Mamadou Kassougué, ministre de la justice : « Les corrupteurs et les corrompus doivent être réprimés sans ménagement »
Meguetan Infos
En présidant, jeudi dernier, à la Maison de la presse de Bamako la troisième journée d’échange entre la presse et la justice, le ministre Mamadou Kassougué a réaffirmé sa détermination à la lutte contre la corruption en ces termes : « les corrupteurs et les corrompus doivent être réprimés sans ménagement ».
Cette troisième journée d’échange entre la justice et la presse était consacrée au thème de « l’éthique et la déontologie du magistrat, quel impact sur la lutte contre la corruption ? ». Les débats à la Maison de presse ont réuni le ministre de la justice, des magistrats, des patrons de la presse et près d’une centaine de journalistes reporters. Environ trois heures d’horloge, l’ancien ministre non moins magistrat de son Etat, Hameye Founé Mahalmadane, est largement revenu sur les devoirs du juge dans le jugement d’un dossier. Le juge doit, selon lui, observer « l’impartialité, l’équité, la diligence et l’indépendance » lorsqu’il est en charge d’une affaire judiciaire. « Les magistrats doivent défendre son indépendance », a déclaré le conférencier, ajoutant que des sanctions sont prévues par la loi en cas de manquements du magistrat à ces devoirs.
Avant lui, c’est le ministre de la justice, Mamadou Kassogué, qui annonçait la détermination de son département à assumer son rôle dans le cadre du contrôle interne. Et ce, afin de bannir les comportements déviants au sein de la famille judiciaire et d’encourager les bonnes pratiques pour une saine distribution de la justice. « Les corrupteurs et les corrompus doivent être réprimés sans ménagement. Au besoin les textes sur la corruption doivent être revus et adaptés aux exigences actuelles », a souligné le Ministre Kassogué, insistant sur un changement de mentalité au sein de la population. « Celui qui corrompt rend un mauvais service au magistrat et à son pays, car c’est la justice qui va en pâtir », lance le Garde des Sceaux mettant en garde contre les conséquences de la mauvaise justice. « Elle ne profite à personne et ouvre la voie à des situations de conflit et de vengeance. C’est pourquoi la corruption doit être combattue avec rigueur et célérité dans un secteur aussi vital que la justice», prévient le ministre le ministre de la justice.
En poursuivant toujours avec son argumentation, cet ancien procureur anti-corruption affirme que « la justice est le levier fondamental dont l’Etat doit se servir pour garantir la mise en œuvre d’une politique ne laissant aucune place à l’impunité dans ce domaine ». A ce sujet, il soutient qu’aucun traitement de faveur ne doit être accordé à la corruption et à l’impunité. Car , dit-il, « les détournements des deniers publics à flots, les missions de contrôle ou de vérification biaisées, les procédures judiciaires inefficaces, l’inexécution des décisions de justice en ce qui concerne les condamnations pécuniaires, l’inapplication des textes en matière de sanctions disciplinaires ont fini par créer l’impunité et le sentiment d’impunité qu’il convient de combattre avec détermination et persévérance ». Mamadou Kassogué a lors de cette journée d’échange déclaré son amour pour une justice qui s’érige en rempart contre « l’arbitraire et l’injustice » tant, dit-il, c’est en elle que la crédibilité et la santé d’un pays se reflètent. « La lutte contre la corruption au sein de l’appareil judiciaire s’avère en cela une impérieuse nécessité … elle ne saurait être une réalité que lorsque ceux-là même, chargés d’appliquer la loi aux délinquants économiques et financiers, exercent leur fonction dans la stricte observation des règles d’éthique et de déontologie qui encadrent leur profession », a encouragé le patron de la justice malienne. Devant Mamadou Kassogué a souligné que « le rôle de la justice pour faire en sorte que ces insuffisances et ces faiblesses ne continuent à servir de boulevard pour des agents publics, sans scrupule, qui pillent les ressources de l’Etat, empêchant ainsi de faire face aux besoins d’investissement dans les différents secteurs de développement de notre pays ».
Pour endiguer ces pratiques qu’on espère va changer le visage de la justice dans la lutte contre la corruption, il a annoncé que le Département de la justice cherche à rendre opérationnel le nouveau Pôle National Économique et Financier et l’Agence de gestion des biens gelés, saisis ou confisqués. En plus de la création de ce Pôle, le ministre la justice du Mali dit avoir entamé la relecture des textes pour adopter des nouvelles dispositions juridiques garantissant l’efficacité des procédures et la diligence dans le traitement des dossiers.
Siaka DIAMOUTENE/Maliweb.net
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