Marché de ‘’Fassambougou’’ : Un business agréable autour de l’arachide et du maïs frais !
Situé en CIII du district de Bamako, le marché de Ouolofobougou, populairement appelé le ‘’ marché de Diafarana’’ ou ‘’ Fassambougou Sugu’’, est réputé être comme l’un des grands marchés de produits frais de la capitale. En cette période hivernale, dans ce marché, la vente de maïs et de l’arachide frais non décortiqués, bat son plein. Des grossistes aux détaillants en passant par les vendeurs ambulants, tous les acteurs de la chaine de commercialisation de ces produits se frottent les mains actuellement. Avec une marge bénéficiaire journalière variable en fonction du rôle dans la chaine, tous, sans exception parviennent à tirer leur épingle du jeu. Pour comprendre la dynamique de la chaine de commercialisation de ces deux produits (maïs et arachide frais), nous avons fait immersion dans ce marché, le vendredi 6 septembre. Reportage !
Affluence festive et constante, la principale voie bouchée par des gros engins chargés de sacs d’arachide et de maïs, les autres usagers obligés de se frayer un chemin au pas de caméléon prennent leur mal en patience. Bref, le marché de Wolofobougou , fonctionne à un rythme abracadabrant depuis quelques jours. Aux abords de cette voie qui longe le marché à son flanc gauche (en venant du centre-ville), se draine une marée humaine de commerçants, chaque jour de 6h du matin à 19h00 du soir. C’est un véritable business informel qui s’est construit autour des produits frais, que sont le maïs frais et l’arachide frais.
Vente de maïs frais, pas de perte
Utilisé en milieu rural comme aliment de base et même souvent dans certaines zones urbaines, le maïs est aussi préféré en consommation dans sa forme grillée. A Bamako, ce produit ne se voit pas en tout moment et surtout en tout lieu. Parmi les marchés d’approvisionnement par excellence en ce produit, figure celui de Wolofobougou. Lequel situé à cheval entre la Commune IV (Hamdallaye) et la Commune III (BadialanII) sur le versant droit du collecteur « Diafarana Kô » qui a donné son nom à ce marché.
En effet, ce marché est approvisionné en maïs frais, provenant des cercles de Kolondièba, Yanfolila et de Bougouni, d’où son autre nom « la place du Wassouloun ». Ce marché peut recevoir en moyenne dans la journée trois chargements de camions tout type confondu dans la journée.
Selon Mory Kané, un commerçant intermédiare, originaire du village de Garalo dans le cercle de Markala, la vente de ce produit a commencé à peine un mois sur le marché et peut s’étendre à 3 autres mois. « Ici, nous recevons le chargement du maïs et nous le vendons aux détaillants sur place » a-t-il déclaré, tout en soulignant que les clients viennent dans la ville de Bamako et de ses environnants.
Pour lui, le maïs est vendu en raison de tas d’épis à des prix variables en fonction de l’abondance ou du manque du produit. « Le prix varie entre 3 épis à 200FCFA en période de manque à 5 épis à 200 FCFA en période d’abondance » a-t-il indiqué, tout en précisant que le prix est trop volatile.
En termes de vente journalier, il dira que la valeur de la vente du chargement d’un camion peut atteindre en période de manque la coquette somme de plus d’un million et 500 000FCFA en période d’abondance.
Pour lui, le seul hic est que la totalité de la vente n’est pas encaissée en une seule journée. « Les femmes prennent beaucoup de crédit et pour recouvrer tout ce montant il faut des jours » a-t-il précisé.
En cette période (à la date de ce reportage), M. Kané estime que le prix du maïs à légèrement chuté. Car, dit-il, le produit est laissé aux détaillantes au prix de 4 épis pour 200FCFA. A ce prix, poursuit-il, ces dernières ne se font pas prier pour s’approvisionner.
Dans ce business avec 3 autres personnes, l’enfant de Garalo pense que l’une des plus grandes difficultés de la vente du maïs frais ici, à Bamako, est le problème d’infrastructure routière. Ce problème, détail-t-il, augmente les frais de transport et occasionne des retards dans le délai d’approvisionnement du marché. « Dans notre travail, le temps est très important, car si le maïs frais perd toute sa substance liquidifiée, il n’aura pas de prix sur le marché » a-t-il déploré.
