Harvey Keitel.
Dans ce cadre, la Tunisienne Hend Sabry a expliqué que sa voie a été bien tracée loin du cinéma, «mais il a fini par me rattraper», a-t-elle souligné. «C’est par un pur hasard que j’ai intégré le cinéma et fait mes premiers pas dans le monde cinématographique», a-t-elle relevé. «Ce sont mes parents qui ont voulu que je fasse du cinéma, pas moi. Le réalisateur tunisien Nouri Bouzid m’avait vue et en avait parlé à mon père. Moi, je voulais devenir diplomate, j’ignorais même avoir la fibre artistique. Je n’étais pas le premier choix du casting, mais je l’ai fait quand même, sans ambition de continuer », a-t-elle raconté. «Mon chemin a été loin du cinéma, car avant de jouer mon premier film égyptien « Journal d’une adolescente » d’Inas Al Deghidi, je m’apprêtais à partir à Paris pour me spécialiser dans les sciences politiques
», a noté cette talentueuse actrice, titulaire d’une maîtrise et d’un DEA en droit. «En effet, c’est le film « Journal » une adolescente » qui a consacré mon ancrage dans le 7ème art populaire et d’auteur, et depuis, je suis tombée sous le charme du cinéma égyptien, considéré comme le Hollywood du monde arabe », a expliqué celle qui s’est révélée à l’âge de 14 ans dans le film tunisien « Samt Al Qoussour ». Concernant la question du genre et de discrimination positive dans le cinéma, elle a exprimé son refus total de faire la distinction entre l’homme et la femme au cinéma. «C’est la question du siècle ! Moi, je le dis haut et fort : Les quotas et la liberté ne font pas bon ménage. De plus, j’ai travaillé avec des hommes qui ont une grande sensibilité féminine et des femmes qui font des films d’hommes. Pour moi, ce n’est pas une question d’homme ou de femme. Mais je suis complètement pour l’égalité à l’accès aux fonds, aux financements pour permettre aux femmes de faire des films», a-t-elle conclu.
Pour sa part, l’actrice française oscarisée, Marion Cotillard, qui a inauguré la série « Conversation with », a affirmé que son rôle dans le film «La Môme» dans lequel elle a incarné la légendaire Edith Piaf a complètement changé sa vie. «Depuis La Môme (Oscar de la meilleure actrice), j’ai tissé un lien indéfectible avec Edith Piaf. Je me suis plongée dans sa vie pour comprendre ce qui l’habitait, la faisait vibrer, lui faisait peur : j’étais fascinée par son histoire. Ce qu’elle a vécu est inexplicable», a-t-elle souligné. S’agissant du choix de s’orienter vers ce domaine, elle a souligné que mis à part que ce soit le métier de ses parents, elle a voulu devenir actrice pour comprendre comment l’humain fonctionnait, seul ou en groupe. «Très tôt, cela avait déclenché en moi des questionnements sans fin.
Dans ma petite enfance et durant mon adolescence, tous les aspects de l’humain me bouleversaient et me fascinaient», dit-elle. Evoquant avec nostalgie son premier rôle à l’âge de 9 ans, elle a dit: «C’était la première fois où j’ai senti que c’est ce que je voulais faire et que je suis à ma place. Mais cela a pris du temps pour me sentir légitime. C’est lié au cheminement personnel et au travail qu’on fait sur soi et sur son besoin de reconnaissance». Pour Cotillard, incarner un personnage est une vraie rencontre. «On rentre dans la peau du personnage comme il rentre dans la mienne», a-t-elle expliqué, notant qu’elle aime travailler avec des gens complètement passionnés par ce qu’ils font et qui lui permettent d’explorer d’autres cultures. «Le fait de travailler dans un autre pays, en immersion dans des cultures différentes et apprendre des langues, est un rêve d’enfant qui se réalise à chaque fois», a-t-elle conclu.
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