LUTTE CONTRE LE TERRORISME DANS LE SAHEL : Barkhane peine à légitimer son action
La force Barkhane a-t-elle joué sa partition dans le cadre de la lutte contre le terrorisme dans le Sahel ? Constat : au Mali, la force Barkhane peine toujours à convaincre.
A l’opposé de la force Serval qui a suscité un grand espoir auprès des populations afin de finir avec l’insécurité, Barkhane est de plus en plus perçue comme une force d’occupation. Peut-on faire un bilan après cinq ans de son déploiement dans le Sahel ?
Plusieurs médias français tentent l’exercice et TV5 a fait remarquer que la force Barkhane et ses quelques 4 500 militaires français, peine à légitimer son action. Pis, les populations locales ne voient pas d’amélioration dans la lutte contre les groupes jihadistes et acceptent difficilement la présence d’une force étrangère. La Télé francophone a fait le constat qu’au Mali, notamment, les soldats français sont de plus en plus critiqués.
En rencontrant des populations des zones dans lesquelles les soldats français mènent des opérations, le ton monte d’un écran. Nous avons fait le constat d’une certaine déception. “Dès que nous communiquons avec les soldats français, le lendemain, nous sommes surpris de la présence des groupes terroristes”, nous a confié un notable de Goundam, il y’a quelques mois.
Pour avoir la confiance de la population, Barkhane a initié des actions civilo-militaires. Mais ce qui est frappant, des attaques terroristes n’ont pas cessé et les populations éprouvent des réelles difficultés pour se déplacer. Récemment, des habitants d’un campement ont été la cible des balles des militaires français. “Nous avons la nette impression que les militaires français sont dans une logique de coloniser. Le travail qu’ils effectuent nous fondent à croire qu’ils visent d’autres objectifs que de lutter contre le terrorisme”, nous a fait part cet habitant de Gossi qui ne comprend pas surtout le fait que chaque jour les résidants de son campement sont obligés de se faire fouiller par des soldats de Barkhane. “Ici, ils nous prennent tous pour des suspects. Ils n’ont aucune attache avec la population locale. Même les petites consultations médicales qu’ils ont commencées ne se font plus. Il y a de plus en plus une grande méfiance avec les militaires français”, regrette un habitant de Gao.
Barkhane parle de succès
Régulièrement, l’opération Barkhane fait le point des actions sur le terrain. Par exemple, la situation militaire du théâtre du 4 au 10 août 2019 montre que la force Barkhane poursuit son effort dans la région du Liptako-Gourma. Elle consolide les acquis dans le Liptako et instaure la même dynamique dans le Gourma en appuyant les forces partenaires par le biais d’opérations conjointes et en agissant au profit de la population. Barkhane annonce que dans le sillage des précédentes opérations réalisées dans cette région, le Groupement Tactique Désert n°1 (GTD-1) “Belleface”, agissant avec deux compagnies des Forces Armées Maliennes, a mené une opération de contrôle de zone dans le Gourma, du 25 juillet au 3 août. Articulé en deux sous groupements tactiques désert (SGTD), le GTD-1 s’est engagé avec ses partenaires maliens dans cette opération dans le but de perturber le dispositif des GAT dans cette région et de maintenir la pression sur ces groupes terroristes.
Les FAMa à la rescousse !
Les Forces armées maliennes au cœur de l’action : En engageant deux compagnies, soit l’équivalent de 20% des effectifs de l’opération, les soldats maliens ont apporté une part essentielle de la force déployée, leur permettant d’opérer en autonomie. Ils ont ainsi manœuvré en tête du dispositif franco-malien à plusieurs reprises, notamment lors des missions de reconnaissance effectuées. En agissant en coopération avec le GTD-1 dans cette zone, ces compagnies ont démontré la capacité et la détermination des soldats maliens à combattre aux côtés de Barkhane. Deux sous-groupements tactiques soutenus par des moyens aériens et logistiques. Du côté de la force Barkhane, les deux sous-groupements tactiques étaient équipés de Véhicules Blindés de Combat d’Infanterie (VBCI) mais également de Véhicules Haute Mobilité (VHM) à chenilles, dont la plus-value en saison des pluies s’est révélée essentielle. Les VHM disposent en effet d’une mobilité et d’une capacité de franchissement adaptées qui leur ont permis notamment de mener un raid autonome dans la profondeur visant des refuges GAT. Par ailleurs, une grande variété de moyens aériens a également été engagée dans cette opération : des avions de chasse Mirage 2000, des moyens de renseignement comme les drones Reaper, ainsi que des hélicoptères d’assaut et de manœuvre. Enfin, le GTD-1 a bénéficié d’un soutien logistique conséquent grâce à un raid logistique notamment. Objectif rempli contre les GAT L’opération a permis de saisir plusieurs ressources des GAT, notamment des motos et de l’armement.
Dans cette opération de charme, Barkhane parle d’une manœuvre autour et dans plusieurs villages, combinée au ratissage d’un grand nombre de lieux qui a perturbé les zones d’approvisionnement des terroristes opérant dans la région. En appui aux populations, les militaires français et maliens ont également veillé à soutenir et à rassurer par leur présence la population. A ce titre, une assistance médicalisée a permis à plusieurs dizaines d’habitants de consulter le personnel militaire du service de santé de la force Barkhane et des forces maliennes.
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