M5 RFP : Le suicide ?
Le M5 RFP de l’avis même de ses concepteurs est mort de sa belle mort. Ce mouvement qui a fait rêver ses animateurs n’a pu résister au temps. Sa courte existence semble étonnante, mais ne surprend guère les observateurs avertis.
La popularité dépend de contre qui vous battez. En omettant d’analyser l’environnement politique de son existence, on ne donnait pas chère de la peau du mouvement de contestation.
La première erreur du M5 RFP a été son bras de fer avec la CEDEAO. La seconde est d’avoir fait confiance aux flatteries de la presse française qui voulait la humer pour mieux la dévorer. La troisième est d’avoir cru que la France allait laisser tranquillement s’installer au pouvoir des femmes et des hommes qui n’ont jamais cessé de dénoncer son action au Mali.
Cette France qui a combattu férocement Moussa Timbiné à cause d’une photo avec Valdimir Poutine, le qualifiant « d’incontrôlable » ne laissera jamais prospérer un mouvement qui prône « le peuple », sachant bien ce que vaut sa crédibilité au Mali.
Ces trois erreurs ont isolé le mouvement de l’imam Dicko en le coupant de tout répondant au niveau international et en faisant de Assimi Goïta et de ses camardes les seuls interlocuteurs aux yeux de la Communauté Internationale.
Le reste est un jeu de chaises musicale auquel se livrent les petits esprits qui, à la faveur de prétendus griefs contre IBK, avaient trouvé refuge dans les rangs du mouvement.
Il est clair que le M5 RFP cherche à savoir qui est ce puissant acteur invisible qui lui règle son compte. Il pourra trouver les réponses dans les récentes déclarations de l’Imam Dicko, appelant la France à « respecter les maliens » et aussi dans les positions antécédentes de Choguel K Maïga, opposé farouchement à la politique française au nord du Mali. Rien n’est fortuit.
Et si on ajoute à cela le mariage impossible entre une junte ambitieuse, courtisée et rassurée de soutien populaire et des ex manifestants anti IBK pressés d’arriver au pouvoir, on comprend aisément que tous les chemins empruntés par le mouvement du 5 juin, le conduisent à sa perte. L’Histoire nous apprend qu’au Mali on ne rebondit jamais deux fois sur le même peuple. Le M5 RFP, en cherchant midi à quatorze heures, pardon en cherchant IBK au CNSP a manqué à la fois de méthode et de stratégie. Son comité stratégique n’a rien vu venir.
Aujourd’hui, il doit pouvoir se contenter de quelques strapontins et faire contre mauvaise fortune, bon cœur pour sauver la face. Le silence assourdissant de son autorité morale en dit long sur l’état d’âme funéraire qui règne dans son camp. Son échec servira de leçon dans un pays où tout le monde a compris, qu’il faut agir quand on peut et qu’en refusant une main tendue on peut subir une main armée bien soutenue dans un gant de velours et qui ne vous fait aucune concession.
Awa Camara
Source: La lettre du Mali