A côté de lui, la détaillante Sitan Doumbia, estime que la période de vente de maïs frais n’est pas favorable cette année. Pour elle, l’écoulement de leur marchandise est surtout et avant tout fonction de l’humidité. « Il ne pleut pas du tout cette année » a-t-elle déploré. Or, souligne-t-elle, sans la pluie, pas d’humidité. Et sans humidité, poursuit-elle, l’écoulement du produit n’est pas rapide.
Cependant, malgré ce manque de pluie, la vendeuse Doumbia, tire son épingle du jeu. Son chiffre d’affaire journalier oscille entre 1000FCFA à 7 500FCFA, toute chose qui correspond à 30 000 ou 175 000FCFA dans le mois.
Le circuit de commercialisation du maïs, ne se limite pas qu’à ces seuls acteurs. Il existe aussi, les vendeuses ambulantes. Il s’agit de celles, qui grillent le maïs pour le vendre au niveau des carrefours et des abords des routes. Cette dernière catégorie, génère une valeur ajoutée. Elles parviennent à gagner une marge bénéficiaire de 50 FCFA par épis. Selon une vendeuse, dans la journée, le bénéfice peut varier entre 1000 à 4000FCA.
Vente d’arachide fraîche, une source de revenu non négligeable pour les femmes
Il faut d’abord préciser que l’arachide est composée de deux variétés. Celle dite ‘’ Tigaba’’ ou arachide rouge et celle dite ‘’ Kalosabani’’. ‘’Diafarana Sougou’’est approvisionné de toutes ces deux variétés. En termes de préférence, le ‘’ Tigaba’’ est plus prisé par les clients qui veulent faire de la pâte d’arachide et le ‘’ Kalosabani’’ par ceux qui veulent griller l’arachide et le vendre.
Selon Mamadou Diarra, président des vendeurs du marché d’arachide, non moins président du marché de l’Association ‘’ Badenyaton’’ de Wolofobougou, l’arachide fraiche vendue sur leur marché vient de deux zones. Il s’agit, dit-il, en premier lieu, de la zone avoisinante de la Côte d’Ivoire, composée de Tabakola, Madinani, Guya, Togodaba et en second lieu, dans l’arrondissement Fakola, particulièrement dans les villages de Fakola, N’Dionkoni, N’Pensarie, Sokourani, N’Zanso et Badani. S’y ajoutent les cercles de Yanfolila et de Bougouni.
D’après lui, cette année la vente de l’arachide a commencé au marché de Wolofobougou par les chargements en provenance de la zone de Cote d’Ivoire à la date du 20 juin 2019. Les zones de production maliennes, précise-t-il, ont enchainé à partir du 10 juillet 2019.
En effet, dans l’entretien qu’il a bien voulu nous accorder, le président Diarra, s’était fait accompagné de son secrétaire général, Boureima Traoré. Aux dires, de ce dernier, le marché de Wolofobougou reçoit entre 18 à 20 camions de 12 roues remplis de sacs de 100 kg d’arachide frais en période d’abondance et seulement 5 camions en période de manque. « Un camion de 12 roues peut contenir en moyenne 400 sacs de 100kg » a-t-il précisé.
Selon le Segal Boureima, le prix de vente du sac de 100 kg de l’arachide fraiche et non décortiquée varie en fonction des périodes. La période de vente favorable (également période de manque du produit), il dira que le sac est laissé au prix de 17 500 FCFA. Par contre, précise-t-il, le sac de 100 KG est vendu à 10 000 FCFA en période de vente moins favorable (Ou période d’abondance).
« Ici, tout est bien organisé, le prix du marché est défini chaque jour, par un groupe restreint de 12 personnes » a-t-il déclaré.
Au chapitre des clients, il a signalé que les femmes sont les plus demandeurs de l’arachide. A côté de celles-là, il a noté également les exportateurs vers le Sénégal. Ces derniers, dit-il, contrairement aux femmes prennent une plus grande quantité. « Leurs prix est légèrement plus bas que celui des femmes » a-t-il mentionné.
Par ailleurs, il faut noter que dans cette chaine de commercialisation les pousse- poussiers et conducteurs de moto tricycle, gagnent bien leur pain. Ce qui explique leur présence massive sur la voie principale de ‘’Diafaranasougou’’ sans respect d’espace de stationnement. Or avec les nouvelles mesures de circulation alternée dans le district de Bamako, cette voie fait partie des voies principales de circulation routière.
Par Moïse Keïta
Source: Le Sursaut