Le mariage traditionnel est vu comme une coutume chez toutes les ethnies du Mali. Il est le symbole de l’union de deux personnes, mais aussi de plusieurs familles, pays, contrées, etc. Dans la région de Ségou, certaines ethnies tentent de garder la tradition qui consiste à coudre le « dambé » ou couverture qui sera utilisée comme drap sur la natte la nuit de noces. Reportage la semaine dernière à Ségou, d’une cérémonie nuptiale dans la pure tradition.
Le « dambé » ou couverture traditionnelle (pagne tissé traditionnellement) est le signe de la perpétuation de l’honneur de la famille. Cette couverture sert de drap aux mariés pendant la nuit de noces. La couture du « dambé » est tout un cérémonial à Ségou où nous avons assisté à une cérémonie de ce genre.
Le « dambé » est cousu le jour du mariage, par les frères et amis du marié. Toute la famille réunie met la main à la pâte. Les sœurs et les tantes chantent pendant que les frères cousent le « dambé » sous forme de pagne. À la fin de cette œuvre artisanale, les sœurs prennent entre elles le tissu fini et courent pour s’embrasser en le pliant. Elles sont toutes contentes et souriantes, signe de leur amour et leur solidarité les unes envers les autres dans la famille. La première nuit de noce se passe sur ce tissu fait de cotonnade blanche. L’objectif est de montrer la virginité de la mariée qui y passe sa première nuit de noce. Le « dambé » est un élément prépondérant du mariage. Il résiste au temps et est jalousement gardé par les conjoints aussi longtemps que va durer leur union sur terre.
Chaka Dembélé, traditionaliste à Ségou, témoigne : « le dambé est très important dans la vie d’un couple. Car il protège la mariée et ses enfants jusque dans leur tombe. Le dambé est très mystique. C’est là où se passent les nuits de noce pour vérifier réellement si la fille est vierge. Si elle cache la vérité à son mari sur sa virginité sur le dambé qui en est témoin, elle ne pourra jamais enfanter. Avant, les femmes l’attachaient autour de la hanche de leurs enfants qui partaient au front. Ils y revenaient sains et saufs. L’aiguille qui sert à le coudre est utilisée à des fins mystiques. Par exemple, elle donne un conjoint à quelqu’un qui en manque. Aussi, les coépouses l’utilisent pour se jeter des mauvais sorts. Si une femme trouve l’aiguille qui a servi à coudre le dambé de sa coépouse, elle peut l’ensorceler en faisant de sorte que son époux ne puisse pas remplir son devoir conjugal avec cette même coépouse. C’est pourquoi après les nuits de noce, la mère de la mariée la garde soigneusement, mais si la fille est attentionnée, elle peut elle-même garder l’aiguille au fin fond de sa valise, loin des regards. Le dambé a d’autres mystères que j’ignore. Les vieilles personnes savent le pourquoi, les avantages et les inconvénients de cette couverture traditionnelle. Nous avons laissé nos traditions, c’est pourquoi il y a des maladies incurables de nos jours».
Aboubacat Sidiki Diarra
De retour de Ségou
(stagiaire)
Mali Tribune