La chargée des opérations de «Sikka cash» effectuait des transferts frauduleux au détriment de son établissement bancaire. Elle a été condamnée a 5 ans de prison ferme et au remboursement de plus de 153 millions de Fcfa, la somme qui lui est reprochée
La deuxième journée de la session spéciale des assises sur les crimes économiques et financiers a été marquée par une affaire retenue, celle dite de la Banque malienne de solidarité (BMS) qui avait défrayé la chronique à Bamako. Il s’agit de la comparaison avec Bintou Maïga, accusée de « faux usage de faux et abus de confiance ». Ce gestionnaire de compte de la Banque malienne de solidarité (BMS) devait répondre de la disparition de la rondelette d’une somme de plus de 150 millions de Fcfa.
Une somme colossale qu’elle aurait détournée courant mars 2021, au préjudice de l’établissement bancaire précité. La mise en cause était parvenue à détourner cet argent par le truchement de faux dossiers et autres ordres de virement qu’elle renversait sur les comptes de sa fille mineure et d’une tante dont elle était mandataire. Des actes qui lui ont valu de tomber sous le coup des articles 102, 103 et 104 du Code pénal pouvant donner lieu à l’application de peines criminelles.
Retour sur les faits. En 2021, la dame Bintou Maïga était chargée des opérations de « Sikka cash », un produit de transfert d’argent de la BMS, son service employeur, Dans ses attributions, elle recevait sur cette plateforme les états des sommes envoyées depuis les états- Unis, elle assurerait le traitement jusqu’à leur mise à disposition de la clientèle concernée. Elle le faisait toujours après validation de sa hiérarchie. Dans la pratique, la dame a eu le malheur de ne pas résister à la tentation d’y puiser dans. Pour ce faire, elle trompe la vigilance de sa hiérarchie en modifiant le bénéfice de certains comptes bancaires principalement celui de sa fille mineure Mariétou Soutourou Samassa, les états financiers envoyés par courriel depuis les USA.
Le manège a duré un temps avant de laisser des traces, car cela a éveillé des soupçons chez ses patrons hiérarchiques, d’où la mise en place d’un contrôle interne. La supercherie a vite été découverte. C’est ainsi que cette mission de la direction de la banque découvrit des opérations de transfert d’argent en suspens via le produit « Sikka cash » qu’elle gérait.
Au compte de la petite fille- Partant de là, une vérification permet de déceler des transferts frauduleux de fonds d’un montant provisoirement arrêté à la somme de plus de 134 millions de Fcfa. Interpellée, dame Bintou Maïga a reconnu sans ambiguïté les faits. Elle a avoué qu’elle trompait la vigilance de sa hiérarchie en modifiant le bénéfice de certains comptes bancaires, principalement celui de sa fille, les états qui lui étaient envoyés par e-mail des USA. Par la suite, sous couvert de garantie du règlement à l’amiable, la famille a transmis copie de deux titres de propriétés appartenant à leur père pour l’établissement bancaire victime.
Contre toute attente, la famille de la mise en cause s’est désistée en soutenant que leur fille n’était pas responsable des faits qui lui sont reprochés. Malgré tout, la BMS a, après vérification, décelé d’autres « trous financiers » dans sa gestion, soit une somme estimée à plus de 153 millions de Fcfa. Ce qui obligera la structure bancaire à porter l’affaire au niveau du Pôle économique et financier. Au cours de l’enquête préliminaire, elle a reconnu sans ambiguïté les faits qui lui sont reprochés. À chaque fois, elle a contesté la totalité du montant frauduleusement détourné. Cependant, lors de son interrogatoire au fond, elle a affirmé avoir trompé la vigilance de sa hiérarchie pour effectuer des virements frauduleux d’un montant de 45 millions de Fcfa au bénéfice du compte ouvert au profit de sa fille. Après cet aveu, l’inculpé n’a rien laissé en bloc.
Cependant, le rapport d’audit de la structure bancaire laissait clairement voir que le compte de la fille de l’inculpée a été frauduleusement approuvé à hauteur de plus de 134 millions et plus de 16 millions pour celui de sa tante, et pour plus de 3 millions pour son propre compte. Toutes ces opérations se dérouleraient sans motif légal et sans ordre de virement préalable.
Ainsi, devant les juges de la Cour d’assises, elle a reconnu les faits avant de se désister par rapport au montant volé, et est restée constante dans cette attitude. Les témoignages du directeur de l’Agence principale ont été très édifiants quant à sa pratique, sans oublier les procès-verbaux (PV) de l’enquête préliminaire faisant foi.
Le conseil de la partie civile a expliqué clairement que l’accusé modifiait les fiches reçues. «Elle imprimait et modifiait les fiches elle-même», dit-il. Ajoutant que les crimes sont constitués même si elle tente de nier les sommes. Elle a plaidé pour le maintien de l’accusé, sans lui faire bénéficier de circonstances atténuantes. Pour le parquet, les faits sont en apparence simples, mais en réalité compliqués par les chiffres qui y ressortent. Selon lui, la dame manipulait les dossiers sous couvert d’ajouter ou de substituer des noms qu’elle renversait sur les comptes de sa fille de 4 mois ou de sa tante.
« C’était du faux intellectuel », s’est attaché le parquet qui a fini par demander qu’elle soit détenue dans les liens de l’accusation, mais tout en lui faisant bénéficier de circonstances atténuantes. De son côté, le conseil de la défense a j’ai plaidé la clémence. Mais avant, il avait estimé que son client avait été laissé seul dans le bateau.
C’est pourquoi l’avocat a regretté l’absence de certains collègues de l’accusé qui, de son point de vue, auraient dû les comparer. Mais le dernier mot est revenu aux jurés. Par conséquent Bintou Maïga a été condamnée à cinq ans de prison ferme et au remboursement de la totalité de la somme détournée. De plus elle devra s’acquitter du paiement du franc symbolique à titre de dommages et intérêts pour l’établissement bancaire flou.
Tiédié DOUMBIA
L’Essor