L’ensemble de l’Italie frappée par l’épidémie de coronavirus, les écoles fermées
Des terrasses vides sur la place Saint-Marc à Venise qui est généralement pleine de touristes, ce jeudi 5 mars 2020. REUTERS/Manuel Silvestri
Texte par :
RFI
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L’Italie a enregistré 41 décès liés au coronavirus en 24 heures, portant le total à 148 morts, selon un nouveau bilan donné jeudi 5 mars par la Protection civile. Ce qui place la péninsule au deuxième rang mondial pour le nombre de cas mortels derrière la Chine.
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Le nombre de cas confirmés depuis le début de l’épidémie qui a démarré vers le 20 février s’élève à 3 858, contre 3 089 la veille, soit une hausse de 25%. L’Italie est le troisième pays le plus touché au monde derrière la Chine et la Corée du Sud. Sur ce total, 414 patients sont déjà guéris, soit 138 de plus que la veille.
« Jusqu’ici les personnes guéries représentent 10,7% du total des personnes ayant contracté le virus, les personnes décédées 3,8% », a détaillé le chef de la Protection civile Angelo Borrelli lors de sa conférence de presse quotidienne.
« Pour le moment, il n’y a pas de difficultés majeures concernant le nombre de lits disponibles dans les structures hospitalières », a tenu à rassurer Angelo Borrelli. « Quand les lits de soins intensifs sont tous occupés dans une région (…) notre centre de coordination en trouve dans les régions limitrophes », a-t-il expliqué.
Pays de séniors
Sur les 3 858 patients contaminés, 1 790 sont hospitalisés et 351 en soins intensifs (environ 10%), tandis que les autres sont placés en isolement à leur domicile. Les trois régions les plus touchées, toutes dans le nord, sont toujours la Lombardie (région de Milan, 2 251 cas et 98 morts), l’Émilie-Romagne (région de Bologne, 698 cas et 30 morts) et la Vénétie (région de Venise, 407 cas et 10 morts).
L’essentiel des décès concerne des personnes âgées, alors que la péninsule compte une grande proportion de seniors (environ 23%) combinée à une natalité très faible, ce qui en fait le pays le plus vieux d’Europe.
Les 21 régions italiennes sont désormais toutes concernées par le Covid-19, mais l’essentiel des cas sont concentrés dans le nord. Le patient 1 de l’épidémie italienne a été identifié le 20 février à Codogno, à 60 km au sud de Milan. Cet homme de 38 ans, toujours hospitalisé en réanimation et dans un état grave, a involontairement contaminé son épouse enceinte désormais guérie, mais aussi des médecins, et des patients qui ont à leur tour infecté leur entourage. Les médecins considèrent que tous les malades italiens sont reliés au patient.
■ Reportage : Écoles fermées, la population s’organise
À compter de ce jeudi 5 mars, toutes les écoles, collèges, lycées et universités du pays sont fermés pour endiguer la progression du virus et éviter ainsi une surchauffe dans les hôpitaux de la péninsule. La fermeture de 58 000 établissements scolaires et universités est inédite dans l’histoire de l’Italie. Le nombre total d’élèves et d’étudiants priés de rester chez eux est évalué à près de 8,5 millions. Comment les Romains font-ils face à leur fermeture pendant au moins deux semaines ? Reportage.
Avec notre correspondante à Rome, Anne Le Nir
Dans la ville éternelle, les rues et les places sont aussi calmes qu’en plein mois d’août. Giacomo, avocat, père de deux enfants de 5 et 7 ans, explique dans un bar, où la distance d’un mètre entre chaque client est respectée, l’organisation familiale : « Pour le premier jour, les enfants sont restés avec leur mère qui n’est pas allée au travail. Ensuite, je les emmènerais avec moi au bureau, car je dispose d’une pièce où je suis seul. »
Pour Lucia qui est concierge et mère célibataire d’un garçon de 5 ans, tout est plus complexe. « Oh mon Dieu, quelle situation terrible. Je dois travailler et je ne peux pas m’occuper de mon enfant. Comment vais-je faire pendant tous ces jours où l’école sera fermée ? J’espère que le gouvernement va nous aider. »
En attendant, les familles romaines essaient de surmonter les difficultés, en gardant humour et sourire. En témoigne Leonardo dont les petits-enfants ont 15 et 17 ans. « Sous certains aspects, cette décision est bonne parce qu’il n’y a plus d’embouteillages. Nous sommes dans une situation d’urgence donc on accepte toutes les règles qui nous sont imposées. »
Dans la région de Rome, l’épidémie reste encore contenue, mais les autorités se préparent à son avancée.
Outre la fermeture des écoles, le gouvernement italien a décidé la tenue à huis clos de toutes les compétitions sportives, dont les matchs de football. Il a aussi recommandé aux personnes âgées et fragiles de rester chez elles.
L’économie italienne tourne au ralenti. Les rassemblements étant proscrits, les salons comme Vinitaly et les congrès ont dû être reportés. Le référendum sur la réduction du nombre de parlementaires, prévu le 29 mars, a été reporté sine die. Au Vatican aussi, on étudie de nouvelles mesures de précaution concernant les activités du pape François, connu pour apprécier les poignées de mains et les baisers sur la joue ou le front.