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L’incroyable fête de la Tabaski !

A quelques jours de la fête de Tabaski, les marchés sont de plus en plus inondés. Des parcs à moutons en passant par le grand marché de Bamako, pour les habits et autres articles de fête, les choses bougent dans la difficulté. Si les moutons se font un peu rares à cause de la crise qui sévit dans les localités d’approvisionnement (les régions de Mopti et Ségou), les commerçants du grand marché, quant à eux, gèrent difficilement avec leurs clients qui estiment que les moments sont durs et parlent de la flambée des prix.

Au grand marché de Bamako, l’on se bouscule bien !

Comme à l’accoutumée, le grand marché de Bamako reste l’un des endroits les plus animés à la veille de chaque fête. Là où les habits, les chaussures et bien d’autres articles de parures sont vendus. A notre passage, les clients se bousculent très bien devant des vendeurs impatients.

Mouna Djiré est vendeuse de poisson au grand Marché. Elle s’inquiète pour l’achat des habits de ses enfants. «En tant que mères de famille, nous avons les mêmes soucis que les hommes. C’est vrai que ces derniers achètent le mouton comme le réclame l’islam, mais les gens ne fêtent pas qu’avec la viande. Aujourd’hui si tu as deux ou trois enfants, c’est tout un tas de problèmes pour pouvoir régler leurs besoins pour la fête. Et ce sont des enfants, si tu ne le fait pas, ils ne vont jamais comprendre », a-t-elle témoigné.

Quant à Mohamed Diakité, c’est la flambée du prix au marché qui le dérange. « Nul ne peut ignorer les difficultés que les parents endurent. Imaginez pour la fête de Tabaski qui arrive, seulement deux mois et quelques jours après le Ramadan. C’est forcement une autre dépense qui se pointe. Pour quelqu’un qui prend déjà en charge une famille, comment il peut se préparer pour faire face aux défis ? Comme on le dit en islam, il faut seulement placer sa foi en Dieu sinon c’est très délicat. L’autre inquiétude, c’est aussi la flambée des prix au marché. Que ce soit le mouton, les habits, tout augmente en un seul coup », a-t-il souligné.

Chez les vendeurs, on se plaint de la timidité du marché. « Vous allez, peut-être, penser que nous qui vendons au marché, avons tout. Moi, je vous dis non ! Les choses sont presque les mêmes pour les uns que les autres. Ici, je vends des habits et ailleurs, je vais acheter du mouton et d’autres choses. C’est pourquoi nous devons comprendre que nous ne rendons les choses chères que pour nous-mêmes. Mais, il faut comprendre également que c’est la période où la demande est forte. C’est pour cette raison que les prix flambent également chez les grossistes et c’est ce qui fait que le prix augmente aussi sur le marché.

Donc, c’est toute une chaine. Je pense que l’Etat peut faire quelque chose pour équilibrer et stabiliser les prix sur le marché. Ce qui est sûr, nous sommes tous des citoyens et nous sommes tous fautifs et victimes quelque part », a précisé Youssouf Sinaba, dit vieux, vendeur d’habits et divers au grand marché de Bamako.

Toutefois, il y a également ceux qui pensent qu’on peut célébrer les fêtes musulmanes sans faire de l’extravagance. « Il faut comprendre avant tout qu’il s’agit là d’accomplir un pilier de l’islam, à savoir la prière. Dieu a bien précisé en disant ‘’de faire ce qui est possible pour nous’’. Il ne faut donc pas faire quelque chose parce que les autres le font. Tu peux faire un repas et égorger un mouton si tu as la possibilité, mais Dieu n’a dit à personne de ne pas fêter si tu n’as pas de Bazin à porter. Il faudrait qu’on sache raison garder et faire les choses de la manière la plus simple pour nous », a déclaré El Hadj Ousmane Guindo, un client que nous avons rentré au marché.

Les moutons se pointent avec difficultés !

Selon plusieurs vendeurs, cette année, il n’y a pas assez de moutons comme les années précédentes. Autre constat, lors de notre passage dans ces différents parcs, les acheteurs n’étaient pas encore aux rendez-vous. Alors une seule question taraude les esprits : Cette rareté est-elle due au manque de moyen financier des chefs de familles ou alors à la cherté de cet animal (mouton) tant convoiter en cette approche de fête ?

Daouda Traoré, un vendeur au parc de Lafiabougou, tente d’y répondre : « Cette année le marché est moins ravitaillé que l’année dernière. La situation est due aux conflits et à l’insécurité qui sévissent dans le centre et le nord du pays. Car, ce sont de ces zones que viennent pratiquement les moutons, particulièrement au centre (Mopti et Ségou), à travers les Peulhs et les Dogons. Donc à cause de la crise dans ces différentes localités, les parcs sont moins approvisionnés cette année contrairement à l’année précédente à la même période.»

Selon lui, le transport des moutons coûte également très cher à l’approche de la fête. A cela, s’ajoutent aussi les tracasseries routières et les aliments bétails, dont le favori reste le tourteau dont le prix peut hisser jusqu’à 15. 000 ou 16. 000 F CFA le sac de 50 kg. Ainsi parlant du prix du mouton, Daouda Traoré a précisé : « En temps normal, le mouton qui peut être cédé à 100.000F CFA, est vendu maintenant jusqu’à 200. 000 ou 250.000F CFA. »

Quant à Issa Traoré vendeur au même parc de Lafiabougou, dont les moutons viennent de Nara, Bankass et Koro, cette année le marché est très lent, comparativement à celui de l’année passée au même moment. « L’année précédente, au même moment, j’avais déjà les poches pleines, mais aujourd’hui, non seulement les moutons se font rares à cause de l’insécurité, mais aussi à causse de l’absence des commerçants des pays frontaliers comme la Guinée, le Sénégal et la Côte d’Ivoire qui ont peur de venir s’approvisionner dans notre pays. Ces deniers étaient souvent prêts à payer nos moutons à un prix deux fois plus cher pour les animer chez eux. Aujourd’hui, leur absence joue négativement sur notre marché », a-t-il témoigné.

Contrairement à Daouda Traoré et Issa Traoré, Malamine Fofana, vendeur au parc de Sans Fil, ne voit pas une différence entre le marché de cette année et celui de l’année passée. « Que ce soit la situation du marché ou des prix, il y a pas de différence entre l’année passée et cette année. Car, quelques clients viennent déjà acheter sans poser de problèmes liés aux prix ou à la qualité des moutons », a-t-il témoigné. Partout où notre équipe de reportage s’est rendue, les prix des moutons varient entre 40 000 et 400 000 FCFA.

Entre la flambée des prix et les difficultés financières, la fête de Tabaski de cette année risque d’être célébrée en défaveurs des chefs de famille.

Amadou Basso et Fatoumata Dicko Diako

Source : Afrikinfos-Mali

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