Les voyous de la république au Mali : La vertueuse démocratie a tourné à la mise en place d’une mafia à la sicilienne
Meguetan Infos
Lisez le livre de Montaldo “Les voyous de la République” qui décrit par le menu détail la mafia politico-financière prédatrice des ressources publiques sous Mitterand et vous comprendrez beaucoup de choses sous les tropiques francophones à partir de 1990. Selon lui , les voyous de la République en France sont ” Méconnus du grand public, toujours impunis et dans l’ombre. À cause d’eux, des centaines de milliards d’argent public s’envolent, et les scandales sont de plus en plus dévastateurs”.
Contrairement à la France, moi je dis que les voyous de la République au Mali et ceux présumés comme tels sont au contraire “connus du grand public, toujours impunis et font feu de tout bois. À cause d’eux, des centaines de milliards d’argent public se sont et seraient envolés, et les scandales sont de plus en plus dévastateurs. Ils sont nombreux à vouloir briguer la magistrature suprême”.
Au Mali, durant trente ans, la vertueuse démocratie a tourné à la mise en place d’une mafia à la sicilienne caractérisée par une collusion d’intérêts entre des fonctionnaires indélicats et des pans entiers du secteur privé au mépris de la misère du peuple, et de la mémoire des martyrs de la révolution de mars 1991. Immorale et abjecte posture lorsque l’on se rappelle que le but de cette révolution était de mettre fin à 23 ans de règne sans partage du Général Moussa Traoré et Famille Moussa et Intimes (FMI).
Les voyous de la République du Mali ou présumés tels, dont l’impunité, n’a d’égale que l’arrogance de nouveaux nantis sortis du néant, ont fait que la lutte pour la démocratie a perdu tout son sens dans la perception collective des maliens”. En effet, aujourd’hui au Mali, démocratie rime avec vol et impunité, autant lors des élections que dans la gestion des deniers publics.
Il s’est installé dans la société des valeurs morales inédites. Est maudit, celui qui, par chance ou par compétence vient aux affaires et en sort modeste, pour vivre sa modeste vie d’antan. Est béni de Dieu et de ses contemporains le bourreau de la république qui devient le prince tandis que le vertueux serviteur est perçu comme un paria !.
La position du Mali dans le classement des pays sur le climat des affaires (Doing Business), 164 en 2019 sur 190 pays n’a cessé de se dégrader d’années en années, particulièrement sous l’ère IBK.
La défense et la sécurité du pays sont mises à mal faute d’armements et d’équipements adéquats. Il n’y a plus un système éducatif digne de ce nom. La plupart des unités de santé à tous les échelons sont des mouroirs.
D’élections en élections, l’inextricable réseau des voyous de la République et présumés tels se densifie et acquiert une expertise jamais égalée au Mali dans dilapidation des deniers publics comme l’atteste les différents rapports des services et organismes de contrôle.
Parallèlement, il est créée une institution dite Haute Cour de la Justice pour protéger ou rendre difficile la poursuite de ceux des voyous perchés au sommet de L’État. Les morts de nos soldats au front, le martyr des populations livrées à elles-mêmes face au terroristes et aux djihadistes, les cris de détresse des parents d’élèves ne semblent pas réveillé une machine judiciaire en panne ou interdite de fonctionner. Même le pourfendeur du mouvement démocratique semblait avoir trouvé meilleure utilisation pour sabre désormais consacré à couper du beurre primatorial au petit déjeuner !
Aussi, devenait incompréhensible le silence du colonel, “imperturbable patriote” qui comme dépassé par les événements regardait faire et laissait dire! Tout le Mali attendait un acte qui concrétisera le discours de la rupture, après celui de la continuité des engagements internationaux tenu au CNT.
Mais voilà que subitement, la machine judiciaire s’est mise en marche, peut- être qu’elle n’avait fait qu’une pause forcée tant les forces obscures et prédatrices sont puissantes.
Une des figures emblématiques de la lutte pour la démocratie et la justice tombe ! Démocratie et justice dont les maliens sont toujours à la quête !
Un des fondateurs de L’ADEMA Parti Africain pour la Solidarité et la Justice tombe ! Solidarité et Justice dont les maliens sont toujours à la quête !
Un des symboles de la modernisation des services des renseignements au Mali tombe!
L’un des plus emblématiques personnages du mouvement démocratique a été incarcéré le jeudi 25 août 2021. Inculpé et placé sous mandat de dépôt à l’issue de sa convocation devant la section judiciaire de la Cour suprême. Cet homme, c’est Soumeylou Boubeye Maiga, puisqu’il faut le nommer !
Le motif
Présumé coupable pour des délits relatifs à deux affaires remontant à 2014 : celle de l’achat de l’avion présidentiel et celle des contrats d’équipements militaires. Les sommes évoquées donnent le tournis, et se comptent en centaine de milliards de FCFA.
Pour rappel, un milliard, c’est quand même mille millions ! L’aménagement d’un ha de terre en zone Office du Niger coûte 5 millions de FCFA, l’un des plus bas en Afrique !
Soumeylou Boubeye Maïga, à lui seul, incarnait les 30 années de démocratie au Mali. Il est entre les mailles de la justice et le malien lambda pense que c’est ce qu’il fallait faire depuis longtemps ! Mais alors, quelle génération avons- nous été ? Quel désastre avons- nous contribué à créer dans ce pays au point qu’un élève pense que “le féminin de voyou est voyelle”! Eh Allah !
Fort heureusement, il bénéficie de la présomption d’innocence jusqu’à son procès. Mais si sa culpabilité venait à être établie à la faveur d’un procès, alors 50% des partis politiques actuels doivent disparaître et les 3/4 des membres de leurs bureaux nationaux mis à la retraite!
En attendant, les dirigeants des partis politiques doivent avoir honte, et faire leur mea culpa. Ils n’ont pas cherché à endiguer la corruption et la gabegie, au contraire, ils sont dans des alliances chaque fois renouvelées au gré des opportunités et selon les humeurs du prince du jour.
Ils doivent faire preuve de responsabilité en accompagnant toute action allant dans le sens de la raison d’être d’un parti politique sérieux à savoir la bonne gouvernance et le bannissement de l’impunité.
Aujourd’hui, les partis politiques doivent activement soutenir la transition et militer pour une prolongation de sa durée afin que la gouvernance soit assainie de même que le climat des affaires. La transition prolongée doit remettre l’armée à niveau afin que l’État soit effectivement présent sur toute l’étendue du territoire national.
Il ne faut pas tomber dans l’amalgame ou le susciter, celui qui consiste à faire croire que la chasse contre les démocrates est ouverte. Même s’il s’agit de Boubeye !
Il faut reconnaître un fait, depuis longtemps, il n’était plus le même, le Tigre du lycée Badala ou Boubeye, le téméraire, invectivant Moussa Traoré. Le Tigre était grisé par le pouvoir et est devenu méconnaissable.
Les partisans de Boubèye doivent raison garder. Les personnalités politiques, civiles et militaires susceptibles d’être entraînées dans la chute éventuelle de Boubeye doivent raison garder et savoir que force doit rester à la loi. À la défense de Boubeye de faire son travail. Professionnellement. Aux maliens de faire confiance à la justice et la soutenir. Aux professionnels du droit de dire le droit, rien que le droit. C’est bien, peux mieux faire !
Seydou Traoré ancien ministre de l’agriculture
Le Pouce