Le Mali et le Burkina connaissent une grave crise sécuritaire dont témoigne le nombre de réfugiés des deux pays. Les populations de toutes les communautés, confrontées au terrorisme jusque dans leurs villages, continuent pourtant à partager tout ce qu’elles ont. Malgré leur grande pauvreté, les communautés des deux pays ont ouvert leur porte et offert protection à ceux qui fuient le terrorisme. Les incidents de Mentaone ne doivent pas affecter la détermination de nos deux pays. Nous voulons la même chose : la paix, un avenir pour nos enfants et la fin du terrorisme djihadistesur nos terres.
Selon une enquête du Haut-Commissariat pour les Réfugiés (HCR), le Mali accueille des milliers de réfugiés burkinabè fuyant les violences, à Gao et à Tombouctou, tandis que le Burkina accueillerait 20 000 réfugiés maliens dans des camps dans la région du Sahel. Dans les deux pays, des mesures d’assistance et de sécurité ont été renforcées pour ces victimes indirectes du terrorisme. Les autorités travaillent pour intégrer au mieux ces derniers dans les communautés locales, par exemple en développant des programmes d’éducation pour les enfants.
Les FAMa et les Forces de défense et de sécurité doivent continuer à assurer leur mission de lutte contre le terrorisme dans ces régions où les réfugiés sont les plus nombreux. Les terroristes ont bien compris qu’ils pouvaient profiter de cette situation : tout le monde le sait, certains se dissimulent parmi les réfugiés des camps. A la frontière de la Mauritanie, les terroristes de Kouffa n’hésitent pas à recruter parmi les jeunes désœuvrés de Mberra. Il est possible que ce soit la même chose dans des camps du Burkina ou du Mali. Nos armées, qui sont en train de se reconstruire, doivent agir avec discernement. Les incidents comme ceux de Mentao contribuent à discréditer soldats et gendarmes et à jeter dans les bras des terroristes les plus influençables des réfugiés. Ces incidents feront l’objet d’une enquête pour établir les responsabilités de part et d’autre, a précisé le gouvernement burkinabè, et toutes les dispositions ont donc été prises pour éviter que de tels faits ne se reproduisent plus. Nous ne pouvons que nous en féliciter. Mais, comme le rappelle un ministre, « les espaces humanitaires ne sauraient servir de base ou de refuge pour des terroristes ». Nous ne devons pas l’oublier.
Compatriotes dans la misère, les réfugiés maliens et burkinabè de Mentao et d’ailleurs ont un destin commun : celui de vies sur une terre étrangère, dans des conditions souvent difficiles. On ne doit pas selaisser aveuglé par les terroristes qui cherchent à se dissimuler parmi eux : les réfugiés ne sont pas des terroristes. Ce sont des victimes des terroristes. L’oublier serait faire le jeu de ceux que nous combattons.
Issa Bâ
