Premier ministre du Mali au moment de la chute du régime Ibrahim Boubacar Keita, Boubou Cissé était, ce dimanche 6 juin, l’invité de l’émission ‘’ Et si vous me disiez toute la vérité ?’’ sur TV5monde. Avec Dénise Epoté, l’ancien Premier ministre s’est exprimé sur le putsch contre IBK, et ses ennuis judiciaires au début de la transition.
-maliweb.net- « Entre regarder derrière moi et regarder derrière moi, une chose m’encourage à plutôt regarder devant moi ». Aux dires de l’ancien Premier ministre, sa traque par la sécurité d’Etat et ses démêlés avec la justice malienne sont désormais du passé. Avec le chroniqueur Ras Bath et d’autres personnalités, Boubou Cissé avait été accusé de vouloir « déstabiliser la transition » en cours. Blanchi par la justice, Boubou estime que la justice malienne est sortie de cette affaire «grandie ».
Ce n’est pas seulement dans ce dossier judiciaire que Boubou Cissé a décidé de tourner la page. Pensant sans doute à son avenir politique immédiat, l’ancien Premier ministre comprend le coup d’Etat contre le régime IBK. Mieux, il l’explique au risque même de le légitimer. « Je crois que le coup d’Etat se justifie par une exaspération de la jeunesse malienne en particulier », lâche-t-il, invité par la journaliste à donner son opinion sur le coup de force des militaires.
Si le pouvoir IBK a été renversé, justifie Boubou Cissé, « peut-être que nous n’avons pas su répondre à un certain nombre d’attentes ». Des attentes liées à l’emploi, selon l’ancien Premier ministre. Des attentes aussi liées à une perception d’impunité par rapport à la lutte contre la corruption. Des attentes accumulées, selon Boubou, depuis des décennies, et qui ont fait naître une inégalité extrême entre les différentes couches de la population malienne.
Pour refonder l’Etat du Mali, Boubou Cissé estime qu’il faut donner à chaque Malien la possibilité de réaliser. « Tant que la société malienne sera confrontée à l’inégalité extrême et aux injustices, chaque pouvoir mis en place court le risque d’être renversé par un coup d’Etat ou par un soulèvement », a prévenu Boubou Cissé.
Il s’agit pourtant du même Boubou Cissé qui, en sa qualité de Premier ministre et de ministre de l’Economie et des Finances, avait opposé un « non catégorique» à l’application de l’article 39 portant statut du personnel enseignant. Un texte légal qui prévoit que « toute majoration des rémunérations», attribuée aux fonctionnaires maliens s’applique au personnel enseignant.
La non application de ce texte a fait fermer les écoles pendant plusieurs mois au Mali. Ce n’est pas tout, elle a fait grossir des mécontents dans les rangs du M5-RFP, ce mouvement à la base de la chute du régime d’IBK. A croire que le Premier ministre Boubou Cissé savait les conséquences de son inaction face aux exaspérations qu’il prend plaisir à énumérer aujourd’hui. Incroyable, non ?
Mamadou TOGOLA/maliweb.net