Les administrateurs civils ont marché hier à Bamako : «Nous exigeons la libération des représentants de l’Etat pris en otage »
Hier, jeudi 15 octobre 2020, les syndicats de la Plateforme d’action commune, en l’occurrence : le Syndicat autonome des Administrateurs civils (SYNAC), le Syndicat libre des Travailleurs du Ministère de l’Administration territoriale (SYLTMAT), le Syndicat des Travailleurs des Collectivités territoriales (SYNTRACT) et le Comité syndical des Agences de Développement régional (CS-ADR), ont organisé à Bamako, une grande marche pacifique pour demander la libération des otages civils et militaires, notamment des représentants de l’Etat et des travailleurs des collectivités territoriales. « Nous exigeons la libération des représentants de l’Etat pris en otage ; nous déplorons l’inertie et le silence coupables des pouvoirs publics face aux enlèvements et assassinats des représentants de l’Etat », pouvait-on lire sur les pancartes et banderoles que détenaient les manifestants.
Ladite marche a démarré à 9 heures au Monument de l’Indépendance de Bamako, en passant par le Rond-point de l’ENSUP (Ecole normale supérieure), le CICB (Centre international de conférence de Bamako) pour prendre fin à la Primature où une déclaration a été lue et remise au premier ministre, Moctar Ouane.
Furieux de l’enlèvement de leurs collègues, les administrateurs civils étaient dans la rue hier pour interpeller les pouvoirs publics. Des centaines de personnes (avec leurs tenues de représentant de l’Etat accompagnées de béret) ont pris part à cette marche pacifique de protestation contre l’enlèvement des représentants de l’Etat et des agents des collectivités territoriales.
Sur les pancartes et banderoles, on pouvait lire : « A bas une libération sélective des otages maliens » ; « Nous exigeons la libération des représentants de l’Etat pris en otage » ; « Nous réclamons la libération des otages représentants de l’Etat et des agents des collectivités territoriales » ; « Les administrateurs civils ne sont pas des ennemis de l’Etat » ; « Nous déplorons l’inertie et le silence coupables des pouvoirs publics face aux enlèvements et assassinats des représentants de l’Etat ».
Ladite marche a démarré à 9 heures au Monument de l’Indépendance de Bamako, en passant par le Rond-point de l’ENSUP (Ecole normale supérieure), le CICB (Centre international de conférence de Bamako) pour prendre fin à la Primature. Arrivés à destination, une déclaration conjointe des syndicats de la plateforme d’action commune (SYNAC, SYLTMAT, SYNTRACT et CS-ADR) relative à la demande de libération des otages civils et militaires, notamment des représentants de l’Etat et des travailleurs des collectivités territoriales, a été lue par le secrétaire général du Syndicat autonome des administrateurs civils (SYNAC), Ousmane Christian Diarra puis remise au premier ministre, Moctar Ouane, chef du gouvernement. Dans cette déclaration, Ousmane Christian Diarra a mis l’accent sur la Constitution du 25 février 1992 qui stipule que : « La personne humaine est sacrée et inviolable…
Tout individu a droit à la vie, à la liberté, à la sécurité et à l’intégrité de sa personne…Tous les Maliens naissent et demeurent libres et égaux en droits et en devoirs ». Selon lui, les gouvernants ont pour mission première, dans tous les pays du monde, de défendre les intérêts nationaux et de veiller au bien-être de leurs concitoyens. Pour lui, c’est une obligation pour l’Etat d’assurer la sécurité et la protection des représentants de l’Etat ainsi que de tous les agents publics dans l’exercice de leurs fonctions.
