Le président Keïta à l’issue du sommet : «Je repars de Ouaga très satisfait »
Pour le président de la République Ibrahim Boubacar Keïta, la séance de travail entre les chefs d’Etat du G5 Sahel et la chancelière allemande aura permis de faire le point de la coopération entre l’organisation sahélienne et l’Union européenne et surtout l’Allemagne. Le chef de l’Etat a salué l’appui qu’apporte ce pays au G5 Sahel, en termes d’équipements, d’appuis-conseils et de plaidoyer.
«Il était bon que nous fassions le point avec Mme Merkel, et c’est pour cela que nous avons accepté de nous réunir ici avec elle, autour de notre président Roch Marc Christian Kaboré», a ajouté Ibrahim Boubacar Keïta qui a jugé la réunion «concrète», puisqu’il n’y a pas eu seulement que des discours, mais «chacun a eu le souci d’avancer par rapport à ce dont on avait déjà convenu, le chemin parcouru et où nous en sommes aujourd’hui en termes de promesses tenues, de promesses en retard et en termes d’effectivité des engagements».
Également, a souligné le président Keïta, il a été question des problèmes que le G5 a connus et qui ont retardé son opérationnalité. «Tout cela a été envisagé et traité à fond», s’est réjoui le chef de l’Etat qui a assuré repartir de Ouagadougou «très satisfait». Ibrahim Boubacar Keïta n’a pas manqué de remercier «son frère Roch Marc» et tout le peuple du Faso pour l’accueil qui lui a été réservé.
A la chancelière allemande, il a aussi dit sa gratitude, tout en insistant sur l’intérêt constant de Mme Merkel «pour nos efforts non seulement de sécurisation de notre espace, mais également de contribution à notre développement». Très tôt, a-t-il témoigné, Angela Merkel a compris le lien entre le développement et les questions de sécurité, «parce que ceux-là qui déstabilisent nos pays surfent sur le terreau des déficiences de l’Etat en matière socioéconomique».
I. D.
Sommet extraordinaire du G5 Sahel à Ouagadougou : Vibrant plaidoyer de la chancelière allemande
A l’issue de la rencontre avec les dirigeants sahéliens, Angela Merkel a assuré qu’elle était consciente de l’urgence en ce qui concerne la menace terroriste. Pour elle, l’Europe doit être plus réactive dans la mobilisation de l’aide
Aux termes du sommet extraordinaire du G5 Sahel couplé à une visite officielle de la chancelière allemande au Burkina Faso, Roch Marc Christian Kaboré et ses pairs du Niger, du Mali, du Tchad et de la Mauritanie ont souhaité qu’Angela Merkel use de son leadership pour mener le plaidoyer pour la paix dans le Sahel. Un souhait bien accueilli par la chancelière Merkel qui a appelé les pays européens à consentir plus d’efforts pour les pays du G5 Sahel.
Cet appel a été lancé lors d’un point presse, animé par le président du Faso et la chancelière allemande aux termes d’une séance de travail qui aura duré deux heures d’horloge dans la salle polyvalente de la présidence du Burkina. Tous les chefs d’Etat étaient présents, en l’occurrence Ibrahim Boubacar Keïta du Mali, Mohamed Ould Abdel Aziz de la Mauritanie, Issoufou Mahamadou du Niger et Idriss Deby Itno du Tchad. Aujourd’hui, ces pays sont en première ligne contre les terroristes dans le Sahel. Mais cette lutte ne devra pas être uniquement de leur responsabilité. Elle concerne l’Europe également, «car si le chaos prend le dessus – ce que nous tenons à éviter à tout prix -, cela a également un impact sur d’autres domaines», a soutenu Angela Merkel.
Lors de cette séance de travail, a-t-elle ajouté, «on a clairement démontré l’urgence en ce qui concerne la menace terroriste qui ne cesse de s’accroître». Ainsi, l’Europe doit être plus réactive et c’est pour cela que Mme Merkel s’engagera «pour que les choses évoluent rapidement». Son pays a déjà versé (en soutien à la force conjointe du G5 Sahel) sa part qui est de 60 millions d’euros soit 39 milliards de Fcfa. «Ce qui reste, c’est la fourniture d’équipements», a-t-elle ajouté. Faisant le lien entre la sécurité et le développement, Angela Merkel a fait remarquer que les pays du G5 affectent 15 voire 20% de leur budget à la défense et à la sécurité. «Donc beaucoup de projets de développement ne peuvent pas être mis en œuvre», a analysé la chancelière allemande qui a promis d’aider le pays des Hommes intègres dans le renforcement de la capacité de sa police.
Un appui d’autant plus nécessaire que dans l’Est et dans le Nord du Burkina, des milliers d’établissements scolaires sont fermés en raison de l’insécurité. Résumant cette séance de travail, le président Roch Marc Christian Kaboré a indiqué que les discussions ont porté sur la lutte contre le terrorisme aussi bien dans le Sahel que dans le bassin du lac Tchad. «Nous avons passé en revue l’ensemble des questions : l’opérationnalisation de la force du G5 Sahel, sa phase de montée en puissance, les questions qui concernent les engagements pris de part et d’autre, les procédures qui entravent la réalisation d’un certain nombre d’objectifs», a-t-il détaillé. Le président du Faso a estimé qu’il est aujourd’hui important, aussi bien sur la sécurisation des populations que du développement économique, que les peuples du Sahel «sentent que quelque chose se met en route».
Roch Marc Christian Kaboré n’a pas passé sous silence la situation en Libye, accusant les Occidentaux de ne pas avoir écouté l’Afrique. «Nous avons demandé aux grandes nations de prendre leurs responsabilités pour régler la question de la Libye. Il est clair que la vision africaine, qui était de rechercher les voies internes, a été balayée du revers de la main. La solution qui a été choisie était de faire partir Mouammar Kadhafi et ce départ a amené aujourd’hui à une dislocation du pays en plusieurs sous-groupes, avec des équipements militaires qui sont énormes et qui inondent notre sous-région», a-t-il développé. Face à cette situation préjudiciable à la sécurité de toute la région, le président du Faso a estimé que l’Europe doit avoir une position commune, de manière à ce qu’il soit trouvé une solution définitive qui permette de geler l’approvisionnement des groupes terroristes à travers la Libye. Il s’est dit convaincu que les efforts seront vains, si le problème libyen n’est pas résolu.
Envoyé spécial
Issa Dembélé