Lutte contre la délinquance financière : Les grands voleurs sont tapis dans l’ombre du pouvoir !
Accusé de mauvaise gestion par l’opposition politique, dont il a pu copter les virulents, et les partenaires techniques et financiers qui réclament des sanctions, le régime du Président Ibrahim Boubacar Keita qui n’avait plus le choix, s’est trouvé un agneau de sacrifice en la personne de Bakary Togola, président de l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture du Mali (APCAM) et non moins, président de la Confédération des sociétés coopératives des producteurs de coton (CSCPC). L’homme est placé sous mandat de dépôt à la grande prison de Bamako depuis le vendredi 13 septembre 2019 par le Procureur du Pôle économique, Mamoudou Kassogué.
En effet, il est reproché à Bakary Togola et six autres co-accusés le détournement des ristournes de la Compagnie malienne du développement du textile (CMDT) entre 2013- 2019, estimés à 9 milliards 462 millions 152 mille FCFA, devant être distribués aux producteurs de coton. Loin de nous la prétention de vouloir défendre Bakary Togola, mais l’honnêteté intellectuelle oblige tous les Maliens à admettre que le «paysan pilote» qui cultive 3 000 ha de champ de coton, mil, mais, niébé, n’est point parmi les politiciens milliardaires de la démocratie, qui sont non seulement à la retraite, dans l’opposition et au pouvoir.
Les différents rapports du Vérificateur général et de la CASCA ainsi que le boom immobilier à Bamako et environs illustrent le degré de corruption et d’enrichissement illicite sous l’ère démocratique au Mali à partir de la 3è République en 1992. Combien de scandales financiers ont éclaté sous Alpha, ATT, et IBK qui sont resté impunis ?
On ne cesse de le rappeler, sous Modibo Keita, les Maliens avaient honte de voler les biens publics ; et peur sous Moussa Traoré. Mais depuis l’avènement des acteurs dits du mouvement démocratique au pouvoir, les Maliens n’ont ni honte, encore moins peur de puiser dans les caisses publiques de l’Etat. La mauvaise gestion des fonds publics est érigée en mode de gouvernance où corrupteur et corrompu sont convaincus qu’ils n’encourent aucune sanction. Des dossiers les plus explosifs sont classés sans suite, parce qu’impliquant certains proches du prince du jour. Plébiscité en 2013 puis réélu en 2018, pour la rigueur dont il a fait preuve tant que Premier ministre du Président Alpha Oumar Konaré, pendant 6 ans (1994-2000), le Président Ibrahim Boubacar Keita, dont le slogan de campagne en 2013 était « Pour l’honneur du Mali et le bonheur des Maliens » avec des promesses fermes de bannir la corruption et la mauvaise gouvernance, s’est vite émoussé face à la furia des prédateurs financiers dont les siens. Jamais la corruption et la mauvaise gestion n’ont atteint des proportions aussi inquiétantes que sous le règne d’IBK. Selon le Pr Issa Ndiaye, le propos du président Modibo Keïta : « quand les propriétaires deviennent les spectateurs, c’est le festival des brigands», n’a jamais été aussi vrai tant il colle à la réalité du Mali du Président IBK. Aussi, soutient-il : « la corruption, la gabegie et le népotisme qui s’opéraient hier avec ruse, se sont étalés au grand jour comme pour braver le slogan salvateur prônant l’année 2014, déclarée l’année de lutte contre la corruption. En fait, les tonitruantes surfacturations et lugubres affaires de malversation, sont le fait de collaborateurs en qui le Président Ibrahim Boubacar KEITA avait placé toute sa confiance et qui l’ont cyniquement trahi », de « ceux qui auraient dû faire profil bas, raser le mur pour ne pas dire s’exiler dès l’avènement au pouvoir d’un homme de la stature d’IBK », pire même des «détracteurs dont la gestion documentée est encore disponible, qui s’érigent en moralisateurs de la gestion publique et défenseurs de l’intérêt de notre peuple ».
En tout cas, la levée de boucliers contre Bakary Togola serait un réveil tardif, et sélectif. A moins que la dynamique se poursuive avec le déclenchement des dossiers plus explosifs et l’arrestation des caïmans plus gros tapis dans les eaux troubles de la plus haute sphère de l’Etat. A défaut, le régime fera les frais s’il s’entête à vouloir protéger ces vampires qui sucent impunément le sang des Maliens depuis des années.
La Rédaction
LE POINT DU MALI