Les chefs d’état au Mali : Quels enjeux ?
Après la tentative d’arbitrage ou négociation du médiateur de la Cédéao entre le président de la République Ibrahim Boubacar Keita et le M5-RFP. Une forte délégation de la Cédéao et quelques chefs d’Etat de la sous-région ont effectué de nouveau une visite au Mali. Quels sont les enjeux de cette visite ?
UBA MALI
Youssouf Yago, politologue, pense que les économies étant liées, les frontières étant “poreuses”, une instabilité politique dans un pays aura forcément des conséquences sur les Etats membres. Il s’agit donc de travailler à garantir la paix et la stabilité au Mali afin qu’il puisse faire face notamment à la menace terroriste grandissante aux effets contagieux les pays limitrophes voire au-delà mais surtout d’empêcher toute rupture de l’ordre constitutionnel car “une menace contre la stabilité d’un pays de la Cédéao est une menace contre la stabilité de tous”.
Par ailleurs, “la Cédéao a toujours estimé que les conflits, les coups d’Etat et l’instabilité ont un impact assez négatif sur la région et ses peuples, raison pour laquelle plusieurs instruments juridico-politiques ont été mis en place pour la prévention, la gestion, le règlement des conflits, le maintien de la paix et de la sécurité. Les différentes missions effectuées au Mali s’inscrivent dans la dynamique de la stabilité du Mali et de l’ensemble de la région”, affirme-t-il.
Il ajoute par la suite, qu’il convient de préciser qu’il s’agit de la troisième mission de la Cédéao en l’espace d’un mois pour trouver une issue favorable à la crise malienne. La première mission dite ministérielle conduite par le Président de la Commission M. Jean-Claude Kassi Brou avait formulé certaines recommandations dont les principales étaient la mise en place d’un gouvernement consensuel d’union nationale tenant compte des recommandations du Dialogue national inclusif et l’organisation d’élections partielles dans les circonscriptions dont les résultats ont fait l’objet de révision suite à l’arrêt de la Cour constitutionnelle. La deuxième mission de haut niveau conduite par SEM Goodluck Jonathan, ancien Président de la République Fédérale du Nigéria après s’être entretenue avec l’ensemble des parties prenantes a formulé des recommandations qui s’apparentent à la mise en œuvre pratique des propositions de la mission ministérielle.
Cela n’a pas réussi à calmer les contestations dans la rue car les conclusions de cette mission ont été rejetées par le M5-RFP. Cette énième mission de très haut niveau même si elle n’est pas forcément celle de la dernière chance sera très capitale et devra ou doit permettre de concilier les positions car le prolongement de cette crise sociopolitique risque d’être assez dramatique pour le Mali, mais également pour l’ensemble de la sous-région.
En fin, il trouve que : la composition de la délégation atteste de l’importance des enjeux et des dangers d’un prolongement possible de la crise au-delà du Mali si une issue rapide n’est pas trouvée. Les chefs d’Etat de la Côte d’Ivoire, du Sénégal, du Ghana, Niger et du Nigéria vont surement réaffirmer l’un des grands principes de la Cédéao à savoir l’opposition de l’organisation sous régionale à tout changement anticonstitutionnel de gouvernement et tenter de décrisper la situation en insistant sur les dangers sécuritaires, politiques et économiques si la crise venait à s’inscrire dans la durée.
Aminata Agaly Yattara