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Lutte contre le djihadisme : Les chasseurs ont pris la relève dans la Commune rurale de Sy

Par Mali Tribune

Depuis le départ des Forces armées et de sécurité, la sécurité de l’inter-fleuve de San et toute la Commune rurale de Sy est désormais assurée par les chasseurs traditionnels « Donso ».

En plus de traverser l’inter-fleuve, il faut encore dépasser 4 villages pour arriver à Sy. Il s’agit de Bèlènitiê, Tikaba, Dougouni et Tronkolola. Ils constituent les 35 kilomètres qui séparent le cercle de San de la Commune rurale de Sy et sont tous sécurisés par les chasseurs. Les Donsos sont présents dans chaque coin et recoin du village et sécurisent les cérémonies.

« Grâce à eux, nous sommes à l’abri des djihadistes et nos enfants vont normalement à l’école. Les agents de la gendarmerie qui assurent la sécurité ont quitté les lieux laissant derrière eux des Donsos et en leur remettant même des bals réels. Sans les chasseurs, nous les jeunes auraient été tous des rebelles », explique Zoumana Boïté, agriculteur.

Nos sources ont indiqué que plusieurs peulhs étaient enrôlés dans le djihadisme d’où leur renvoie du village par les chasseurs. Parmi-eux, beaucoup auraient été massacrés et depuis lors le reste se sont installés à San. Peulhs ou déguisés, les malfaiteurs perturbent l’ordre public en causant toutes sortes de banditismes à Sy.

« A cause de l’insécurité, beaucoup se déguisent pour voler des motos, du bétail et aussi violaient les femmes. La nuit, ils pénétraient avec audace la demeure des femmes célibataires ou veuves sous prétexte qu’ils venaient pour causer. Depuis que nos chasseurs se sont levés pour lutter, ils ont fui immédiatement le village. Beaucoup se sont réfugiés à San et aujourd’hui le cercle de San est confronté de plus en plus à des nids de bandits », relate Assétou B., habitante de San.

Selon nos informations, des règles et mesures de sécurité ont été établies par les « Donsos » pour la protection de la population. Ces règles sont définies par une stricte restriction des mobilisations des villageois.

A 18 heures, personne n’est autorisé à traverser l’inter-fleuve. Ils ont interdit les promenades inutiles et la circulation des véhicules, motocyclistes à partir de 21 heures et les piétons à partir de minuit. La violence conjugale a été interdite et est durement sanctionnée.

« Nul homme n’a le droit de causer du tort à sa femme et aucune fille n’est autorisée de renoncer à son époux ou à son fiancé. Les filles qui renoncent à leurs maris sont sévèrement punies souvent avec leurs mamans », révèle Assétou avant d’ajouter que ces règlements ont permis la réduction de divorce dans le village.

« Etre chasseur Donsos relève des héritages ancestraux. L’objectif principal de ce métier est d’assurer la sécurité, la résolution et la prévention des différents problèmes des communautés ou de la nation. Aujourd’hui on ne devient plus Donsos par simple plaisir mais plutôt pour atteindre les objectifs cités dans ce métier. Notre souhait est juste d’apaiser le climat social de notre pays et non de massacrer inutilement nos frères ou nos voisins. Nous avons constaté que l’insécurité grandissante dans notre village était due aux mauvaises opinions et des mauvais voisins. Nous prions Dieu pour le maintien de la paix et l’entente sociale. C’est à nous de nous donner les mains pour combattre les ennemis », affirme Fakôrô Boïté, chef Donsos de Tinèni.

Il précise que le djihadisme est une réalité mais à son avis leur cas se définit plutôt comme des querelles inter-voisinage. Il invite les plus hautes autorités à assumer leur part de responsabilité.

Selon Fakôrô, « l’équipe des chasseurs du village de Tinèni gouverne à peu près 400 soldats Donsos qui couvrent 63 villages ». Par contre, il informe que de milliers de soldats constituent les chasseurs des villages de l’inter-fleuve.

Les villages ont retrouvé de la tranquillité et la paix grâce à leurs efforts, mais les chasseurs ne sont pas sans dangers ni d’autres difficultés tels que le manque de munitions qui coûte 350 F CFA l’unité.

« Tous les Donsos sont égaux et solidaires. Peu importe l’appartenance ou la provenance d’un village, nous sommes appelés et engagés à résoudre les difficultés de tout type de communauté car nous sommes une seule et unique famille », assure le chef des Donsos de Tinèni.

Youssouf Konaté, Sous-préfet de l’arrondissement de Sy, félicite la bravoure et l’engagement des chasseurs. Par contre, il regrette les dérapages et incidents causés durant la lutte contre l’insécurité.

« C’est vrai que les chasseurs ont contribué à l’apaisement du climat social dans l’inter-fleuve mais ils ont commis des exactions envers certaines populations. C’est une question très délicate. Effectivement les forces de sécurité nationale ne viennent plus ici depuis plus de cinq ans et les chasseurs ont pris le relais sachant que leurs familles se trouvent dans l’insécurité. Il y a eu des dérapages mais force est de reconnaître que c’est grâce aux chasseurs que les populations font des va-et-vient sans être inquiétés », explique M. Konaté.

 

Fatoumata Kané

(envoyée spéciale)

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