Le PM, Moctar Ouane, promet d’examiner la doléance des marcheurs
Ousmane Christian Diarra a dénoncé les conditions de vie et de travail exécrables dans lesquelles les « autorités maliennes et leurs classes politiques ont délibérément plongé les administrateurs civils, les représentants de l’Etat et les travailleurs du ministère de l’Administration territoriale depuis l’avènement de la IIIè République ». En outre, il a regretté la non-reconnaissance des énormes sacrifices consentis quotidiennement par les administrateurs civils, les représentants de l’Etat et les travailleurs du ministère de l’Administration territoriale pour l’édification d’un Etat crédible au service de la Nation. Selon lui, il y a une méconnaissance par les gouvernants successifs jusqu’à ce jour, du rôle déterminant des administrateurs civils, des représentants de l’Etat et des travailleurs du ministère de l’Administration territoriale dans l’affirmation de la présence de l’Etat, la consolidation de l’unité nationale et de la stabilité sur toute l’étendue du territoire national, notamment par la défense de l’intérêt général.
« Considérant l’inacceptation, méprisante et discriminatoire, des autorités à exprimer une pensée affectueuse et émue à l’endroit de tous les otages civils et militaires sur les médias d’Etat, au lieu d’un seul otage en raison de son rang social et de son poids politique ; les syndicats de la Plateforme d’action commune rappellent que de 1990 à nos jours, ce sont vingt (20) préfets et sous-préfets, ainsi que treize (13) membres de leurs familles qui ont été tués au service du Mali par les forces du mal, c’est-à-dire les rebelles et les terroristes ; de 2018 à 2020, huit (08) préfets et sous-préfets ont été enlevés par des ravisseurs dans l’exercice de leur fonction, dont Ali CISSE et Drissa SANOGO toujours en détention ; une dizaine de secrétaires généraux et régisseurs de mairies sont retenus tous depuis plus d’une année ; déplorent avec la plus grande consternation la non libération des otages civils et militaires maliens, notamment les représentants de l’Etat et agents des collectivités territoriales », a souligné le secrétaire général du SYNAC.
Par la voix de Ousmane Christian Diarra, les syndicats de la Plateforme d’action commune expriment « leur totale incompréhension devant l’indifférence, le mépris et l’absence d’empathie des autorités maliennes face aux désespoirs des otages, les souffrances de leurs familles et l’angoisse de leurs collègues ; dénoncent, avec colère et frustration, la libération de plus de 200 terroristes aux mains maculées de sang malien au profit principalement d’otages occidentaux et dérisoirement d’un seul compatriote ; expriment leur déception, leur humiliation et leur indignation face à cette priorisation des otages occidentaux au détriment des otages maliens, civils et militaires ; protestent vivement contre l’ingratitude de Mme Sophie Pétronin, ex-otage française, à l’égard d’un Etat qui a abandonné pour elle ses propres ressortissants ; se dressent contre ses insultes à la mémoire des millions de victimes de la barbarie sanglante d’hommes sans foi ni loi, qualifiés si affectueusement par elle de combattants contre l’injustice de l’Etat malien qui ne tient pas parole ».
Les syndicats exigent la libération de tous les otages civils et militaires dans les meilleurs délais et réclament, en attendant leur libération, une page de soutien et de solidarité nationale dans la grande édition de 20H de l’ORTM (office des radiodiffusions et télévision du Mali). « Enfin, Monsieur le Premier ministre, en guise de protestation, les militants des syndicats de la plateforme d’action commune décident de rendre au Chef de l’Administration malienne que vous êtes les épaulettes de la représentation de l’Etat, les stylos et papiers qui font leurs distinctions parmi les autres agents de l’Etat. Notre soif pour un Mali juste, équitable et soucieux du bien-être de toutes ses filles et de tous ses fils est inextinguible ! Vive le Mali, un et indivisible, véritablement démocratique et républicain ! », a conclu le secrétaire général du SYNAC, Ousmane Christian Diarra.
Après avoir lu la déclaration, il l’a remis au premier ministre, Moctar Ouane qui dit avoir pris bonne note des doléances et a promis de l’examiner. « Votre doléance a été bien entendue et elle sera examinée avec toute l’attention requise dans un esprit de concertation et de responsabilité. L’Etat, c’est d’abord les serviteurs, à commencer par vous », a souligné Moctar Ouane. Enfin, il a salué la noblesse et la dignité du métier d’administrateur civil et de représentant de l’Etat.
Aguibou Sogodogo