Marine Le Pen s’aventure au Sénégal, en quête d’une image internationale
Meguetan Infos
Avant de se rendre au Dakar, la cheffe des députés du RN affiche une vision pour l’Afrique qui tranche avec ses déclarations habituelles, centrées sur la question migratoire, et les votes des élus de son parti, hostiles à l’aide au développement.
De quoi sera fait le voyage de Marine Le Pen au Sénégal ? La candidate battue au second tour de l’élection présidentielle de 2022 s’est envolée, lundi 16 janvier, pour Dakar, dont elle reviendra vendredi, enjambant ainsi la mobilisation sociale contre la réforme des retraites. Mais le programme de son premier voyage africain depuis 2017 reste tenu secret par le Rassemblement national (RN), qui réserve la couverture de cette visite à son équipe de communication et à des médias choisis.
Il y a six ans, Marine Le Pen avait obtenu un entretien avec Idriss Déby, le président du Tchad, qui brisait, selon elle, « les barrières de l’ignorance et de la stigmatisation médiatique ». Las, aucun chef d’Etat africain n’a imité l’autocrate disparu en 2021, signe que les positions de Mme Le Pen sur l’immigration restent un obstacle majeur à des relations normalisées avec l’Afrique. Le parti ne confirme pas d’entrevue avec Macky Sall, le président sénégalais. L’extrême droite a trop de souvenirs de rencontres avortées avec des chefs d’Etat étrangers pour s’en réjouir à l’avance, surtout dans un pays aux liens étroits avec Paris.
« Il y aura toujours des pressions de dernière minute, or il ne faut surtout pas gêner les autorités du pays où vous vous rendez : c’est la règle cardinale », explique Marcel Ceccaldi, l’avocat qui, depuis des décennies, met ses réseaux africains au service de Jean-Marie Le Pen et de sa fille. Empêché par des problèmes de santé – et une condamnation, en décembre 2022, pour trafic d’influence, dont il a fait appel –, M. Ceccaldi n’a pas contribué à l’élaboration de ce voyage, qui est plutôt l’œuvre du maire de Perpignan, Louis Aliot, l’autre « M. Afrique » du RN, et de l’ancien directeur de cabinet de Marine Le Pen, Nicolas Lesage. Mais il n’envisage pas que la présidente du groupe RN à l’Assemblée nationale ait entrepris ce déplacement sans garanties : « Les Sénégalais voient quelle peut être l’évolution politique de leur partenaire privilégié. Il serait curieux que Macky Sall ne puisse pas accueillir la leader de l’opposition. Sans doute prépare-t-il une alternance crédible en France. »
En cas de rencontre, elle répétera son souhait, déjà exprimé durant la campagne présidentielle, que le Sénégal soit le pays africain représenté en permanence au Conseil de sécurité des Nations unies, dans l’hypothèse très improbable d’une réforme de son fonctionnement. Le RN dit apprécier le « souci de l’équilibre géopolitique » de Macky Sall, qui s’est abstenu, à l’ONU, de condamner l’agression russe en Ukraine, et a rendu visite à Vladimir Poutine, en juin 2022, en tant que président en exercice de l’Union africaine.
…….Lire la suite sur https://www.lemonde.fr/