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L’œil de Le Matin : Une approche rassurante malgré la complexité des défis

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«Nous comptons vraiment sur le staff de l’EDM pour sortir de cette crise énergétique» ! C’est ainsi que s’est exprimé le Premier ministre, Général Abdoulaye Maïga, lors de sa rencontre avec la direction et le personnel d’Énergie Mali (EDM-SA) le 5 décembre 2024. Mali. Accusés (sans présomption d’innocence pour la majorité d’entre eux), les cadres et les agents se retrouvent subitement remis au centre de la recherche de solutions à la crise énergétique sans précédent que notre pays traverse depuis de longs mois.

Comme promis lors de son premier passage, le PM est revenu le 5 décembre 2024 (avec les ministres de l’Energie, de l’Economie et des Finances, du Commerce et de l’Industrie) pour rencontrer les responsables d’EDM ainsi que des acteurs sociaux et économiques, notamment des représentants des secteurs pétroliers, bancaires et miniers. Il s’est agi de dégager des orientations consensuelles pour résoudre de manière pérenne la crise énergétique en s’appuyant sur un examen minutieux des mécanismes nécessaires pour y parvenir.

Cette démarche est en totale rupture avec celle qui était jusque-là observée de la part de l’exécutif. Conscient que la voie empruntée ne pouvait mener qu’à une nouvelle impasse, le Général Maïga en a choisi une autre. Un choix éclairé par ses expériences managériales. Faire preuve de leadership est l’une des qualités essentielles chez un manager. Et un leader doit avoir cette capacité d’amener chaque élément de son équipe à transformer ses défauts en qualité, ses faiblesses en force en le mettant en confiance.

Mais, il est difficile de trouver une porte de sortie quand on arrive dans une boite avec des préjugés comme​ ils sont «tous des voleurs ou des malhonnêtes». Cela ne peut avoir d’autres résultats que de braquer tout le monde contre toi, même ceux qui avaient été écartés de la gestion pour des raisons subjectives, malgré leur compétence, vont se méfier puisqu’ils sont mis dans le même sac que ceux qui ont combattu leurs idées ou leurs stratégies managériales.

Un adage de chez nous dit que le berger peut conduire le troupeau avec un seul bâton. Mais, au manager, il faut un bâton pour chaque membre de son équipe pour pouvoir tirer le meilleur profit du collectif. Le Général Abdoulaye Maïga a vite compris qu’il ne pourra pas résoudre la crise énergétique en diabolisant tout le monde à EDM. Il a donc fait le choix de l’introspection individuelle et collective en responsabilisant la Direction générale et le personnel à proposer des solutions à partir de leur vécu, de leur compétence, de leur expérience, de leur expertise, de leur diagnostic sans distinction aucune. ​Personne n’est discriminé​e​ ou exclu​e.

Toutes les solutions sont également utiles à condition qu’elles respectent bien sûr les principes fondamentaux qui régissent désormais les relations de notre pays avec ses partenaires. Il s’agit notamment du respect de la souveraineté du Mali ; de celui des choix stratégiques et des choix de partenaires opérés par le Mali ; et de la défense des intérêts du peuple malien dans les décisions prises.

Cette approche du PM a eu le mérite de détendre l’atmosphère, de faire baisser la pression au sein du personnel requinqué par cette confiance retrouvée. Quelle que soit leur responsabilité dans la décadence de la société, il est utopique de vo​uloir redresser une société en écartant le personnel qui connaît le problème mieux que quiconque. Un vrai leader ne prend de décision unilatérale en faisant fi des intérêts et des préoccupations de ceux qui sont sur la première ligne.

Malheureusement, des décisions pareilles ont émaillé l’actuelle à travers des mesures avec «effet immédiat». Ce fut le cas par exemple de la suspension d’exportation de produits oléagineux (karité, arachide, soja et sésame) annoncée le 3 octobre 2024. Il devait pourtant être clair que, sans mesures d’accompagnement et des réflexions poussées, cette décision pouvait avoir des conséquences sur le secteur. Elle pouvait par exemple «contrarier l’élan de production» de ces filières. Sans compter le manque à gagner pour les acteurs de ces filières, notamment les producteurs et les transporteurs. Pour éviter cela, il aurait par exemple fallu rencontrer en amont le Collectif des acteurs des filières  pour écouter leurs préoccupations et leurs suggestions.

Mais, l’erreur est humaine et en commettre n’est pas forcément une preuve d’insouciance, d’indifférence ou d’incompétence. C’est persévérer dans l’erreur qui peut créer ses sentiments. Aussi faire preuve d’humilité est-elle une valeur cardinale du leadership. Comme le dit un expert en management, il n’est pas «toujours évident de se faire à cette idée quand on a l’habitude d’entendre qu’un manager doit être sûr de lui pour pouvoir inspirer la confiance de ses collaborateurs et les guider vers l’atteinte de leurs objectifs». Pourtant, conseille-t-il, «l’humilité est une qualité rare pour un manager qui doit être capable de se remettre en question en hésitant pas à demander à ses équipes de l’évaluer pour envisager des améliorations possibles».

Même si nous ne voyons pas de traces d’études philosophiques dans son impressionnant CV (pour son jeune âge), nous avons tendance à croire que Abdoulaye Maïga est un adepte du «Discours de la méthode». Nous voulons parler de ce texte philosophique publié anonymement par le philosophe René Descartes à Leyde le 8 juin 1637. Cette méthode a le mérite de vouloir éviter l’erreur et trouver la vérité. Comme l’explique un «foulosophe», pardon un philosophe, elle (méthode) se présente à la fois comme un effort de la volonté pour conjurer la paresse et la précipitation. Elle privilégie une démarche de l’intelligence pour construire le vrai, pour mieux appréhender les défis afin d’y apporter des solutions pérennes.

En tout cas, à travers ses premiers actes, le Général de division Abdoulaye Maïga démontre qu’il est conscient des défis et de leurs enjeux, et qu’il est  déterminé à faire bouger les choses, à faire bouger les lignes afin de renouer la confiance (confiance aux autorités en place) avec le peuple ; redonner espoir aux Maliens en les rassemblant et non en les divisant. Il revient alors à chacun de nous de l’accompagner dans ce sens. Rappelons nous surtout que, comme le rappelle souvent l’acteur américain Samuel Johnson, «les grandes choses ne se font pas par la force, mais par la persévérance» !

Moussa Bolly

Le Matin

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