L’hôpital Gabriel Touré: « La prise en charge du malade se négocie selon sa poche, son statut social et même son niveau d’intelligence », Djimé Kanté
Loin d’être satirique comme laisse percevoir certaines expressions placées çà et là, cette note de Djimé Kanté, porte-parole du syndicat de l’un des plus grands hôpitaux du pays, Gabriel Touré, est révélatrice de maintes pratiques indignes d’un si grand centre de santé vers lequel ruent la quasi-totalité des habitants de Bamako et des villes environnantes. En un mot lisez l’intégralité de la réaction !
« Moi je travaille dans l’un des plus grands hôpitaux du Mali depuis 17 ans. Il s’agit de l’hôpital Gabriel Touré. C’est un hôpital de 3èmeRéférence. Il consulte plus de 150.000 personnes par an. J’y suis régulièrement soigné de même que ma famille. J’ai vu plusieurs médecins et autres personnels y mourir faute de prise en charge approprié.
Le saviez-vous ?
Des cliniques privées, des labos et pharmacies poussent autours de cet hôpital comme des champignons parce-que les promoteurs savent que l’état a démissionné dans la dotation de cet hôpital en matériel indispensable pour la prise en charge de vos enfants, les leurs se soignant ailleurs.
Quelques exemples pour alerter sur la mort prochaine de l’hôpital Gabriel Touré.
– Pas de papiers juste pour prescrire
– Pas de simple gants pour soigner
-l’alcool est un luxe
-le scanner est fréquemment en panne et peut faire souvent 1 an d’arrêt
– La fibroscopie est une vielle histoire
– La mammographie, l’EEG, l’anuscopie n’existent pas,
– Le labo fréquemment en manque de réactifs d’où l’impossibilité de faire souvent une simple numération (Nfs)
-Des enfants y meurent d’hypothermie faute de lampe chauffante
– Des femmes encore en 2019 y laissent la vie sur la table d’accouchement,
– la morgue reçoit par semaines un nombre inimaginable de corps,
-Le Budget de Fonctionnement qui passe du milliard à 200 millions comme pour dire « MOUREZ » !
– Les travailleurs courent régulièrement derrière leur salaire, primes et indemnités
Voulez-vous que je continue ?
Si Gabriel Touré Respire encore un tout petit peu, c’est grâce au syndicat et à quelques agents très soucieux du sort des malades qui payent souvent de leur poche ou emprunte de quoi faire face aux urgences.
À l’hôpital Gabriel TOURE où je travaille je ne suis pas fier de tout ce qui s’y passe.
Tout n’est pas sombre
Un nouveau Directeur est nommé (L’ancien mérite la guillotine, le nouveau sera jugé en fonction de son résultat). Un nouveau Ministre est à la tête du Département. Des chantiers sont ouverts, des promesses faites (même si elles tardent). Des dizaines de bénévoles auteurs d’arnaques, de vol et d’autres manquements graves ont été interdit d’accès à l’hôpital. Des Sit-in du personnel pour, on l’espère obtenir le stricte minimum sont en cours depuis le 15 juillet et pourrait aboutir au dépôt d’un préavis de Grève dans la semaine si rien n’est fait.
Gabriel TOURE est un hôpital important au Mali. Chacun de nous peut s’y retrouver à tout moment s’il se trouve sur le sol malien.
« An gasiran Allah gnè » (ayons peur de Dieu. Nous sommes tous de potentiels malades).
Le saviez-vous ?
Le malade vit le martyr dans nos hôpitaux, le coupable à un nom et les causes bien connus:
– Certains personnels soignants s’adonnent à des pratiques que nul ne saurait encourager dont je ne saurais être fier. (Ceux qui me connaissent savent le combat que je mène dans ce sens).
– Le Système, les infrastructures, le plateau technique, la qualité de la formation, le nombre de personnel qualifié mis à disposition des structures font que nos centres de santé ne sont même pas dignes de soigner des animaux de certains pays à plus forte raison des êtres humains.
– Les responsables mis souvent à la tête des grands hôpitaux n’ont même pas la compétence requise pour diriger certains petits Centres de santé communautaire (Un bon médecin n’est pas forcément un bon gestionnaire d’hôpital).
– Les patients sont tellement impatients, corrupteurs et le médecin tellement négligent et cupide souvent que certains soins ne peuvent aboutir qu’à une aggravation du cas.
– Aucune différence entre certains hôpitaux et le marché « Dabanani » de Bamako. La prise en charge du malade se négocie selon sa poche, son statut social et même son niveau d’intelligence (les Soninkés sont les plus escroqués). Le lieu et la rapidité de ta prise en charge dépendront du nombre de billet dans ta poche ou de la « longueur de ton bras ».
– Le désir ardent de s’enrichir vite. Des faux résultats d’analyses sont souvent donnés à des patients, les hôpitaux sont rempli de bénévoles de carrières. Certains y travaillent depuis plus de 30 ans et même leurs conjoints ne savent pas qu’ils n’y exercent pas officiellement. Ces bénévoles sont riches. Ils vous dirigeront vers le privé, voleront vos médicaments, multiplieront par 10 voire 50 le prix de certaines prestations. Ils sont puissants et sont capables de faire relever certains Directeurs.
– Ceux qui doivent assurer aux citoyens une prise en charge adéquate quand ils tombent malades, ne se soignent pas dans nos hôpitaux. Ils ont peur d’y attraper une autre maladie plus grave tellement les conditions d’hygiènes sont mauvaises.
Badjimé
« Je n’exagère rien. Je ne suis contre personne. Je le jure ! »
NB : le chapeau introductif et les titres sont de la Rédaction
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