L’équipe nationale du MALI U19, Une équipe pleine de potentiels
Le Mali a ramené la médaille d’argent aux championnats du monde U19, en Grèce. En finale, l’équipe africaine a même posé problème pendant une mi-temps aux USA. Une superbe nouvelle et juste récompense pour tous les acteurs du développement du basketball sur le continent. Mais ce résultat exceptionnel est également le résultat d’une génération de prospects exceptionnelle. Scouting reports des cinq meilleurs joueurs maliens sur ce championnat.
1/ Fousseyni Drame – 2m00 – Août 2000
Pour Antoine Berranger (un des trois meilleurs bretons vivants), qui était sur place aux championnats U19, il est le meilleur prospect malien de cette génération. Après visionnage de l’ensemble des matchs, je ne peux que le rejoindre sur cette analyse. Physiquement il a impressionné par sa longueur et ses capacités athlétiques, notamment en défense.En un-contre-un, il a rarement été pris à défaut par son vis-à-vis, et quasiment jamais sans l’aide d’un écran. Très mobile latéralement, très costaud, il a défendu 3 ou 4 positions différents, sans souffrir sur les switchs. Surtout, et c’est ce qui fait la différence par rapport à la plupart des prospects sur ce championnat U19, il est excellent loin du ballon. Toujours alerte, la tête mobile, il est une menace pour l’attaque adverse même côté faible grâce à son anticipation. Notre frenchie Kenny Baptiste en a fait la douloureuse expérience.En attaque, c’est un petit peu plus compliqué notamment car le Mali ne proposait pas toujours un jeu offensif léché. Son gros point fort reste donc le jeu de transition où il a excellé à la fois par ses qualités physiques (se projette vite vers l’avant, costaud pour terminer au cercle) mais aussi par son intelligence (fait les bons choix). Autre point fort : son tir. La mécanique est compacte et régulière ; le toucher, sans être exceptionnel, n’est pas à jeter ; le lâcher de ballon est haut et relativement rapide. À trois points les chiffres (6/21) sont tronqués par quelques shoots en fin de possession en sortie de dribble, où là les limites de Drame apparaissent : mécanique irrégulière et manque de poignet notamment. En revanche aux lancers-francs (10/19) les stats devraient s’améliorer rapidement.Comme en défense, Fousseyni a montré du flair sur un terrain et allie cette qualité avec une activité incessante. Il a pris un nombre incalculable de rebond offensifs (4 par match). Dans l’ensemble, Fousseyni Drame est un vrai prospect qu’on peut imaginer en NBA, potentiel D&3 (catch and shoot uniquement). Déjà expatrié aux Etats-Unis cette année il a fait des progrès immenses, selon les rapports de son école (Our Savior New American School). S’il continue sur cette pente, n’oubliez pas son nom.
2/ Oumar Ballo – 2m08 – Juillet 2002
Il était le prospect le plus scruté côté Malien car il domine déjà depuis plusieurs années les compétitions internationales jeunes. Ballo est un avant tout une force de la nature : 2m08 et on l’imagine chatouiller les 105kg. Un physique qui lui permet de dominer la plupart de ses adversaires en puissance, ses stats l’attestent lors de ce CDM U19 : 17,6pts ; 11,8rebs ; 3,8blks. Rebond, finition de près, protection du cercle, Ballo a montré sur ce championnat les qualités de finisseur qu’on lui connait, même si, en bémol, il n’a pas la verticalité d’un DeAndre Ayton ni la mobilité latérale d’un Jaren Jackson (pour citer des exemples récents).Face au transpalette Reggie Perry (MVP du tournoi), en finale, il a eu un mal fou à scorer, privé de son habituelle moisson de rebonds offensifs. Mais il y a de l’espoir car Ballo possède de vraies mains, avec du toucher. Pas de mouvements avancés au poste bas pour lui mais quelques shoots / fadeways où li a su montrer son adresse, ce qui laisse espérer un jeu en face up, où la menace d’un tir lui ouvrira des espaces En défense, Ballo a gobé du rebond, fait sentir sa présence au cercle, mais face à des athlètes explosifs il semble manquer de verticalité (exemple face à Cuningham en finale). Parfois il a également été pris sur des replis défensifs : il n’a pas de difficultés à courir mais reste lourd dans ses déplacements. Comme la plupart des intérieurs sur ce championnat, il a trop sauté au contre. Au poste il est solide et semble apprendre petit à petit à ne pas mordre dans les feintes. On l’a rarement vu sur des switchs défendre contre des petits rapides. Sa vitesse de pieds et de hanches n’est pas optimale. Dans l’ensemble, Ballo n’a pas montré beaucoup plus que l’année dernière, ce qui pourrait devenir inquiétant au niveau de la courbe de progression. Mais Oumar Ballo vient d’avoir 17 ans, il reste donc un prospect très sérieux.
