L’Ukraine se prépare aux combats les plus sanglants depuis le début de la guerre: avec quelles conséquences?
Meguetan Infos
Ukrainiens et russes se préparent aux combats les plus sanglants depuis le début de la guerre. Il n’y a pas de doute: le grand affrontement va avoir lieu. Mais plusieurs questions restent en suspens: quand? À quoi va mener cet affrontement? La fin du conflit est-elle proche? “Si cela tourne mal pour la Russie, Poutine devra peut-être sacrifier son chef d’état-major”, explique le professeur David Criekemans dans les colonnes de Het Laatste Nieuws.
Les conséquences de l’offensive russe attendue seront vraisemblablement désastreuses, les combats résulteront assurément en un bain de sang jamais vu depuis le début de l’invasion. Tous les analystes se rejoignent sur ce point. Oleksiy Danilov, secrétaire du Conseil de défense et de sécurité nationale d’Ukraine, l’a de nouveau répété lors d’une récente interview sur la chaîne britannique Sky News.“Le chemin pour en arriver ici a été long et laborieux, mais je pense que les affrontements les plus difficiles sont à venir”, a-t-il dit.
Renseignements des alliés occidentaux
Selon le professeur de sciences politiques David Criekemans (UAntwerpen et KU Leuven), cette prophétie a de grandes chances de s’accomplir. “Un énorme affrontement est à venir”, assure-t-il. “Les deux côtés s’y préparent. Les Russes comptent sur la force du nombre, la qualité de leurs équipements laissant à désirer. Ils tireront certes peut-être 50.000 à 60.000 grenades par jour, mais ce sont des armes classiques. L’Ukraine, de son côté, possède une artillerie et des armes de grande qualité, et peut également compter sur les renseignements pourvus par les alliés occidentaux.”
Le professeur Criekemans évoque également les 140 à 160 chars que doit recevoir l’Ukraine. “On doit prochainement s’attendre à voir de plus en plus de combats entre chars, comme cela fut le cas lors de la Seconde Guerre mondiale”, annonce-t-il. “Cela va de pair avec une intensification des affrontements et, de fait, avec des pertes humaines considérables.”
Après l’hiver, le sol sera encore, pendant une certaine période, quelque peu boueux. C’est seulement après cette phase que les chars et autres matériels roulants pourront circuler sur le terrain.
Professeur David Criekemans, UAntwerpen et KU Leuven
En résumé, l’Ukraine devra faire face à une bataille bien plus sanglante que celle à laquelle elle était habituée jusqu’à présent. Il est cependant moins évident de prévoir son commencement, étant donné que cela dépend de variables aussi triviales que la météo. “Après l’hiver, le sol sera encore, pendant une certaine période, quelque peu boueux. C’est seulement après cette phase que les chars et autres matériels roulants pourront circuler sur le terrain. Les mois de mars et d’avril seront déjà à nos portes. L’année dernière, la Russie a envahi l’Ukraine le 24 février, ce qui est assez tôt, et ils ont finalement utilisé prioritairement les routes principales”, explique ainsi Criekemans.
“Agir avant l’arrivée des chars”
“Il se pourrait bien que les Russes lancent à nouveau leur offensive fin février (…) Certains analystes soulignent qu’il est dans l’intérêt de la Russie d’agir maintenant, avant que les chars et autres équipements occidentaux n’arrivent en Ukraine, ce qui représentera un bien plus gros problème. Il faut tout de même qu’une telle offensive soit réalisable, bien sûr. Cela dépendra, entre autres, des 125.000 nouvelles recrues qui s’entraînent à l’instant même où nous parlons et quand elles seront prêtes à être envoyées sur le front. Il est impossible de prédire le début des affrontements étant donné que cette offensive dépend de tellement de facteurs différents.”
L’Ukraine a demandé à ce qu’on lui livre 300 à 400 chars de combat, mais seuls 150 lui ont été promis. Cela leur permettra de réussir à rester debout, de se défendre, mais pas beaucoup plus.
Professeur David Criekemans, UAntwerpen et KU Leuven
“Mais une escalade arrive, il n’y a pas de doute là-dessus”, poursuit le professeur Criekemans. Mis à part le quand, une deuxième question se pose: à quoi cet affrontement va-t-il mener? L’un des deux camps remportera-t-il la guerre suite à cette victoire militaire? Ou bien est-ce trop s’avancer sur l’impact réel d’un tel succès? “Je pense que ces affrontements sanglants vont aboutir à une impasse. L’Ukraine a demandé à ce qu’on lui livre 300 à 400 chars de combat, mais seuls 150 lui ont été promis. Cela leur permettra de réussir à rester debout, de se défendre, mais pas beaucoup plus. Nous ne leur avons donné aucun missile longue portée qui leur permettraient de les envoyer sur les territoires russes, ni aucun matériel leur donnant la possibilité de reconquérir rapidement la Crimée. De tels scénarios ne mèneraient qu’à une plus grande instabilité politique en Russie, ce qui pourrait pousser Moscou à utiliser des armes chimiques par exemple.”
Le président Vladimir Poutine devra alors peut-être sacrifier son chef d’État-major général des forces armées, Valeri Guerassimov.
Professeur David Criekemans, UAntwerpen et KU Leuven
Sacrifier son général de guerre
Cette grande confrontation à venir n’est pas les prémices de la fin de la guerre, selon le professeur Criekemans. Il ne pense pas que ces affrontements donneront un avantage certain à l’une des deux parties, même si ces dernières croient fortement à une solution militaire, les poussant ainsi à se préparer du mieux qu’ils peuvent. “Le dénouement de cette offensive sera très important pour la suite de la guerre”, nuance-t-il. “Si celle-ci se retrouve totalement dans l’impasse, et que l’armée russe subit de fortes pertes, cela aura des conséquences politiques importantes à Moscou. Le président Vladimir Poutine devra alors peut-être sacrifier son chef d’état-major général des forces armées, Valeri Guerassimov.
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