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Lettre à Alpha Oumar Konaré : Manassa se donne, de nouveau, en spectacle !

Après avoir failli à sa mission de garant de la Constitution malienne, la Cour constitutionnelle du Mali, celle qui a qualifié l’insécurité au nord du Mali de « résiduelle » en 2017, se donne à des jeux politiques. À travers sa lettre appelant l’ancien président de la République Alpha Oumar Konaré d’être au-devant d’un « sursaut national », Manassa Danioko se donne en spectacle.

L’insécurité résiduelle en 2017, la violation des textes lors de la présidentielle passée, l’autorisation de la prorogation du mandat des députés, et maintenant une lettre adressée à un ancien président de la République en vue de lui demander de participer au Dialogue national en cours, les dérapages de la Cour constitutionnelle sont nombreux. Elle accomplit rarement ce qui lui est demandé, mais très prompte à se mêler dans une affaire qui n’est pas la sienne.

Le mardi dernier, à la grande surprise des Maliens, une lettre de la Cour constitutionnelle de Manassa Danioko, adressée à l’ancien président de la République du Mali, Apha Oumar Konaré, a parachuté sur les réseaux sociaux. Dans laquelle lettre elle parle de la nécessité d’un « sursaut national » face à la crise multidimensionnelle et elle invite les anciens dirigeants à être au-devant. Manassa Danioko et compagnie disent être dans leurs missions en souhaitant « la participation entière » de Apha Oumar Konaré « aux initiatives en cours pour la préservation de la cohésion et de l’unité nationale, le vivre ensemble qui a toujours caractérisé le Malien, pour l’ensemble national y compris les générations futures afin que vivent le Mali éternel que nous ont légués nos illustres devanciers ».

Cet appel lancé à l’ancien président de la Présidente de la République Alpha Oumar Konaré fait-il partie des missions de la Cour constitutionnelle ? Question ! Dans sa lettre, Manassa Danioko a fait référence à l’article 85 de la constitution de 1992 qui stipule : « La Cour Constitutionnelle est juge de la constitutionnalité des lois et elle garantit les droits fondamentaux de la personne humaine et les libertés publiques. Elle est l’organe régulateur du fonctionnement des institutions et de l’activité des Pouvoirs publics ». Son acte, à travers la lettre à Alpha, correspond –il au pouvoir qui lui est donné par cet article ? Question !

Si la présidente moins crédible de la Cour constitutionnelle estime que cet article de la loi fondamentale du Mali l’autorise à appeler des anciens présidents à participer et être au-devant d’un « sursaut national », beaucoup d’experts trouvent qu’elle a dérapé. L’avocat et l’ancien ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Mamadou Ismaïla Konaté, très surpris, avait commencé à penser que ladite lettre de la Cour constitutionnelle était un « fake » tellement que le dérapage était flagrant. « Ce n’est ni le rôle, ni la mission de cette institution, chargée du contrôle de la conformité des lois à la constitution, veiller au fonctionnement régulier des institutions, superviser les élections. Or, le contenu de cette lettre est intensément politique », a rétorqué Me Mamadou Ismaïla Konaté sur son compte Twitter.

Sur les réseaux sociaux, les réactions ont été intenses. Les internautes n’ont pas fait de cadeaux à Manassa Danioko. Nombreux sont ceux qui l’accusent de se mêler du jeu politique.

Par la faute de ses membres, la Cour constitutionnelle du Mali devient peu crédible !

De 2017 à nos jours, les dérapages des membres de la Cour constitutionnelle du Mali ont décrédibilisé cette institution de la République, garante de la loi fondamentale du Mali. Qui ne se rappelle pas de l’histoire de l’insécurité « résiduelle » en 2017 avec la tentative échouée de la révision constitutionnelle ? Pendant que les membres du mouvement An tè A Banna se sont référés à l’article 118 pour refuser la révision de la constitution, Manassa a qualifié l’insécurité de « résiduelle ». Depuis, la crédibilité de la Cour constitutionnelle a été mise en cause, en tout cas par le plus grand nombre de Maliens.

Comme si cela ne suffisait pas, les violations des textes lors de la présidentielle passée ont été dénoncées par des candidats. Ce n’est pas tout : quelle institution a autorisé la prorogation du mandat des députés, pourtant jugée « illégale » ? C’est bien cette Cour constitutionnelle.

Si la Cour constitutionnelle doit résoudre des problèmes au Mali, c’est bien le problème de la violation des lois par elle-même. Elle doit chercher à accomplir ses missions que de s’immiscer sur le terrain politique. Elle doit jouer pleinement son rôle et faire en sorte que la constitution du Mali ne soit pas violée.

En tout cas, cette lettre est une énième sortie ratée de Manassa Danioko. Elle se crée plus de problèmes qu’elle n’en résout. Au moment où les gens ont commencé à les oublier après leur plainte contre Boubacar Yalkoué dans l’affaire des « 500 » millions, Manassa et compagnie se ridiculise encore à travers cette lettre adressée à Alpha Oumar Konaré.

Boureima Guindo

Source : Le Pays

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