Si les braises restées ardentes dans un barbecue sont utiles à une cuisson donnée, en les plaçant dans un contexte de crises politico-institutionnelles et sécuritaires telles que vécues au Mali, de l’avènement de la démocratie de 1991 à nos jours, l’expression en donnerait bien, un sens tout à fait différent. En effet au Mali, chaque régime a vécu ses crises d’ampleur ou aux braises plus intenses les unes que les autres. Trois hommes ont, pendant les trente dernières années, tenu les rênes du pouvoir. Depuis des décennies, leur pays le Mali, est en train de sombrer par les flammèches des braises ravivées par des querelles de positionnement avec des risques d’implosion des partis politiques entretenant rancœurs et défiance et par aussi, une suite de ruptures de l’ordre constitutionnel, des attaques violentes et meurtrières des terroristes et des velléités irrédentistes des ex-rebelles touaregs qui se donnent de plus en plus de la voix.
Des années se sont écoulées respectivement, après les coups d’état de 2012 contre le Président Amadou Toumani Touré et d’août 2020, contre le Président Ibrahim Boubacar Kéïta, marquées par une longue période de crises politiques et institutionnelles, la fissure de la classe politique malienne, gagnée par une crise de confiance si grave, que les positions paraissent inconciliables aujourd’hui. Ces crises politiques et institutionnelles sont malheureusement accentuées ces derniers mois, par des tensions diplomatiques très vives entre Paris et Bamako avec comme ripostes de part et d’autre, le retrait par la France, des forces Barkhanes et Takuba et de tous ses coopérants en poste dans les différents Ministères, l’expulsion de l’Ambassadeur de France au Mali par les Autorités de la Transition, etc.
Les sanctions politiques, économiques et financières prises en 2020, 2021 et le 9 janvier 2022 contre le Mali, par les marionnettes de l’Elysée ou Chefs d’Etat de la CEDEAO, suite à une rupture de l’ordre constitutionnel, viennent souffler avec force, sur des braises ardentes, par l’effet des crises citées ci-haut. Comme pour enfoncer davantage le Mali dans des situations conflictuelles interminables, la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA), consciente du soutien de la France et de la communauté internationale dans son combat pour l’autodétermination, a choisi le moment où le Mali est secoué par une recrudescence des attaques terroristes sanglantes et meurtrières comme celles de Mondoro le 4 mars 2022, perpétrées par le GSIM contre les FAMA, pour lancer son communiqué au ton arrogant et belliqueux, en demandant une clarification aux Autorités de la Transition, quant à l’application ou non de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation issu du processus d’Alger et dont la décision d’une relecture et d’une mise en application intelligente ont fait débats en toute souveraineté, lors des Concertations Nationales de septembre 2020 et des Assises Nationales de la Refondation de décembre 2021 inclusives.
En réalité, que se cache-t-il derrière cette posture inacceptable de la CMA ? Une bonne partie de l’opinion publique malienne sans se creuser le cerveau, y voit sans doute, de la surenchère et une énième d’actes d’ingérence et de complicité de la France. On se rappelle en 2013, du jeu trouble auquel s’était livrée encore cette France, lorsque les soldats Serval avaient empêché les forces armées maliennes d’entrer à Kidal qu’elle considère comme le fief des rebelles touaregs auxquels Paris a toujours offert ses offres d’alliance en bonne intelligence. Comme si toutes ces crises ne suffisaient pas, les braises prennent encore plus d’intensité lorsque des accusations gravissimes de crimes récurrents sur des citoyens mauritaniens et relayées par des médias occidentaux dont RFI et France 24, sont dirigées contre les forces armées du Mali.
Ces médias dont la mission de déstabilisation est connue de tous, cherchent comme ils savent le faire, à ternir l’image de nos vaillants soldats au moment où ceux-ci montent en puissance sur tous les fronts, grâce à un réarmement moral et à un rééquipement en moyens logistiques modernes de dernière génération, acquis dans le cadre de la coopération russo-malienne. Les FAMAs, aujourd’hui très professionnalistes, aguerries et respectueuses des valeurs universelles des droits de l’homme, sont requinquées à bloc, en dépit du complot international dirigé contre elles et au moment où les relations entre la Mauritanie et le Mali prenant un nouvel envol, se diversifient et se consolident face aux sanctions injustes, illégales et inhumaines infligées par la CEDEAO au Mali afin de l’asphyxier économiquement. Peine perdue !
Ce qui a une fois de plus, poussé RFI et France 24, dans des manipulations de l’information par des infox et des intox factuelles, biaisées et torquées, au nom d’une mission dite de déstabilisation du Mali, voulue par l’Elysée et appuyée par une communauté internationale dont l’objectif n’est autre que de renverser les institutions de la Transition et de procéder plus tard, à la « somalisation » de notre territoire national, au profit d’un groupe ethnique très minoritaire du Nord du Mali, les ex-rebelles touaregs. N’est-il pas maintenant temps pour nos Autorités, de rappeler à l’ordre d’une part, ces médias et leurs correspondants et d’autre part, les organisations de défense des droits de l’Homme (Human Rights Watch) afin qu’ils n’attisent davantage, les braises dans un Etat aux institutions déjà faiblies et qui n’a que trop souffert des crises qui sont profondes, complexes et multiformes ?
Comme pour paraphraser par cette citation de Benjamin Subac qui dit « Quand un homme déclare sa flamme, il doit s’attendre à ce que celle qui en est l’objet s’intéresse à sa braise ». Compte de tout ce qui précède, la sauvegarde des intérêts vitaux de notre pays le Mali, s’impose en nous, par une vigilance permanente et renforcée à tous les niveaux (populations locales, sociétés civiles, forces armées et de sécurité, etc.) surtout autour des forces internationales (Barkhane, Takuba, Minusma) présentes au Mali et dont les mouvements suspects ou toutes autres manœuvres de leur part, peuvent être préjudiciables à la stabilité du pays quand on sait que certaines des missions auxquelles s’adonne la Minusma (enquêtes sur les droits de l’Homme et les victimes des violences djihadistes) par exemple, laissent souvent le doute dans les esprits.
Dr. Allaye GARANGO, enseignant chercheur- ENSup/ Bamako
Le Pélican