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Marche de protestation des syndicats des enseignants: Contre mission de dénigrement de Racky Talla

La crise scolaire est loin de connaitre son épilogue, tant les positions se durcissent et l’antagonisme s’exacerbe entre le gouvernement et les syndicats des enseignants. Comme pour ne rien arranger, le gouvernement a mis en mission de « sensibilisation » Mme le Ministre du Travail et de la Fonction Publique. Comme une réponse du berger à la bergère, les enseignants ont organisé une grande marche de protestation le mercredi 6 mars 2019. Ne s’achemine-t-on pas vers une année blanche surtout quand on sait qu’il y a un préavis de grève de 15 jours à partir du 11 mars 2019 ?
Le syndicat des enseignants du préscolaire, du fondamental et du secondaire, regroupé au sein d’un collectif appelé Synergie, après leur grève de 312 heures, soit 13 jours, ont organisé une grande marche le mercredi 6 mars pour protester contre le refus du gouvernement de satisfaire leurs doléances. Cette marche qui a quitté la place CAN pour s’achever au monument Kwamé Khruma, était une réponse à la campagne de dénigrement que se livre le gouvernement à l’endroit des syndicats des enseignants. Mme le ministre en charge du travail, Racky Talla, à la tête d’une délégation, sillonne depuis plus d’une semaine certaines régions, pour, dit-elle, sensibiliser les acteurs de l’école malienne afin de trouver une issue à la crise scolaire.
Le hic dans sa démarche est qu’elle met l’accent sur les efforts consentis par l’Etat pour améliorer les conditions de vie et de travail des enseignants, en reléguant au second plan les revendications qui sont sur la table du gouvernement et à la satisfaction desquelles les enseignants semblent intraitables. Mme Diarra Racky Talla, de la sensibilisation, est en train de tomber dans le dénigrement des enseignants et souhaite avoir le soutien des forces vives du pays pour obliger les enseignants à reprendre le chemin de l’école. Pour les responsables syndicaux que nous avons rapprochés, ils disent ne jamais fermer la porte au dialogue et ils estiment avoir en face d’eux des autorités qui ne sont pas disposées à dialoguer avec les enseignants.
Pour rappel, les doléances en dix points des enseignants sont à la base de la discorde entre le gouvernement et les enseignants. Si le gouvernement se défend d’avoir satisfait six doléances entièrement, une, partiellement et seulement trois désaccords, pour les syndicats même les points d’accord n’ont jamais fait l’objet de chronogramme d’application, comme en atteste la prime de documentation qui a été accepté il y a trois ans, mais que les enseignants n’ont jamais bénéficié. Il y a alors rupture de confiance entre le gouvernement et les enseignants. Pour ce responsable syndical qui a requis l’anonymat, lors de l’ultime négociation avant le déclenchement de la grève de 13 jours, Mme Diarra a fait de la fixation pendant plus de dix heures de débat avec les syndicats sous la supervision d’une commission de conciliation. Elle n’a fait aucune proposition aux enseignants, sous prétexte que l’Etat n’a pas les moyens.
En définitive, « la campagne de sensibilisation » des forces vives de la Nation sur l’école de Mme le ministre, ne serait profitable que si elle venait après avoir arraché un accord avec les principaux concernés.
Youssouf Sissoko

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