Par société civile, les sociologues entendent généralement les organisations de la vie sociale qui prétendent défendre les intérêts des masses laborieuses supposées exploitées par les services publics et les sociétés et entreprises privées.
Tous les régimes politiques du Mali, de 1960 à ce jour eurent leurs organisations civiles de la société. Sous le régime de l’US-RDA(1960-1968), elles se résumèrent aux mouvements politiques encadrés par le parti unique, à savoir la centrale unique UNTM, le Commissariat à la jeunesse qui fonctionnaient comme des succursales du parti et les organisations paysannes affiliées au parti. Un obscur mouvement des femmes, lié au parti, existait à côté de ce dispositif et complétait le tableau de la vie sociale.
Après environ 8 ans de dépolitisation de la vie publique décidée par le CMNL, en 1974, suite au référendum de cette même année sur cette constitution, l’UDPM, parti unique constitutionnel, revint sur les textes du régime défunt en les adoptant au contexte. De cette manière l’UNTM reprit vie, de même que le mouvement des jeunes sous le nom de l’Union nationale des Jeunes (UNJM) et celui des femmes rebaptisé union nationale des Femmes du Mali (UNFM.)
Bref, l’UDPM, à court d’idée, ne fit que tripatouiller les anciens textes pour se donner une virginité entachée de vieilleries dont la moindre fut sans doute de choisir entre le capitalisme et le socialisme, les 2 seules voies de développement possibles à l’époque.
L’UNTM, l’UNFM et l’UNJM ne firent que fonctionner comme des caisses du parti unique constitutionnel et l’accompagnèrent dans tous ses errements politiques et économiques.
Les évènements de mars 1991, en faisant dissoudre la constitution de 1974 et les organisations sociales y affiliées, permirent à la constitution de février 1992 de mettre en place un nouveau cadre d’existence des organisations de la société civile appelé organisations de la société civile (OSC).
Mais progressivement, de 1992 à 2002 et de 2013 à ce jour, les OSC ne firent que suivre les différents gouvernements dans leurs dérives politiques, administratives et économiques. Les idées basiques qui légitimaient leur existence furent vite oubliées et détournées au profit des intérêts personnels. Si l’UNTM tente encore de résister aux pressions des gouvernants, en revanche plein de pans de la société civile leur sont soumis.
Les rues de Bamako sont pleines de commérages dénonçant le concubinage entre tel député et telle grande dame d’une organisation de la société civile ou de tel ministre avec telle baronne.
En un mot, la société civile malienne actuelle marche comme sur les pas des « Fourberies de Scapin » de Molière. Suite à une cascade de coups d’Etat entre 2012 et maintenant, ces fameuses organisations de la société civile ont perdu toute crédibilité en raison de leur gourmandise financière.
Si le terme société civile est bien d’origine occidentale et fonctionne bien dans ces pays, chez nous cela relève de la mimique grotesque. De la même manière si la société civile occidentale se montre indépendante de la classe politique, en revanche dans nos néodémocraties, elle y apparait comme des partenaires naturels.
Honoré de Balzac, dans « Illusions perdues » énonçait, nous paraphrasons, quand les sentiments, les intérêts et la politique se rencontrent sur le même chemin, c’est le peuple qui, à coup sûr en fait les frais.
Facoh Donki Diarra
(Ecrivain)
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