Lutter contre le Covid-19, et déjà prévenir la prochaine crise sanitaire. Des discussions importantes ont lieu à Genève. L’Organisation mondiale de la santé est réunie en session spéciale pour créer un traité sur les pandémies. L’OMS s’est insurgé, par ailleurs, contre les restrictions frappant l’Afrique australe après ses révélations sur le variant Omicron.
C’est la deuxième fois de son histoire que l’OMS se réunit en session spéciale, explique notre correspondant à Genève, Jérémy Lanche. Celle-ci arrive au milieu d’une vague de contaminations au coronavirus en Europe, et quelques jours seulement après la révélation, par des scientifiques sud-africains, de l’existence du variant Omicron.
Alors que de plus en plus d’États se barricadent face à cette nouvelle menace, l’OMS appelle au contraire à laisser les frontières ouvertes, notamment avec l’Afrique du Sud. Pour l’organisation mondiale, ces mesures sont contre-productives.
Si un pays déclare l’émergence d’un nouveau variant sur son sol, et qu’en réponse tous les autres le mettent à l’écart, le risque à l’avenir, c’est que très peu jouent le jeu de la transparence. De surcroît, ces restrictions n’ont pas empêché le variant B1.1.529 de se répandre, puisqu’il a d’ores et déjà été identifié sur plusieurs continents du monde.
Face à cette menace dont on peut encore mesurer précisément ni la contagiosité, ni la pathogénicité, faute de recul, l’OMS plaide plutôt pour une remise à plat des accords internationaux allant vers plus de coopération. C’est précisément le sens de la session.
En premier lieu, il y a la question de l’accès aux vaccins : si le partage n’est pas équitable, avec d’un côté des pays protégés et de l’autre des États ou le virus circule, cela pose d’abord un problème éthique, et c’est prendre le risque de voir émerger de nouveaux variants. Cela fait des mois que l’OMS alerte sur ce sujet. Omicron montre que le constat était le bon, constate Simon Rozé, en charge des questions scientifiques à RFI.
À lui seul, le variant Omicron est donc un plaidoyer pour la création d’un traité sur les pandémies, estime Tedros Ghebreyesus. Le patron de l’OMS en veut pour preuve avec cette multiplication de fermetures unilatérales de frontières avec l’Afrique australe.
« On doit remercier l’Afrique du Sud et le Botswana d’avoir séquencé et identifié le variant, pas les pénaliser, dit-il. Et Omicron démontre pourquoi nous avons besoin d’un traité sur les pandémies. Parce que le système actuel n’encourage pas les États à alerter les autres des menaces qui vont inévitablement arriver chez eux. »
Un traité n’empêchera pas les égoïsmes nationaux. Mais pour ses partisans, il aurait le mérite de mieux coordonner la riposte et le partage d’informations en cas d’émergence d’un nouvel agent infectieux, avec l’envoi automatique d’experts sur le terrain.
On en est pour le moment encore loin. Car le consensus qui semble se dégager à Genève ces dernières heures ne dit rien du contenu du futur traité. Les négociations pourraient durer des mois, voire des années. Avec une possible entrée en vigueur qui ne sera pas programmée avant 2024.
RFI