Législatives du dimanche dernier : Le RPM chute, l’ADEMA renaît, le MPM surprend
Au-delà du COVID-19 et de l’insécurité, les Maliens ont accompli timidement leur devoir civique pour l’élection des députés à l’Assemblée nationale. Si l’URD s’affirme à Bamako, le RPM est en perte de vitesse sur toute l’étendue du territoire national, pendant que l’ADEMA entame sa mue. L’ADP-Maliba se maintient avec cependant la percée surprenante du MPM d’Hady Niangado, la survie de YELEMA, la perte de l’ASMA, l’agonie de la CODEM, mais la mort certaine du CNID constatée par le médecin légiste de l’Assemblée Nationale.
Dans cette élection, il faut attribuer la mention BIEN au gouvernement d’avoir pu organiser dans des conditions exécrables ces élections législatives. D’abord pour combler un vide constitutionnel avec des députés devenus arrogants et sans réelle légitimité. Les Maliens sont contents de voir siéger dans le futur parlement des hommes de la trempe de Moussa Mara, de SidikiNfa Konaté, d’Aliou Diallo, d’Assarid Ag Imbarcawane, de Marimantia dit BIG Mari, de Karim Kéita, sans oublier le chef de file de l’opposition malienne SoumaïlaCissé qui vit avec ses ravisseurs entre le nord, la forêt du Macina et celle du Wagadou… Ils seront l’attraction de la nouvelle Assemblée Nationale.
Commençons par le RPM qui conserve sa place de première force politique du pays mais avec un nombre de députés oscillant entre 44 et 50. Le parti du Tisserand tisse mal actuellement car elle a perdu Bamako avec deux élus au maximum. L’ADEMA a rebondi et devient la deuxième formation politique avec 22 à 23 députés qui auraient pu être bonifiés si les rouge et blanc sortaient indemnes de leurs empoignades à Bougouni, Yanfolila et Kati où elle était pourtant en bonne posture. Le parti de la Poignée de Mains arrive troisième en dépit du rapt de son président attitré qui dort actuellement inconfortablement dans les « nids » terroristes. Fait marquant, l’URD a presque raflé la mise à Bamako à l’exception des communes II et IV, toute chose qui augure de belles empoignades pour les joutes présidentielles à venir. Puis, viennent le MPM d’Aly Niangado, l’ADP-Maliba de l’incontournable Aliou Diallo, et l’honorable place occupée par YELEMA de Moussa Mara. Quant à l’ASMA, elle se positionne dans le ventre mou du classement un peu en retrait avec la SADI et le PRVM – Fasoko.
La déception de ces législatives viennent de la CODEM un parti qu’on présentait comme étant sur la montante, humiliée à Sikasso. C’est le transfuge du parti Hady Niangado qui a fait feu de tout bois, comme quoi c’est bien lui qui tirait la locomotive CODEM. Mais l’histoire retient sauf erreur de notre part, que c’est la première fois que le CNID du Grand MountagaTall s’est affaissé comme un château de carte en étant absent de l’Assemblée Nationale depuis l’instauration de la démocratie dans notre pays. Le CNID, parti du Soleil Levant, devient une formation politique du « Soleil Tombant ». Notre Mountaga National avait prévu un tel désaveu et avait réclamé à cri strident le report des élections. Il n’a pas été entendu. A défaut de verser des larmes il se souviendra d’anciens ténors comme Maître Demba Traoré, N’Diaye Bah, Tall de la direction des transports, des cadres qui faisaient illuminer davantage le Soleil CNID.
Mais la versatilité des décideurs maliens a été matérialisée par le maintien de la candidature du prisonnier Bakary Togola et surtout son élection à Bougouni. En effet, le bagnard a été élu alors que les pouvoirs publics lui reprochent des détournements de plusieurs milliards de FCFA. Pour son cas, on est en tain de contourner la loi pour sa libération. On va le couvrir d’immunité parlementaire pour le sortir de prison comme quoi on n’est pas sérieux dans notre pays… Cette situation dénote de l’irresponsabilité des responsables maliens, du laxisme de la justice et de l’immoralité de la Cour…
Ces élections se sont achevées à un moment où IBK fait face à des dossiers brûlants comme la crise sanitaire du COVID-19, l’insécurité au nord, la situation alarmante des enseignants, le stand by des religieux, l’ire des hommes en blouse blanche, le mécontentement de plus en plus croissant dans l’armée et les cicatrices de la mort du journaliste Birama Touré… Et surtout prier que Soumi national arrive saint et sauf, c’est – à – dire vivant.
Oumar Ouattara
Le Matinal