Mali : la COVID-19 et le coup d’État militaire chutent le PIB de 2%, selon un rapport de la Banque Mondiale .
Meguetan Infos
Alors que le Mali s’apprête à voter une nouvelle loi de finances, un rapport publié par la Banque Mondiale en Août 2021 sur l’impact de la COVID-19 et du coup d’Etat militaire sur l’économie malienne fait état de la contraction de 2% en 2020 du Produit Intérieur Brut.
Ce rapport de l’institution de Breton Wood intitulé “Note sur la situation de l’Economie du Mali : Protéger les personnes vulnérables le temps de la reprise’’ ressort les effets néfastes de la COVID-19 et putsch de 2020 sur l’économie malienne. « Les effets combinés de la pandémie de la COVID-19 et de la crise sociopolitique ont entrainé une récession de l’économie malienne et une accélération de la dette publique en 2020 », a introduit ce document de la Banque mondiale, qui souligne que les mesures prises par les autorités pour contenir la propagation de la COVID-19 n’ont pas empêché un ralentissement de l’économie.
Une réalité qui se manifeste visiblement sur le quotidien du Mali avec la chute des revenus et la flambée des produits de premières nécessités. Le rapport indique qu’après avoir enregistré une croissance moyenne de 5.1 % entre 2013 et 2019, le PIB réel s’est contracté de 2 % en 2020. Cette régression, selon la BM, a été engendré par la campagne agricole qui s’est soldée par une baisse de production cotonnière de 79 % en 2020, en raison de la chute des cours mondiaux et de désaccords sur les subventions aux intrants accordées aux producteurs.
« La dette publique à 44,1 % du PIB »
Poursuivant que les investissements publics non prioritaires ont été réduits pour faire face aux dépenses liées à la crise sanitaire et au désengagement des bailleurs de fonds après le coup d’État militaire. S’y ajoute à la consommation privée qui, selon le rapport, a diminué sous l’effet de la baisse des envois de fonds et de la réaction des ménages face au risque sanitaire et aux mesures de confinement. « Les leviers de la croissance économique au Mali ont été fortement affectés par la COVID-19. Les coups de frein portés à l’activité économique mondiale et aux échanges internationaux ont été directement ressenti par les ménages maliens, qui ont vu leur situation se détériorer du jour au lendemain », souligne Xun Yan, économiste à la Banque mondiale, auteure du rapport. Et Eliakim Kakpo, économiste à la Banque mondiale et co-auteur du rapport de renchérir que la crise sanitaire a ainsi provoqué une augmentation du nombre de pauvres de près de 900 000 personnes.
L’institution de Breton Wood relève, par ailleurs, qu’a fait chuter l’activité économique et le ralentissement des échanges internationaux ont mécaniquement fait chuter les recettes fiscales. « Le financement du plan d’urgence de riposte contre la COVID-19 (2,3 % du PIB) a creusé le déficit budgétaire qui s’est établi à 5,5 % du PIB en 2020. La dette publique s’est accrue pour atteindre 44,1 % du PIB », peut-on lire dans le rapport.
La pandémie de COVID-19 et les coups d’Etats militaires ont durement touché les entreprises de taille moyenne qui, selon le rapport, ont enregistré des fermetures et les réductions permanentes de la main-d’œuvre.
Sur le plan social, la perte de revenus des ménages a restreint l’accès à l’éducation des enfants en âge de scolarisation favorisant les risques d’abandon de l’école pour les familles à faibles revenus et d’accroître le taux mariage et grossesses précoces des filles en âge de scolarisation.
Les réformes nécessaires
Ainsi, pour atténuer les effets de la crise économique, le document de la Banque mondiale a recommandé l’adoption des stratégies d’apprentissage à distance plus efficaces et la prévision d’une période de rattrapage rapide lorsque les enfants retournent à l’école. Alors que le pays est confronté à l’une des pires crises éducatives avec son corolaire de la grève des enfants, le rapport préconise un système éducatif plus performant et plus équitable. Lequel, à travers, la mise en œuvre d’un enseignement de rattrapage et de programmes d’apprentissage accéléré, et la révision des calendriers académique et des examens pour permettre une plus grande continuité scolaire, notamment dans les zones les plus pauvres ou touchées par les conflits.
Egalement le rapport demande aux autorités maliennes d’orienter les politiques d’appui au secteur privé vers l’amélioration des infrastructures et du climat des affaires. En bref, la Banque mondiale demande au gouvernement de trouver un équilibre entre les dépenses de sécurité, les dépenses sociales, et celles liées à l’investissement, tout en maintenant la viabilité budgétaire. Ce qui, selon le rapport, ne pourra se réaliser sans la poursuite des réformes de la gestion des finances publiques visant à améliorer l’efficacité des dépenses sociales.
Synthèse de Siaka DIAMOUTENE/Maliweb.net
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