LE YOGORO: Une pratique culturelle africaine qui résiste à la modernité.
Meguetan INFOS.
Le temps peut émousser beaucoup de valeurs dans certaines sociétés et même faire disparaître des civilisations. Mais au Mali, malgré la modernité étouffante, des pratiques résistent aux effets du temps et tendent même à s’épanouir, tant en milieu rural que dans les centres urbains. C’est bien le cas du YOGORO, (bouffon relativement en Français). Une pratique ancestrale qui a traversé des générations depuis des temps oubliés et qui continue de produire de l’exaltation chez les plus jeunes et de beaux souvenirs pour les adultes et les anciens. cette pratique de réjouissance et distractives pour le jeune se manifeste généralement aux 2 premières semaines du mois de ramadan.
Le Yogoro se pratique par les jeunes enfants de 6 à 14 ans selon les communautés. Il consiste pour les garçons, à porter des costumes et des masques de déguisement faisant référence à certaines croyances et pratiques africaines qui tendent vers une divinité. Radicalement c’est au moment où les plus âgés se reconstituent après la rupture de jeûne que les jeunes envahissent les rues en passant de porte en porte. C’est avec des danses et des chants sur fond de geste qui s’achèvent généralement par les signes de la mort. La maison devant laquelle le groupe s’exhibe, les habitants sont donc appelés à offrir aux enfants, un présent soit en nature ou en espèce. Pour rappeler que la solidarité peut sauver des vies.
Pour les groupes de filles appelé (SALA WALE), se pratiquent avec les chants en battant des ustensiles de cuisine comme instrument musical pour accompagner la chorale. Des chants qui ont toujours une tendance incitative vers la générosité humaine.
Dans la même pratique, quand les filles et les garçons se croisent dans la rue, se produit inévitablement, un affrontement qui finit toujours en défaveur des filles. Les garçons rançonnent généralement les filles qui cèdent toujours, à ceux-ci le butin de la soirée. Un fait pardonné par la communauté, qui exprime la virilité des garçons vis-à-vis des filles.
En suivant l’évolution dans le temps, on a tendance à croire que le phénomène prend de plus en plus de l’ampleur dans tous les cadres sociaux et dans diverses communautés. Dans les centres urbains où la modernité fait ravage, le Yogoro est amplement pratiqué par les plus jeunes, comme pour dire que nous resterons solidement attachés à certaines de nos valeurs africaines.
Nayté.