Lutte contre la fistule obstétricale : Un nouveau centre de soins à KOULIKORO
Les populations de Koulikoro et singulièrement les femmes se sont fortement mobilisées hier pour célébrer la Journée internationale pour l’élimination de la fistule obstétricale. Cette mobilisation a été agrémentée par l’inauguration par la Première dame, Mme Keïta Aminata Maïga, d’un centre flambant neuf dédié à l’accueil et au traitement des femmes victimes de cette maladie handicapante et discriminatoire.
La cérémonie s’est déroulée au Centre de santé de référence de Koulikoro sous la présidence de l’épouse du chef de l’Etat et présidente de l’ONG Agir. Outre le gouverneur de la région, le général Mamary Camara, on notait également la présence du ministre de la Solidarité et de la Lutte contre la pauvreté, Hamadoum Konaté, du directeur d’Intrahealth international Mali, Dr Cheick Oumar Touré, du directeur d’Orange-Mali Brelotte Ba, de la représentante résidente de l’UNFPA au Mali, des autorités administratives et politiques de Koulikoro.
Le centre a été réalisé au sein du Centre de santé de référence de Koulikoro pour un coût de 55 millions de Fcfa, financé par Orange-Mali. Le bâtiment est composé de quatre salles d’hospitalisation avec une capacité d’accueil de 20 lits, une salle de soins, une salle de consultation, un bureau pour le surveillant, un magasin et des toilettes.
L’infrastructure permettra une prise en charge permanente et de qualité pour assurer l’accès des femmes victimes de fistule. Par ce geste, la société Orange Mali apporte sa contribution aux efforts de la couverture médicale des femmes atteintes de fistule obstétricale, maladie qui, a rappelé le directeur de Orange-Mali, porte une grave atteinte à la santé, la dignité, aux droits, au respect et à l’avenir des femmes, quant on sait le rôle essentiel que joue la femme dans nos sociétés.
Lutter contre la fistule, c’est cimenter à nouveau le tissu social dans nos pays, a-t-il indiqué. « Orange Mali contribue depuis 2009 à la lutte contre la fistule obstétricale à travers des dons de kits chirurgicaux, de kits de dignité et aussi avec la construction, l’équipement d’un premier centre d’accueil et d’hébergement des femmes victimes de fistule obstétricale au sein de l’hôpital de Sikasso, le tout pour un budget de plus de 80 millions de Fcfa », a expliqué le directeur de Orange-Mali. La fondation a travaillé pour toutes ces réalisations en étroite collaboration avec le projet Fistula Mali mis en œuvre par Intrahealth international au Mali financé par l’USAID.
« La contribution de mon organisation à travers le projet USAID Fistula Mali a permis d’accroître l’accès des populations à des services de prévention et de traitement de la fistule de haute qualité. Il a été mis en œuvre dans les régions de Kayes, Koulikoro, Sikasso, Gao et dans le district de Bamako », a précisé le directeur Intrahealth international au Mali Dr Cheick Oumar Touré. Le projet en étroite collaboration avec le ministère de la Santé, les organisations de la société civile, a enregistré, entre autres résultats, 25 chirurgiens de la fistule et équipes chirurgicales formés, plus de deux millions de Fcfa de matériels et équipements mis à la disposition des sites de traitement, 1214 femmes opérées de la fistule avec un taux de fermeture de 75% au Mali.
Les statistiques de l’OMS révèlent que le nombre de femmes courant le risque d’une fistule obstétricale par an se situe entre 1804 et 2405. L’évolution du 1er plan de statistique de prise en charge globale de la fistule au Mali en 2016 a permis d’apprécier certains acquis, dont les plus importants sont, entre autres, la prise en charge de 3505 femmes souffrant de la fistule obstétricale avec un taux de fermeture totale de 67,4%, la décentralisation de la chirurgie de la fistule au niveau régional sur huit sites de traitement chirurgical.
« Malgré ces résultats encourageants, la prévention de ce fléau social reste notre baromètre d’amélioration de la santé maternelle et infantile, d’où la nécessité de plaider pour que chacun puisse jouer sa partition de façon coordonnée et concertée, car seule l’union fait la force», a souligné le ministre de la Solidarité et de la Lutte contre la pauvreté Hamadoum Konaté. Il a remercié, au nom du gouvernement, les partenaires qui accompagnent le ministère de la Santé et des Affaires sociales dans la lutte contre la fistule obstétricale. «Je crois fortement à un Mali sans fistule obstétricale comme certains pays en Afrique. Mon département soutiendra toutes les initiatives novatrices et adaptées à nos valeurs socio-culturelles dans ce sens», a assuré le ministre Konaté.
Rappelons que la fistule obstétricale est une affection handicapante et discriminatoire mal connue des décideurs et de nombreux prestataires de service. Elle reste la cause de morbidité maternelle la moins prise en charge dans les pays en voie de développement.
Amadou MAÏGA
AMAP-Koulikoro