Les FARE se prononcent sur le cadre de concertation nationale “Nous rejetons le cadre unilatéral mis en place…”
Dans un document, dont nous avons pu nous procurer une copie, le parti Forces alternatives pour le renouveau et l’émergence (Fare) a livré son analyse sur le Cadre de concertation nationale du 17 janvier dernier. Selon la déclaration, un décret 0020/PM-RM a été pris, portant création d’un Cadre de concertation nationale en deux formations, politique et technique. Et ce cadre est consulté sur des questions limitativement énumérées dans l’article 2 dudit décret.
Le document rappelle que sur la forme, lors de la visite de travail que le Premier ministre a rendu, en novembre 2018, au siège des Fare, les cadres du parti lui ont fortement déconseillé une telle démarche. “Les projets antérieurs de révision s’inscrivaient, disons, dans une dynamique d’amélioration, de quelques innovations de notre constitution. Mais aujourd’hui, après la grave crise multidimensionnelle, où les institutions ont été ébranlées, où les Maliens s’interrogent sur leur démocratie – ils ne la rejettent pas- sur la crise de l’Etat, il est important de faire une introspection pour, à la lumière de cet exercice, tout refonder et se donner une nouvelle infrastructure institutionnelle. Le format Comité d’experts ne sied plus. Il faut changer de logiciel, revenir aux Maliens à travers un dialogue national refondateur”, peut-on lire dans la déclaration.
Sur le fond, les Fare diront que rien de ce qui est envisagé n’est sous-tendu par une vision, un projet cohérent de réformes structurelles dont le Mali ne saurait faire l’économie pour une sortie de crise durable. En effet, précise le document, les éléments de réforme sélectionnés dans le décret sont sans vision globale réformatrice et pourraient nous entraîner vers ce dont le gouvernement actuel a besoin, mais certainement pas, vers ce dont le Mali en crise a besoin.
L’Etat interpelé sur sa capacité à délivrer les services de base et les multiples tracasseries dont les populations sont l’objet
Par exemple, une préoccupation aussi cruciale que la crise de l’Etat est occultée alors que partout sur le territoire, l’Etat et ses démembrements sont interpelés sur leurs capacités à délivrer les services de base, sur les spoliations, les multiples tracasseries dont les populations sont l’objet, sur la sécurité, la justice … “Elles ne se reconnaissent pas dans l’Etat tel qu’il fonctionne. Or, la grave épreuve que le pays connaît doit aboutir à une prise de conscience citoyenne et à un sursaut national qui permettront de donner à notre démocratie, l’Etat fort, juste et efficace dont elle a besoin”, a déclaré le parti.
Selon les Fare, à défaut de la légitimité d’un vrai débat national refondateur, il n’y a aucune raison que le parti s’inscrive dans ce Cadre de concertation nationale unilatéral qui exclut les Maliens aspirant à être acteurs de leur avenir et de celui de leur pays.
“Nous ne saurons cautionner une telle dynamique où la fuite en avant le dispute à la course de vitesse, au moment où il est question pour les Maliens de parler avec lucidité de ce que nous sommes aujourd’hui, de proposer des réponses endogènes aux maux dont souffre le pays, sur comment refonder, aborder les institutions dans lesquelles nous nous reconnaissons, comment établir les règles du jeu économique, politique et social qui feraient que les Maliens, véritablement, arriveront à ce qu’ils veulent : un Mali de l’effort, de l’entente, un Mali en paix avec lui-même. En raison de ce qui précède et au-delà du fait que ses textes d’application omettent le parti FARE, nous rejetons le Cadre de concertation nationale unilatéral mis en place“, mentionne le document.
Etablir un diagnostic sur la gravité de la situation
Dans la déclaration, le parti FARE s’inscrit dans une logique plus vaste de refondation institutionnelle par un véritable dialogue national, différent du dialogue politique, réducteur par le contenu, par les acteurs et par la portée. Pour le parti, il se réfère à la tribune “Le Temps des Réformes” publiée le 13 novembre 2018 et à la déclaration sur la révision constitutionnelle du 22 janvier 2019, le processus qui conduira le Mali à une véritable sortie de crise structurelle, durable et refondatrice ne pourra faire l’économie d’une prise en compte déterminée et d’un traitement de fond de l’ensemble des causalités ayant engendré la crise. Le Mali en crise a besoin d’un programme de redressement sur différents plans.
Aussi, poursuit le document, sous l’impulsion du président IBK, le gouvernement et les forces politiques et sociales réunis en Conférence, doivent avoir la lucidité de poser les jalons d’une véritable sortie de crise structurelle de notre pays. Ainsi, ensemble, ils doivent, par un accord politique, établir un diagnostic partagé de la gravité de la situation, des enjeux, défis et périls, et de nos vulnérabilités structurelles. Aussi, ils doivent entre autres : définir les termes d’un processus malien solide et durable de sortie de crise et dont la pierre angulaire est le dialogue national refondateur, décider du report des élections législatives pour une durée en cohérence avec la conduite des réformes institutionnelles et structurelles dont le pays a besoin.
“A travers cet accord politique, ils doivent arrêter un pacte de stabilité pour la sécurité, la croissance et le développement, tenir un dialogue national refondateur devant arrêter les orientations majeures dont les Maliens conviendront quant à l’avenir du pays, l’infrastructure institutionnelle de notre Etat, nos réponses aux exigences de l’intérêt général et aux frustrations dont souffrent les populations au quotidien, définir la mise en œuvre des réformes institutionnelles et politiques prioritaires issues du Dialogue national et les agendas électoraux requis. Nous devons tout faire pour que le Mali demeure cette Nation debout qui a fait la fierté de générations et de générations de patriotes “, a conclu la déclaration.
Boubacar PAÏTAO