Mali : Malgré l’« Acte fondamental » qui fait du colonel Goita le Chef de l’État, la CEDEAO exige une transition dirigée par un civil
Les Chefs d’État de la CEDEAO, à l’issue de leur sommet extraordinaire tenu par visioconférence le vendredi dernier sur la crise sociopolitique au Mali, ont exigé une transition d’un an dirigée par un civil et un gouvernement dirigé par un civil. Un jour avant, le Comité national pour le salut du peuple (CNSP), à travers un Acte fondamental ayant une valeur constitutionnelle publié dans le journal Officiel, a fait de son président, le colonel Assimi Goita, le Chef de l’État du Mali.
Le bras de fer entre la junte au Mali et les Chefs d’État de la CEDEAO est loin de prendre fin. Malgré la libération de l’ex-président de la République Ibrahim Boubacar Keita , la CEDEAO n’est pas toujours satisfaite des militaires et n’a pas levé ses sanctions contre le Mali. L’institution sous régional conditionne la levée de ces sanctions au transfert du pouvoir aux civils. Les résolutions de ce sommet extraordinaires sont, entre autres : il prend acte de la démission du Président Ibrahim Boubacar KEITA comme indiqué par le Médiateur qui a été chargé d’en informer la Conférence ; il prend acte de la libération du Président Keita ainsi que celle des autres officiels détenus ; il demande aux Responsables du CNSP d’engager une transition civile immédiatement en consultation avec la Cour Constitutionnelle, les Partis politiques et les Organisations de Société Civile et tous les autres acteurs engagés ; il décide que cette transition civile prenne en compte les éléments suivants : Nomination d’un Président de la transition. Cette personnalité, civile, reconnue pour ses qualités professionnelles et sa probité intellectuelle et morale, sera chargée de diriger la transition. Le Président de la transition ne sera pas candidat à la prochaine élection présidentielle ; nomination d’un Premier ministre civil, Chef de gouvernement, reconnu pour ses qualités professionnelles et sa probité intellectuelle et morale. Il sera chargé de conduire le gouvernement sous la responsabilité du Président de la transition. Ce Premier ministre ne sera pas candidat à la prochaine élection présidentielle ; mise en place rapide d’un gouvernement pour faire face aux différents défis du Mali et, en particulier, préparer les élections législatives et présidentielles dans un délai de 12 mois ; aucune structure militaire ne devrait être au-dessus du Président de la transition.
Le Sommet décide que les sanctions énoncées aux points 13 (h) et 13 (i) de la Déclaration des Chefs d’État et de gouvernement du 20 août 2020 seront levées progressivement en fonction de la mise en œuvre des décisions ci-dessus ; il appelle à la finalisation urgente d’un accord sur la transition politique entre la CEDEAO et le Mali et invite l’Union africaine et les Nations Unies à endosser cet accord ; il décide de la mise en place d’un Comité de suivi comprenant le Médiateur, le Président du Conseil des ministres et le Président de la Commission de la CEDEAO, et incluant les Représentants de l’Union africaine et des Nations Unies à Bamako ; il félicite le Médiateur et sa Délégation pour les résultats obtenus lors de leur précédente mission ; il décide de demeurer saisi de la situation au Mali.
Assimi Goita déjà Chef de l’État
Un jour avant le Sommet extraordinaire des Chefs d’État de la CEDEAO, qui a exigé une transition dirigée par un civil, le CNSP a pris un « Acte fondamental » publié dans le journal Officiel le jeudi dernier. Cet Acte fondamental, qui a une valeur de constitution, a déclaré le président du CNSP, le colonel Assimi Goita, Chef de l’État. Cette décision des militaires a été diversement appréciée par les Maliens. Si certains l’ont applaudi, d’autres l’ont qualifié d’une décision « solitaire ».
La menace de la CEDEAO poussera-t-elle le CNSP à transférer le pouvoir aux civils ? Le futur nous le dira. Mais avant, beaucoup de formations politiques réclament un civil à la tête de la transition.
Boureima Guindo