3/ Hassan Drame – 2m00 – Août 2000
Frère jumeau de l’excellent Fousseyni, il partage avec son frangin les mensurations en plus de la date de naissance. Deux mètres sous la toise et bien plus en envergure, forcément un potentiel défensif aussi haut que celui de son frère. Pour l’instant, cependant, Hassan n’a pas montré les mêmes garanties que Fousseyni. La défense sur l’homme est sa qualité première. Il est solide, long, parvient à intercepter des ballons, mettre de l’intensité, et même suivre malgré les écrans puisqu’il est relativement puissant. Il peut également switcher sur les petits intérieurs (courant en Fiba U19).En revanche, Hassan Drame est loin du QI défensif de son frangin concernant les rotations ou de l’instinct sur le rebond (7/match tout de même).En attaque, le voilà un peu plus « foufou » que son frère. Il a plus souvent porté le ballon et pris en charge la création. Il manque encore d’une dextérité adéquate pour jouer vraiment poste 2, mais Hassan a su scorer en sortie de dribble, avec une réussite mitigée, mais parvenir à le faire représente déjà une belle chose. Il sait également passer le ballon, possède un handle plus avancé que son frère (3ast/match). Le point négatif, c’est évidemment qu’il sélectionne moins ses tirs, ce qui a même parfois ressemblé à un pléonasme. En résumé moins de QI donc un plafond moins haut (selon moi) que Fousseyni, mais son activité défensive, sa capacité à provoquer des balles perdues (2,9 interceptions / match), en fait un prospect défensif extrêmement intéressant. En attaque son rôle est pour le moment difficile à définir.Il sera intéressant de suivre leur évolution et voir qui du “foufou” ou du “structuré” des frères Dramés ira le plus haut.
4/ Abdul Karim Coulibaly – 2m04 – Décembre 2000
Le croqueur de la bande, AKC était une des options principales du Mali en attaque. Grand, très costaud, il ne va ni très vite ni ne saute très haut, mais il possède un skillset offensif intéressant. Doté d’une belle main gauche il a souvent usé – et abusé – de son toucher. Résultat : une belle production offensive mais une efficacité médiocre. Capable de shooter à trois points, de driver et d’aller finir près du cercle, il est suffisamment costaud pour absorber le contact, punit les matchups favorables. Dans certaines phases de jeu travaillées il a montré qu’il pouvait faire de belles passes, notamment en relation intérieur-intérieur, même s’il n’est pas capable de les improviser. Dans l’ensemble AKC ne regarde que le cercle, manque de QI et de vision périphérique : il saura faire une passe à un équipier qui coupe, pas forcément trouver un shooteur à l’opposé. Son tir, bien que peu efficace, est difficile à défendre et paraît stable. Un shoot de gaucher « a la » Z-Bo, avec quasiment aucune élévation.Ce manque de dimension verticale l’handicape forcément en défense. Il n’est pas un gros protecteur de cercle même s’il cherche souvent à contrer en deuxième rideau, parfois trop. Ultra-solide au contact il n’a pas de problème à défendre le poste, et lorsqu’il est placé son gabarit gêne forcément la finition au cercle. Au périmètre, il s’est montré inconstant, capable parfois de tourner ses hanches et de rester devant des joueurs plus petits. D’autres fois, comme me l’a fait remarquer Antoine, il préfère risquer l’interception, rarement avec succès. Bon rebondeur, sans plus (4e de l’équipe seulement), il manque de taille pour être projeté au poste 5, et semble manquer de vitesse pour un poste 4. Son succès sera celui de son tir et la menace qu’il pourra représenter en pick and pop, car ses écrans sont extrêmement solides, du fait de ses larges épaules.
5/ Siriman Kanouté – 1m76 – Septembre 2001
Peut-être le joueur le plus rapide avec la balle de ce championnat du monde. Véritable pile électrique, Kanouté paraît complètement fou, et sa boîte de vitesse semble bloquée sur la cinquième. Cela peut représenter un problème lorsqu’on mesure 1m76 et qu’on joue meneur (5,1 ast par match en 25mn, excellent, mais 4,9 balles perdues dans le même temps). Kanouté est avant tout un shot-maker, capable grâce à son handle et sa vivacité de trouver une ligne de drive ou un tir extérieur (33% à trois points avec des tirs difficiles). Son tir en suspension lui permet de ne pas trop être gêné par la défense des défenseurs plus grands que lui. Comme beaucoup de joueurs dans ce moule, sa sélection de tirs laisse à désirer, mais il a aussi montré une belle maîtrise du pick’n roll par séquences, et un bel instinct pour jouer « off ball » (Cf. le panier qui enterre définitivement la France en demi-finale). Offensivement, Kanouté est donc une menace constante, du fait de son adresse (de loin mais aussi de près pour finir dans la peinture), de sa vitesse, de son activité. Il fait peser une pression sur la défense, notamment en transition.Kanouté parvient parfois à se projeter en transition grâce à son activité défensive. Beau voleur de ballon, défenseur pot de colle, il compense sa taille par une vivacité extrême. Ses mains sont extrêmement actives, ses pieds bougent bien, il n’était pas un boulet pour ce Mali plein de bons défenseurs. Il n’avait pas de mal à défendre sur le 2e arrière adverse, laissant le porteur de balle à un des deux Dramé. Il navigue bien à travers les écrans. Kanouté avait un an de moins que les plus vieux de la compétition, ce qui n’est jamais apparu sur le plan technique. Difficile à croire qu’il n’évoluera qu’en Nationale 3 la saison prochaine en France.
Moussa Sow Stagiaire Malijet
Source: Malijet