L’impact du trafic de drogue dans le conflit du Nord-Mali
Dans le nord Mali, la plupart des groupes armés dépendent aujourd’hui financièrement et logistiquement du narcotrafic. Le trafic de drogue y est en plein essor et crée des rivalités et des affrontements entre les forces en présence, ce qui engendre un niveau de violence sans équivalent dans toute la sous-région et menace la bonne application de l’Accord de Paix inter-malien de 2015. C’est le constat que dresse le dernier rapport de l’International Crisis Group (ICG), une organisation non gouvernementale de référence sur l’analyse des conflits armés dont nous publions ici quelques extraits.
« Le nord du Mali n’est pas une zone de production de drogue, ni même la seule zone de transit dans l’espace ouest–africain. Pourtant les conséquences du narcotrafic sur le pays sont sans équivalent dans la région. Depuis les années 2000, le narcotrafic a joué un rôle dans le développement de formes et de niveaux de violence armée inédits. Dans un contexte d’affaiblissement de l’Etat central et de montée des insurrections armés, y compris djihadistes, les trafics de drogue sont devenus à la fois un enjeu central et une ressource essentielle des luttes qui redéfinissent les rapports de force politiques dans le Nord du pays ». Extrait du rapport «Narcotrafic, violence et politique au Nord du Mali» de l’ICG.
Le narcotrafic dans le conflit
Pour illustrer cette situation, le rapport évoque une opération française Serval du 23 février 2013 sur la petite localité malienne d’In-Khalil située à la frontière algérienne. Ce jour-là, des avions de l’opération Serval bombardent un convoi armé de combattants djihadistes – qui s’apprête à prendre In-Khalil – pour venir en appui aux forces du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) qui s’est déployé peu avant dans cette ville. Le MNLA étant une force qui a ponctuellement combattu aux côtés des troupes françaises. Mais très vite, une autre version des faits apparaît: l’attaque des djihadistes contre le MNLA révèle une histoire plus complexe. D’après des témoignages recueillis par l’ICG, « Les éléments ciblés étaient au service de commerçants arabes qui voulaient récupérer des biens pillés par des trafiquants et coupeurs de route touareg, en particulier issus de la tribu Idnan, avec lesquels ils se disputent le contrôle du point de passage entre l’Algérie et le Mali dans la zone d’In-Khalil et de Bordj Moktar. Ces commerçants estiment leurs pertes à plusieurs milliards de francs CFA (plusieurs millions d’euros), pour l’essentiel des véhicules mais aussi, selon des sources proches de ces milieux, des cargaisons de drogue ».
… suite de l’article sur RFI