Mali : Des frappes aériennes de Barkhane mettent hors de combat plusieurs dizaines de jihadistes à Ndaki
Certains noms de régions reviennent plus souvent que d’autres dans les « points de situation » des opérations publiés chaque semaine par l’État-major des armées [EMA]. Tel est le cas d’Ansongo, de Boulikessi ou bien encore de… Ndaki, à 200 km environ au sud-ouest de Gao.
En octobre 2018, la force Barkhane y était intervenue en appui de deux sections maliennes, alors accrochées par des combattants présumés de l’État islamique au grand Sahara [EIGS]. L’affaire avait été sérieuse, des hélicoptères Tigre ayant été visés par des tirs roquette RPG. La détermination des terroristes laissait d’ailleurs penser qu’un chef important – sans doute al-Mansour Ag al-Kassam- se trouvait parmi eux. Reste que l’intervention française avait permis de prendre le contrôle d’un camp jihadiste et de saisir une quinzaine de motos et du matériel.
Bis repetita en juin 2019, mais, cette fois, lors d’une action d’opportunité dans le cadre d’une opération planifiée avec les Forces armées maliennes pour désorganiser les réseaux logistiques des groupes armés terroristes [GAT] dans ce secteur utilisé comme une zone refuge. Une dizaine de jihadistes avaient été neutralisés et les militaires français saisirent une « importante quantité de ressources ».
Jamais deux sans trois, dit-on… En effet, selon le dernier compte-rendu de l’EMA, la force Barkhane a une nouvelle fois été sollicitée pour intervenir dans cette région de Ndaki. Ainsi, relate-t-il en étant avare de détails, le 9 décembre, un « rassemblement suspect de 18 motos à l’est de Ndaki a été observé. »
Et, la « caractérisation des activités de ce groupe » ayant permis de conclure « à la présence de groupes armés terroristes », un avion de patrouille maritime Atlantique 2 alors en vol ainsi qu’une paire de Mirage 2000D et une patrouille d’hélicoptères Tigre sont intervenus.
Comme il est désormais d’usage, l’EMA n’a pas donné le bilan de cette action… Mais comme les jihadistes se déplacent généralement par deux à moto [un qui pilote, l’autre qui tient l’arme], on peut supposer que ce rassemblement comptait au moins 36 combattants.
Il n’a pas été précisé si l’Atlantique 2 a effectué une frappe. L’avion de la Marine nationale a en effet la possibilité d’emporter quatre bombes à guidage laser GBU-12 [*]. Une capacité qui vient s’ajouter à ses systèmes de détection [boule optronique Wescam MX20, radar, détecteur d’anomalies magnétiques, etc].
Le lendemain, dans le même secteur, un drone MQ-9 Reaper y a détecté un nouveau rassemblement suspect d’une dizaine d’individus, là encore caractérisé comme étant celui d’un groupe armé terroriste. « Une frappe a alors été déclenchée », a précisé l’EMA, selon qui ces « opérations ont ainsi permis de neutraliser plusieurs dizaines GAT et de détruire notamment leurs motos. »
Quant à savoir quelles formations jihadistes ont ainsi été visées par Barkhane, il n’est pas possible de le savoir, faute de détails. Cependant, le 14 décembre, RFI a fait état d’affrontements entre le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans [GSIM] et l’EIGS vers les communes d’Indelimane, Ntillit et de Ndaki. « Il s’agit le plus souvent de ‘combats de rencontres’ très localisés, d’assassinats ciblés ou d’embuscades, et non de batailles rangées à grande échelle », explique la radio publique.
Or, si, durant l’été, il avait initialement pris le dessus, à l’issue de combats ayant fait plusieurs dizaines de tués et grace au renfort de combattants venus du Nigeria [appartenant très certainement à la Province de l’État islamique en Afrique de l’Ouest – ISWAP], le l’EIGS, mis sous pression par Barkhane et les forces locales, aurait perdu du terrain face au GSIM au cours de ces derniers jours.
Aussi, et selon RFI, les frappes de Barkhane évoquées par l’EMA auraient donc essentiellement « visé des positions » du GSIM.
PAR LAURENT LAGNEAU
Source: opex360