Le rite de Sankemon : Passer de la tradition à un tremplin d’essor économique et culturel
Meguetan Infos
Le jeudi 16 juin 2022, la ville de San (plus de 400 km de Bamako) a renoué avec la tradition du Sankemo (ou Sankemon), la fête de la pêche collective de la mare sacrée Sanké que les Sanois célèbrent chaque année depuis plus de 600 ans (622e édition cette année). Un événement présidé par le Premier ministre, Dr Choguel Kokalla Maïga.
La pêche collective annuelle dans la ville de San, à plus de 400 km de Bamako, se tient depuis plus de 6 siècles… Il s’agit du rite de la pêche collective dans le Sanké. Une manifestation socioculturelle qui a été inscrite en 2009 sur la liste du patrimoine immatériel de l’Unesco nécessitant une sauvegarde urgente.
Cette pêche collective a lieu à San tous les deuxièmes jeudis du septième mois lunaire pour commémorer la fondation de la ville. Le rite commence par le sacrifice de coqs et de chèvres et par des offrandes des habitants du village aux esprits de l’eau qui habitent la mare Sanké. Une pêche collective a lieu ensuite pendant quinze heures à l’aide de filets à larges et à petites mailles.
Elle est immédiatement suivie d’une danse masquée sur la place publique, dans laquelle se produisent des danseurs Bwa de San et des villages environnants qui portent le costume traditionnel et un chapeau décoré de cauris et de plumes. Ils exécutent une chorégraphie particulière au rythme de divers tambours. Le rite du Sankemon marque traditionnellement le début de la saison des pluies.
C’est aussi une expression de la culture locale à travers l’art et l’artisanat, les connaissances et le savoir-faire attachés à la pêche et aux ressources en eau. Facteur d’unité, de cohésion et d’intégration, cette manifestation renforce les valeurs collectives de fraternité, de solidarité et de paix entre les communautés locales.
«Le Sankemo fait partie des plus grandes fêtes à laquelle les Sanois, sédentaires comme ceux de la diaspora, attachent une grande importance», rappelle Mme Cissé Fatimata Kouyaté, présidente de l’Association malienne des agences de voyages et de tourisme (AMAVT) et native de San. «Le Sankemo aurait dû faire le bonheur du tourisme, en attirant un maximum de touristes, s’il avait été mieux conçu, préparé, promu et commercialisé à l’instar de tous les autres produits touristiques», poursuit-elle.
Malheureusement, déplore la très engagée «Sankaden» (native de San), «la mauvaise démarche et le déphasage dans la mise en œuvre de la politique touristique l’ont empêché de jouer un rôle entraînant dans l’activité». Un handicap que l’Association Carrefour de développement et de la paix au Mali (CDPM San Nieta), dont elle est membre, s’active à corriger. «CDPM San Nieta est une association qui se bat pour le développement de la ville de San. Elle participe de façon active à toutes les activités culturelles et économiques de la ville et de ses environs. A un certain moment, elle a mis dans son plan d’action la promotion du patrimoine culturel de notre ville», explique la présidente de l’AMAVT.
Et d’ajouter qu’avec cette dynamique de CDPM San Nieta, «il serait judicieux de procéder à une implication directe et active de cette association à l’organisation du Sankemo. Ses membres sont tous engagés, dynamiques et prêts à s’investir pour la promotion de toutes les activités socio-économique de la ville voire du cercle et de la région».
Pour Mme Fatimata Kouyaté Cissé, «la présence du Premier ministre ainsi que celle du ministre en charge de la Culture attestent à suffisance que de telles manifestations doivent désormais bénéficier de l’implication de tous… Nous devons prendre la résolution de faire du Sankemo 2023 une grande fête et la mettre à profit pour la création d’une plus value économique en plus de l’essor culturel».
Un vaste chantier, certes ! Mais réalisable avec la volonté politique et l’adhésion de toutes les forces vives de San !
Moussa Bolly
Le Matin