Mali-Guinée-Burkina : De la coopération à la fédération, où s’arrêteront les pouvoirs militaires ?
Meguetan Infos
Le 9 février dernier s’est tenu à Ouagadougou une rencontre des ministres en charge des Affaires étrangères du Burkina Faso, du Mali et de la Guinée-Conakry. Objectif : renforcer les liens d’amitié et de coopération entre les trois pays. Les trois délégations ont eu des séances de travail au cours desquelles elles ont passé en revue des sujets d’importance majeure et d’intérêt commun notamment la réussite des processus de transition devant conduire au retour à l’ordre constitutionnel apaisé et sécurisé , la promotion de la bonne gouvernance, la mutualisation des moyens pour relever les défis sécuritaire, économique et humanitaire, le renforcement de leur relation tripartite par la dynamisation de l’axe Bamako-Conakry-Ouagadougou , ainsi que la concertation sur les questions sous régionales, régionales et internationales.
Leur rencontre a été par ailleurs sanctionné par un communiqué conjoint dans lequel les ministres des trois pays déplorent les sanctions imposées au mépris des causes profondes et complexes des changements politiques, empêchant du coup la participation des pays concernés aux instances régionales et continentales qui traitent des défis majeurs auxquels ils sont les plus concernés, à savoir : l’insécurité, les questions humanitaires et de développement économique durable. Ils réclament par conséquent la levée de leur suspension et, tout en réaffirmant leur attachement aux objectifs et principes de la CEDEAO et de l’Union africaine, s’engagent à répondre aux aspirations des populations de leurs pays respectifs et à faire de l’axe Bamako-Conakry-Ouagadougou un domaine stratégique et prioritaire pour le développement du commerce, des transports, de l’approvisionnement en produits de première nécessité, de la formation professionnelle , du développement rural, de l’exploitation minière, de la culture et des arts, ainsi que de la lutte contre l’insécurité.
Pour ce faire, les chefs de délégation ont noté la nécessité de mettre en place et d’institutionnaliser un cadre permanent de concertation entre les trois pays, la tenue de consultations politiques et diplomatiques au plus haut niveau et le renforcement de la solidarité en vue d’assurer la sécurité.
Le sommet n’a pas écarté par ailleurs la création d’une fédération des trois pays, une idée bien accueillie par les populations des différents pays. En attendant de connaître les contours de ce vieux projet antérieur aux indépendances, l’organisation sous-régionale, la CEDEAO, ne cache pas non plus sa désapprobation, par la voix notamment de son deuxième vice-président Sani Malam Chaibou. Au cours d’un séjour en Guinée, celui-ci a laissé entendre que l’organisation sous-régionale ne laissera pas les trois pays aller à une fédération. « Nous sommes à 15 et nous allons rester à 15», a-t-il martelé, sans que ses propos aient impressionné outre mesure les différentes autorités apparemment aguerries face aux menaces de la Cedeao.
Amidou Keita
Le Témoin